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La liberté attaquée

La décision a eu l’effet d’un coup de tonnerre vendredi. La Cour suprême américaine a révoqué le droit constitutionnel à l’avortement. Résultat : les États américains pourront choisir d’interdire purement et simplement l’interruption volontaire de grossesse sur leur territoire.

Après toutes ces années de lutte, de combat, voilà un retour en arrière qui a tétanisé une grande partie de l’Amérique. Mais ce coup de tonnerre était à prévoir, car cela fait des mois que planent des nuages sombres sur Washington. La page Donald Trump n’a pas été tournée avec l’arrivée du démocrate Joe Biden à la Maison-Blanche. Ce sont les juges nommés par l’ancien président républicain, accoquiné avec l’aile dure du Tea Party, qui ont provoqué ce revirement historique.

Avec leur arrêt, ils ont simplement jeté à la poubelle un héritage vieux de près d’un demi-siècle. De quoi faire jubiler l’ex-président au teint orangé qui sirote actuellement des rafraîchissements dans son domaine de Mar-a-Lago en Floride. Il a pu savourer sa grande victoire et cette terrible défaite des femmes, lui, le pitre misogyne qui se voit à nouveau président dans deux ans maintenant.

Tout n’est évidemment pas la faute de Donald Trump. Il n’a été que l’outil de la droite conservatrice ayant fait de la foi et des armes le socle de cette nouvelle Amérique. Le débat sur l’avortement aux États-Unis est d’une violence inouïe depuis des décennies, entre meurtres de médecins le pratiquant, intimidations des femmes se rendant dans les cliniques pour procéder à une IVG et dynamitages de dispensaires. Mais les institutions judiciaire, législative et présidentielle situées à Washington avaient tenu bon pour maintenir ce droit. Et cela, malgré les coups de boutoir de cette droite américaine décomplexée.

Le mur, fissuré, s’est donc effondré vendredi. Les millions de femmes américaines ne pourront plus choisir et disposer de leur corps dans certains États américains. Les néo-républicains ont gagné à force de persévérance, mais aussi grâce à l’idée partagée par beaucoup que ce droit était acquis pour toujours. Rien n’est acquis pour toujours. Aux États-Unis comme ailleurs dans le monde.

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