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Marc Brandenburger, vivre pour être pompier


Marc Brandenburger tient son premier casque, un objet qui date de 1995 et qui l’a suivi dans de nombreuses interventions.   (Photo : julien garroy)

Après 29 ans d’une carrière de pompier, Marc Brandenburger est entré en préretraite en janvier. Retour sur une vie d’action dédiée aux autres.

Le 20 janvier, Brandy, comme il se fait surnommer par tous, effectuait sa dernière garde après 29 ans de service en tant que pompier professionnel. Plusieurs centaines de messages de félicitations et de remerciements sont venus accompagner l’annonce de la préretraite de l’adjudant-major Marc Brandenburger, chef d’équipe adjoint de l’équipe 4 du CIS Luxembourg.

Même le ministre des Affaires intérieures a tenu à souligner, sous une publication Facebook du Corps grand-ducal d’incendie et de secours (CGDIS), le dévouement et «le travail acharné» du soldat du feu.

«Je n’arrivais pas à répondre tellement il y avait de messages. Cela m’a beaucoup touché», sourit l’intéressé, surpris par cette incroyable notoriété. «J’ai l’impression d’être une star. Quand je mange au restaurant, tout le monde vient me saluer.»

Des débuts comme mécano

C’est une préretraite plus qu’active que démarre cet homme âgé de 54 ans puisqu’il continue, encore un peu, à œuvrer au sein du CGDIS. Au cœur de cette deuxième famille pour laquelle il semble être presque indispensable, il reste un instructeur très demandé et conserve un poste de pompier volontaire au CIS Dippach.

«Cela fait quinze ans que je suis instructeur. Aujourd’hui, je travaille deux jours toutes les deux semaines. Je donne des cours sur la façon d’appréhender différentes situations du métier de pompier, comme les accidents de voiture ou les incendies.» 

À côté de cela, il consacre son temps libre au bien-être de ses filles, au sport, notamment à la musculation, et à sa passion pour le bricolage et ce besoin irrépressible de faire quelque chose de ses mains. 

Depuis toujours, j’aime aider les gens à sortir de situations compliquées

Bien avant d’enfiler l’uniforme de pompier, c’est via ce même besoin que Marc Brandenburger est entré dans la vie professionnelle. À la vingtaine, après un apprentissage en mécanique, il trouve une place dans un petit garage près de Bascharage, «une station avec deux pompes et un garage dans lequel se trouvait un seul pont élévateur».

Un univers simple et dépouillé dans lequel cet enfant d’une famille modeste prend plaisir à évoluer, notamment en étant en contact direct avec les clients. «Depuis toujours, j’aime aider les gens à sortir de situations compliquées.» 

Le sport comme motivation

Quelques années plus tard, il déniche un poste de chauffeur-dépanneur à l’ACL, mais c’est en 1995, à 26 ans, qu’il décide de tenter sa chance pour entrer chez les pompiers professionnels. «J’aime beaucoup le sport et je voulais faire un métier où il est possible d’en faire tout travaillant. Soit je m’orientais vers la police, soit je choisissais les pompiers», explique Brandy. Sa décision ira vers la seconde option.

À l’issue de l’examen qui compile capacités physiques et connaissances en langues et en culture générale, Marc Brandenburger est sélectionné avec seize autres jeunes hommes parmi près de 300 candidats. À cette époque, l’ensemble des soldats du feu présents sur le territoire sont volontaires, sauf dans la ville de Luxembourg. Il intègre l’élite des sapeurs-pompiers du Grand-Duché et devient professionnel. 

Je n’ai pas de problème pour me défaire de certaines images

Lors de notre entretien, il tient près de lui son tout premier casque. Un objet massif et robuste, d’une couleur beige abîmée par les marques du temps et les chocs. Cette protection a suivi Marc durant ses formations et au cœur de l’action pendant la majorité de sa carrière.

«C’est mon casque d’équipe, celui que je portais avant de devenir chef d’équipe adjoint. Il m’a suivi partout.» Dans la bouche de Brandy, le mot «partout» signifie au milieu des flammes, dans des ambulances, sur des scènes d’accidents, auprès de femmes en plein accouchement (voir encadré).

Sous la protection de ce casque, il lui est arrivé de penser «Tu n’arriveras pas à sortir d’ici, tu vas y rester».

L’homme raconte, sans ciller, les interventions où il a dû porter des corps inertes, celles durant lesquelles il a réalisé des massages cardiaques en vain. Difficile d’écouter ces récits sans imaginer qu’ils ne créent aucun impact sur le pompier.

«C’est mon travail, quelqu’un doit le faire. Je me souviens de beaucoup de détails, mais je n’ai pas de problème pour me défaire de certaines images», confie Brandy.

Du respect et de l’adrénaline

Rencontrer ce colosse, c’est aussi revenir sur l’histoire des sapeurs-pompiers au Grand-Duché, avant la création du CGDIS en 2018 avec la fusion de la Protection civile et du Service d’incendie et de secours. Cette réforme de l’organisation des services de secours au Luxembourg avait, notamment, pour cause la grande place occupée par des volontaires au sein des pompiers et de la protection civile et la centralisation des professionnels dans la capitale. 

«Nous étions régulièrement appelés en renfort par les volontaires», indique l’adjudant-major. «Lorsqu’ils arrivaient sur le terrain, certains de mes collègues mettaient les pompiers volontaires sur le côté. Pour ma part, je préférais qu’on travaille ensemble et je me suis fait beaucoup d’amis grâce à cette méthode. J’ai toujours eu du respect pour eux. Ils laissaient tout à la maison pour une intervention. Nous, c’était notre métier, nous étions préparés, professionnels et payés. Pas eux.»

Cette notion de respect, cet esprit d’équipe et les années d’expérience vont permettre à Brandy d’accéder au grade d’adjudant-major et au poste de chef d’équipe adjoint de l’équipe 4 du CIS Luxembourg en 2018. Une ascension qui a placé 33 personnes sous sa responsabilité. Aujourd’hui, dans sa maison de Schouweiler, loin de ses obligations, il prend le temps de profiter de sa préretraite.

Mais lorsque son téléphone d’alerte vient à sonner, l’adrénaline des premiers jours revient bien vite dans les yeux de ce passionné de l’aide et de l’action. «J’ai immédiatement plusieurs plans qui se créent dans ma tête dès que je découvre ce qu’il se passe sur l’écran de mon téléphone.» Les réflexes ne sont pas près de s’en aller.

Une alerte pour un accouchement : «J’y pense encore»

Parmi les très nombreuses anecdotes qui jalonnent la carrière de Marc Brandenburger, l’une d’entre elles demeure indélébile dans la mémoire du soldat du feu. Ce jour-là, il est de garde, accompagné par un stagiaire «tout neuf». Le téléphone d’alerte sonne et le jeune pompier lit «perte des eaux» sur l’écran.

Si le garçon croit dans un premier temps à une fuite de canalisation, Marc Brandenburger le raisonne en lui expliquant qu’il s’agit d’une femme sur le point d’accoucher. «Il a commencé à paniquer, je l’ai rassuré. Cela prend plusieurs heures avant que le travail ne commence après la perte des eaux.»

Le duo se rend rapidement sur place pour vérifier si tout se déroule bien et c’est là que la situation prend une tout autre tournure. «Je me souviens de tous les détails de cette maison», indique le pompier. «Nous avons trouvé la future maman dans la salle de bains et le travail était bien avancé puisqu’on voyait la tête du bébé.»

Face à cette situation, Brandy parvient à garder son calme, tandis que le stagiaire, paralysé par ce qu’il se passe, ne bouge plus d’un pouce. «J’ai récupéré plusieurs serviettes et accompagné la femme durant son accouchement. Tout s’est très bien déroulé.»

Marc, insensible à la peur? «Si on ne garde pas son calme, on se laisse gagner par la panique et on fait tout de travers», appuie-t-il. Le SAMU arrivera quelques minutes plus tard avec une couveuse pour prendre soin du nouveau-né et de la maman. «J’y pense encore», affirme Brandy. Au cours de tous ces événements, le jeune pompier sera resté «bloqué», sourit Marc Brandenburger.

Un commentaire

  1. Guillermo Alcántara

    Félicitations depuis l´Espagne à l´adjudant-major pour sa retraite bien méritée. En tant que bénévole de la Sécurité Civile hier j´ai eu encore la chance de collaborer avec les pompiers, grands professionnels dévoués à notre bien être. Et merci pour votre attitude si positive avec les volontaires, ça nous remonte énormement le moral que le professionnel mette en valeur notre sacrifice personnel.

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