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Patrimoine : les hauts-fourneaux de Belval, une mémoire industrielle sauvegardée


Les hauts-fourneaux de Belval culminent à près de 80 mètres de haut.

Ils ont fait la renommée du Luxembourg et sont toujours présents, 100 ans plus tard. Nous vous emmenons visiter ce lieu unique en Europe, où patrimoine industriel et architecture moderne cohabitent en toute harmonie.

Il y a plus de 100 ans, Belval ne ressemblait guère au quartier moderne d’aujourd’hui. Ici, à l’aube de la Première Guerre mondiale, des fumées et des vapeurs s’évaporaient de hauts-fourneaux culminant à plusieurs mètres de haut. À ce paysage noirci se mêlait le rouge vif brûlant des coulées de fonte.

 

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C’est entre 1909 et 1912 qu’une compagnie allemande décide d’implanter une usine sidérurgique moderne composée de plusieurs hauts-fourneaux, d’une aciérie et de laminoirs. On y produit de la fonte obtenue à partir de minerai de fer présent dans les sous-sols de la Lorraine mais aussi en partie du Luxembourg.

Là, des émigrés viennent en nombre renforcer une main-d’œuvre locale insuffisante. «Au départ, ce sont les Polonais et les Allemands qui sont venus travailler au Luxembourg. Ils avaient déjà des mines dans leur pays. Puis, il y a eu les Italiens. Leurs descendants sont restés pour la plupart dans le pays et travaillaient pour beaucoup dans le domaine bancaire», explique Frédéric Humbel, responsable culture et communication du Fonds Belval, une administration publique qui a pour mission de conserver et mettre en valeur le patrimoine industriel.

Des fours à plus de 1 200 °C

Dans les entrailles du bâtiment industriel, le monde s’est comme arrêté dans les années 1980. La salle des machines qui contrôlait à l’époque tout le système mécanique des hauts-fourneaux est restée intacte, comme figée dans le temps. Là, à quelques mètres de haut, les kilomètres de tuyaux, de boulons, d’escaliers démontrent l’intensité de ce lieu.

Un peu plus bas, dans une salle dédiée, des centaines de trains apportaient alors le minerai de fer et le coke directement des mines d’Esch-sur-Alzette ou du secteur. Les matières premières montaient ensuite par un chariot appelé «le skip» pour se diriger vers l’extrémité du haut-fourneau.

Là, à plus de 40 mètres de haut, dans le four, la température excédait les 1 200 °C. À l’intérieur se produisait une réaction chimique permettant d’obtenir la matière finie, la fonte. Celle-ci s’écoulait alors dans des trous de coulée pour arriver dans des poches torpilles puis à l’aciérie.

Lors de cette combustion, le haut-fourneau fabriquait également un laitier composé notamment de calcaire, qui était réutilisé. «Dans l’industrie, tout se gardait et se recyclait», note Frédéric Humbel. À la veille de la Grande Guerre, en 1913, plus de 3 000 travailleurs produisaient au total 400 000 tonnes de fonte, 360 000 tonnes d’acier et 297 000 tonnes de produits laminés. 

Le dernier haut-fourneau de Belval a fermé en 1997.

Le dernier haut-fourneau revendu à la Chine et puis…

Visiter les profondeurs des hauts-fourneaux de Belval, c’est aussi se plonger dans l’histoire du Grand-Duché. Car avant l’apparition des premières usines sidérurgiques, le Luxembourg était un pays très peu développé. «Il était très pauvre. On faisait de la culture agraire de blé et de maïs principalement. Au XIXe siècle, beaucoup de Luxembourgeois ont décidé d’émigrer», raconte Frédéric Humbel.

À l’image de nombreux pays européens, le Grand-Duché commence alors à exploiter ses mines et les premières usines sidérurgiques ouvrent. «La sidérurgie a fait notre renommée et, grâce à ça, nous avons pu avoir une indépendance économique.»

Au XIXe siècle, le Luxembourg était un pays pauvre

Une réhabilitation harmonieuse

Après presque 100 ans de production, le dernier haut-fourneau de Belval s’arrête en 1997. Mais celui-ci retrouve une seconde vie, à plusieurs milliers de kilomètres de là. «Il a été revendu à la Chine et a été remonté là-bas. Il y a une rumeur qui circule disant que les Chinois l’auraient revendu à un autre pays encore une fois.»

Une fermeture qui pose question sur l’avenir de ce site industriel. Contrairement à certaines villes françaises de Lorraine, le Luxembourg prend tout de suite la décision de conserver ce patrimoine. Comment? En le réhabilitant. Des architectes se dévouent alors pour imaginer l’après.

Un futur qui se veut moderne, contemporain et harmonieux. «Il y a eu un concours international d’urbanisme pour réaliser un masterplan, un concept global pour l’ensemble du site», explique Frédéric Humbel.

Les premiers bâtiments sortent alors de terre : l’université du Luxembourg, la salle de concert, la Rockhal, des entreprises et des lieux d’habitation. Aujourd’hui encore, le quartier est en pleine mutation, même si le projet initial est sur le point de se terminer.

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