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Mort de Nahel : quatrième nuit de violences, désolation à Metz-Borny


De nombreux incendies ont été déclarés vendredi soir en Moselle. Photo : Gilles Wirtz

Des nouvelles scènes de pillages et de violences sporadiques ont secoué plusieurs villes de France vendredi soir, notamment chez nos voisins lorrains, quatre jours après la mort de Nahel, tué par un tir policier lors d’un contrôle routier à Nanterre.

Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d’un motard de la police et la mort de l’adolescent de 17 ans continue à embraser de nombreux quartiers populaires du pays.

En déplacement à Mantes-la-Jolie (Yvelines), le ministre de l’Intérieur a annoncé vers 02h30 des violences d’une « intensité moindre » avec 471 interpellations au niveau national, et des poches de tensions notamment à Marseille et Lyon.

Afin de tenter d’enrayer la spirale des émeutes, Gérald Darmanin avait annoncé dans l’après-midi, à l’issue d’un deuxième comité interministériel de crise en deux jours, la mobilisation « exceptionnelle » de 45 000 policiers et gendarmes et unités d’élite comme le GIGN pour éviter une quatrième nuit consécutive d’émeutes et ce quelques heures avant l’inhumation de Nahel samedi dans le chef-lieu des Hauts-de-Seine.

Des dizaines de fourgons de policiers étaient ainsi positionnés non loin de l’entrée du quartier du Vieux pont à Nanterre, épicentre des violences urbaines et rythmé vendredi encore par des tirs de mortiers d’artifice.

De leur côté, les joueurs de l’équipe de France de football ont envoyé dans la soirée un « appel à l’apaisement, à la prise de conscience et à la responsabilisation ». « Le temps de la violence doit cesser pour laisser place à celui du deuil, du dialogue et de la reconstruction », ont exhorté les Bleus.

Dans la soirée, Marseille a été à nouveau le théâtre de heurts et de scènes de pillages, du centre-ville puis plus au nord dans ces quartiers populaires longtemps laissés pour compte que le président Emmanuel Macron a visité en début de semaine.

Vers 02 heures, la police a annoncé 88 interpellations depuis le début de soirée, des groupes de jeunes, souvent masqués et « très mobiles » pillant ou tentant de le faire plusieurs enseignes. Un important incendie, « lié aux émeutes », selon une source policière, a éclaté dans un supermarché.

La médiathèque de Borny en flammes

Côté lorrain, c’est principalement en Moselle que les dégâts sont nombreux. Parmi les bâtiments partis en fumée, un retient l’attention et provoque la désolation  : la médiathèque Jean-Macé dans le quartier de Borny à Metz, dont il ne reste plus grand-chose.

«J’ai passé la journée avec les ados, je savais qu’il y aurait de la casse dans le quartier. Mais je ne m’attendais pas à ça, déplore le responsable du secteur ado de la MJC du quartier de Borny. C’est du vandalisme et rien d’autre. Ça n’a rien à voir avec la mort du petit Nahel. Notre rôle, ça va être de sortir le maximum les jeunes du quartier pour qu’ils ne se laissent pas entraîner.»

Les élus se regroupent avec les acteurs du monde associatif sur place, révèlent nos confrères du Républicain Lorrain, qui suivent la situation en direct. L’objectif prioritaire sera de sécuriser le site. «C’est un spectacle de désolation, on ne peut pas dire autre chose» lâche avec amertume Kahlife Kahlife, adjoint au maire.

Il ne reste plus rien de la médiathèque du quartier Borny, à Metz. Photo Gilles Wirtz

À Mont-Saint-Martin, la mairie a été envahie et saccagée. Plusieurs McDonalds ont également été incendiés à Woippy et Yutz. Dans les Vosges, on compte plusieurs feux de poubelles et en Meurthe-et-Moselle, plusieurs incidents sont à dénombrer.

« Combien de Nahel n’ont pas été filmés ? »

Pour éviter des débordements, Gérald Darmanin avait demandé aux préfets l’arrêt des bus et tramways dans toute la France après 21h.

Le gouvernement a aussi décidé l’annulation d’événements « de grande ampleur », notamment les concerts de Mylène Farmer au stade de France vendredi et samedi ou encore du Festival Constellations à Metz.

Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a réclamé une réponse pénale « rapide, ferme et systématique » à l’encontre des auteurs de violences urbaines mais aussi de leurs parents.

Pointant du doigt la jeunesse de nombreux émeutiers, Emmanuel Macron a appelé « tous les parents à la responsabilité », en critiquant l' »instrumentalisation » de la mort de Nahel et demandant aux réseaux sociaux le « retrait » de contenus et l’identification de leurs utilisateurs.

État d’urgence

La question de l’état d’urgence est posée et scrutée à l’étranger, d’autant plus que la France accueille à l’automne la Coupe du monde de rugby, puis les Jeux olympiques à Paris à l’été 2024.

La Grande-Bretagne et d’autres pays européens ont mis en garde leurs ressortissants en les pressant d’éviter les zones d’émeutes.

Depuis la mort mardi de Nahel mardi, un adolescent déscolarisé devenu livreur, écoles et édifices publics ont été la cible de la colère de jeunes habitants de quartiers populaires et incendiés dans de multiples villes de France, rappelant les émeutes qui avaient secoué la France en 2005 après la mort de deux adolescents poursuivis par la police.

L’étincelle a été cette fois le drame survenu mardi à proximité de la station de RER Nanterre-Préfecture, non loin du centre des affaires de La Défense, lors d’un contrôle de police sur la voiture conduite par Nahel, un mineur connu pour des refus d’obtempérer.

Le policier de 38 ans, auteur du coup de feu, a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire jeudi après-midi.

(Sophie Wiessler, avec l’AFP et le Républicain Lorrain)

Un commentaire

  1. luxo pas froncophile

    et bien on ne va plus en france! finito les riches luxos qui y dépensent plein de fric…

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