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Plan national santé : une feuille de route en forme de bilan pour Paulette Lenert


De nombreuses mesures de ce «plan national santé» sont déjà lancées, d’autres sont encore suspendues à un projet de loi.

Prendre le virage ambulatoire avec l’appui de professionnels qualifiés et en nombre suffisant : tel est le principal enjeu de la santé de demain au Luxembourg. La ministre a dévoilé ce mercredi son plan pour y parvenir.

La ministre Paulette Lenert a présenté hier son Gesondheetsdësch (ou «plan national santé») sur lequel elle travaille depuis son arrivée à la tête du ministère de la Santé en février 2020. Alors forcément, à trois mois des prochaines élections législatives, cette feuille de route traçant les contours du futur de la médecine au Luxembourg prend la forme d’un bilan de son action et des chantiers en cours.

Le document, qui vient d’être approuvé par le Conseil de gouvernement, a fait l’objet de nombreux échanges avec les professionnels du secteur, et met l’accent sur la prévention auprès de la population, l’amélioration du parcours de soin des patients, et l’optimisation du fonctionnement du système de santé.

Car les défis sont nombreux. À commencer par la pénurie de personnel qualifié qui grippe les rouages à tous les niveaux : le pays ne compte que trois médecins pour 1 000 habitants – contre 3,9 dans l’Union européenne – et ce nombre risque encore de chuter en raison d’une moyenne d’âge élevée (51 ans) et des départs à la retraite imminents.

Le plan estime ainsi que d’ici 2030, il faudra trouver près de 1 200 médecins supplémentaires. Idem du côté des infirmiers, dont 65 % sont aujourd’hui des travailleurs frontaliers : ces dix prochaines années, plus de 3 800 professionnels seront nécessaires pour faire face à l’augmentation des besoins.

D’où la nécessité de booster l’attractivité des métiers de la santé, à travers la campagne de valorisation et de promotion des professions de santé «Healthcareers» démarrée en 2022, et les sept nouveaux bachelors qui ouvriront leurs portes à l’université à la rentrée prochaine, puis en 2024.

«Il y a une forte compétition sur le marché, le Luxembourg n’étant pas le seul pays qui peine à recruter, donc l’objectif c’est de proposer une offre de formation qui attire les talents venus d’ailleurs et retient aussi nos étudiants au pays», affirme la ministre. Elle ajoute qu’avec un registre digitalisé, le ministère disposera bientôt d’une vue en temps réel des effectifs disponibles : «C’est un projet qu’on a démarré il y a un an et qui pourrait être finalisé d’ici la fin d’année.»

Médecine de proximité et antennes locales

Le recrutement sera notamment déterminant dans la poursuite du virage ambulatoire, cette stratégie qui consiste à éviter au maximum les nuitées inutiles à l’hôpital pour resserrer les coûts. Le plan prévoit de multiplier les sites externalisés, tout comme la collaboration avec les cabinets de médecins en ville. «On cherche à rendre plus accessibles certains services médicaux auparavant réservés uniquement aux hôpitaux. Ça veut dire une multitude d’antennes à développer dans les communes, au plus près du patient, pour lui permettre d’avoir son diagnostic, ses analyses et son suivi au même endroit», poursuit-elle.

«Pour l’imagerie, par exemple, on envisage deux antennes de plus par hôpital, soit huit supplémentaires, qui viendront s’ajouter aux treize existantes. Sachant qu’on n’en avait que sept en 2019, on triplera la capacité d’accueil.» Un projet de loi en ce sens est déposé et pourrait être voté avant l’été, selon la ministre qui se dit confiante : «On a déjà des établissements hospitaliers intéressés, et des initiatives privées également.»

Pour rattraper le retard accumulé lors de la pandémie, les IRM du pays ont vu leurs plages horaires étendues, avec une ouverture les week-ends. Un groupe de travail planche en parallèle sur le même système pour les mammographies, examen pour lequel les délais s’étaient dangereusement allongés pour les patientes ces dernières années.

Autre préoccupation, plus particulièrement pour les habitants de la région Nord, privés de maternité durant deux mois en 2022 : la prise en charge pédiatrique. Si le plan n’aborde pas précisément ce point, Paulette Lenert le relie directement à l’attractivité des métiers et à la formation.

«En pédiatrie, il y a un manque de personnel prévisible que nous cherchons à combler à court terme en orientant les enfants vers des médecins généralistes. Mais la solution à long terme reste d’investir dans la formation : on revendique des études spécialisées en pédiatrie, et on attend un retour de l’université sur cette proposition», conclut-elle.

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