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Luxembourg : le budget de défense va atteindre le milliard d’euros


Le ministre François Bausch, ici aux côtés du colonel Georges Campill, a dévoilé vendredi la stratégie de défense du Luxembourg qui va être soumise, la semaine prochaine, aux alliés de l’OTAN.  (photo Didier Sylvestre)

À l’horizon 2028, le Luxembourg compte investir 1 % de son PIB dans l’effort de défense. Il s’agit d’une nouvelle hausse substantielle des investissements pour remplir les objectifs fixés par l’OTAN.

L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe est venue accélérer les choses. S’il qualifiait encore, en mars dernier, de «ni réaliste ni réalisable» le fait que le Luxembourg débloque un jour 2 % de son produit intérieur brut (PIB) pour la défense, seuil fixé par l’OTAN, le ministre François Bausch a annoncé, vendredi, que le budget annuel approchera progressivement le milliard d’euros.

Le dernier chiffre avancé était de 558 millions d’euros, soit 0,72 % du PIB, pour 2024. À l’horizon 2028, le gouvernement promet à l’OTAN un effort de défense annuel de 994 millions d’euros, soit l’équivalent d’1 % du PIB.

Cet effort financier supplémentaire est, selon le ministre de la Défense, nécessaire pour rester «un allié crédible et fiable». En même temps, les fonds supplémentaires qui seront débloqués dans les années à venir doivent renforcer la position de l’UE en matière de défense et de sécurité extérieure. «L’UE doit être capable de défendre ses frontières à elle seule», clame François Bausch.

L’appel des États-Unis partiellement entendu

Atteindre le cap symbolique de 1 % du PIB ne va cependant pas aller de pair avec une révolution de la stratégie de défense du Grand-Duché. Comme l’a encore souligné début avril le chef d’état-major, Steve Thull, l’armée doit entrer dans une phase de consolidation. L’accent continuera à être mis sur les capacités et compétences déjà existantes, à savoir la reconnaissance, l’aérien, l’espace et la cyberdéfense (lire ci-dessous). «Les investissements planifiés répondent à nos objectifs capacitaires, à nos besoins et à ceux de nos partenaires», souligne le ministre Bausch. 

Pas question donc d’investir dans une flotte navale, voire dans une force aérienne qui irait au-delà de l’A400M et de la participation aux avions de ravitaillement de type MRTT. De tels investissements majeurs pourraient pourtant permettre au Grand-Duché d’atteindre les 2 % de PIB pour son effort de défense. Le produit intérieur brut par tête d’habitant du Grand-Duché est 2,6 fois supérieur à celui de la Belgique, 2,2 fois à celui des Pays-Bas et 5,8 fois à celui de la Lituanie.

En partant du PIB luxembourgeois (103 000 euros par habitant), la Lituanie devrait dépenser non pas 1,03 milliard d’euros par an, mais bien 6 milliards d’euros pour maintenir son seuil de 2,12 %. La Belgique devrait passer de 4,7 à 12,3 milliards d’euros pour rester à 1,05 %, tandis que les Pays-Bas devraient débourser 25,3 milliards d’euros au lieu de 11,5 milliards d’euros pour maintenir les 1,47 % de PIB.

Dans une tribune libre publiée le 11 juin dans les colonnes du Wort, l’ambassadeur des États-Unis au Luxembourg, Tom Barrett, avait appelé le Luxembourg à enfin remplir le seuil réclamé par l’OTAN. A minima, le haut représentant de Washington avait réclamé un investissement supplémentaire d’un milliard d’euros. Sur ce point au moins, l’ambassadeur américain devrait obtenir satisfaction.

Vendredi, le ministre de la Défense a répété que le seuil des 2 % «désavantage le Luxembourg, à la fois en raison de son PIB élevé et de la taille réduite de son armée». En mars, François Bausch avait affirmé qu’un budget de défense annuel de 1,7 milliard d’euros serait nécessaire pour atteindre, à l’horizon 2030, les 2 %. 

Une quinzaine de lois de financement

La date de 2028 n’est cependant pas encore figée. Un enjeu majeur sera notamment le recrutement de 100 à 150 soldats supplémentaires pour composer, dès 2028, un nouveau bataillon de reconnaissance belgo-luxembourgeois. Cette nouvelle unité bilatérale se retrouve au cœur du programme d’investissement présenté vendredi.

Les chefs de l’armée avaient précisé, début avril, que ce bataillon serait doté de matériel plus lourd, dont une quarantaine de véhicules blindés. «Le retour de l’OTAN à une stratégie de défense collective nous amène à monter d’un échelon», soulignait à l’époque le colonel Pascal Ballinger. 

Depuis 2014, le budget de défense du Luxembourg a augmenté de plus de 230 %. «Entre 2009 et 2013, le budget alloué à la défense tournait autour de 0,39 % du PIB. C’est un simple constat chiffré. En 10 ans, nous allons quasiment doubler cet investissement», rappelle encore le ministre de la Défense.

Devant les députés de la commission de la Défense, réunis vendredi matin, François Bausch a estimé que la substantielle révision à la hausse de l’effort de défense va nécessiter le dépôt et le vote d’une quinzaine de lois de financement, qui doivent être soumises entre 2024 et 2028 à la Chambre.

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