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Logements : les communes, le pilier manquant


La nouvelle ministre du logement, Sam Tanson, veut inciter les communes à accélérer sur le logement (Photo : Julien Garroy).

Pour résoudre la crise du logement, la nouvelle ministre Sam Tanson appelle les communes à s’investir davantage dans la construction de logements à prix abordable. Les 120 communes du pays disposeraient de terrains suffisants pour réaliser 50 000 logements, avaient estimé en mars les rapporteurs d’un débat à la Chambre.

Cinq ans après l’arrivée au pouvoir de la coalition gouvernementale formée par le DP, le LSAP et déi gréng, le constat en matière de logement reste le même. «Un nombre préoccupant de ménages n’est plus en mesure d’acquérir un logement par la voie d’achat, voire de payer les loyers du libre marché», indique en effet l’accord de coalition signé en décembre. Le Premier ministre reconduit, Xavier Bettel, avait déjà évoqué cette situation intenable en décembre 2013.
Bien des mesures ont été entreprises depuis pour désamorcer la crise du logement. Les chiffres restent pourtant implacables. Cette semaine encore, la société JLL a indiqué que les prix à l’achat ou à la location d’un logement continuent d’exploser. La hausse moyenne de 7 % constitue un nouveau record sur la décennie écoulée. Ce sont surtout les loyers pour des appartements qui restent à la hausse avec une augmentation de 9,2 %.

L’opposition prête à soutenir la ministre

Après Marc Hansen (DP), il revient désormais à Sam Tanson (déi gréng) d’endiguer au mieux cette évolution aux répercussions très négatives pour les personnes et familles souhaitant se loger dignement. «Ma principale priorité est le développement plus conséquent du parc locatif géré par la main publique. Plus de logements à prix abordable doivent arriver sur le marché. Le Fonds du logement, la SNHBM mais aussi les communes ont un très important rôle à jouer pour réaliser cet objectif», indique la nouvelle ministre du Logement à l’issue de la présentation de son programme devant les députés. «Il ne s’agit selon moi pas d’un sujet politique. Dans le domaine du logement, on a besoin d’une cohésion entre tous les acteurs afin de combattre la flambée constante des prix», enchaîne Sam Tanson.
Le principal parti d’opposition semble d’accord pour soutenir le gouvernement dans cette démarche. «Même si notre analyse du programme est plus nuancée, un effort national et local est nécessaire», admet ainsi le député Marc Lies (CSV). «Les annonces concernant l’intervention de la main publique comportent des éléments qui sont remarquables», lance de son côté David Wagner, député déi Lénk. «Au risque de vous surprendre, je dois dire qu’une série de points me plaisent beaucoup», avoue même Roy Reding (ADR).

Miser sur le locatifs à prix abordable

Un immeuble de la Société nationale d'habitation à bon marché (SNHBM), à Mamer. Les communes doivent accélérer sur le locatif accessible, estime le gouvernement (Photo : Didier Sylvestrr

Un immeuble de la Société nationale d’habitation à bon marché (SNHBM), à Mamer. Les communes doivent accélérer sur le locatif accessible, estime le gouvernement (Photo : Didier Sylvestrr

Ce soutien du camp de l’opposition n’empêche pas l’existence de certains points de discorde. Mais la conscience que la crise du logement implique que tout le monde tire sur la même corde continue à s’ancrer dans le monde politique. La prochaine étape majeure est d’impliquer davantage les communes dans la construction de nouveaux logements locatifs à prix abordable. «Nos principaux interlocuteurs seront les communes. Sans elles, on n’arrivera pas à progresser. En sachant que plus de la moitié des communes n’a encore jamais collaboré avec le ministère du Logement, on dispose d’une importante marge de progression», souligne la ministre.
Le cadre pour mieux inciter et accompagner les communes dans cette lourde mission sera le développement d’une version 2.0 du «Pacte logement». «L’objectif est de créer des incitations financières pour construire en régie propre des logements à prix modéré», note Sam Tanson. «La révision du pacte obtient notre plein soutien. Il faudra s’assurer que l’argent mis à la disposition des communes par l’État soit bien utilisé pour construire des logements et non pas des infrastructures publiques», complète Marc Lies (CSV).

Des conseillers professionnels

Entre 2010 et 2017, les communes n’ont livré que 621 logements. Le Fonds du logement et la Société nationale des habitations à bon marché (SNHBM) ont par contre finalisé la construction de 1 575 logements. Avec 42 % du budget global attribué à la construction de logements par le ministère, le bilan des communes reste clairement à parfaire. «Il est prévu de mieux encadrer et conseiller les communes dans leurs démarches», promet la ministre. La création d’une cellule de facilitation et la mise à la disposition des communes de conseillers de l’habitat professionnels sont prévues. «C’est souvent au niveau du personnel que cela coince. Les communes n’ont pas assez de personnel pour réaliser des projets immobiliers d’envergure. Désormais, on compte mieux les guider et évaluer qui est le bon partenaire pour avancer», détaille Sam Tanson. Il reste à construire sur un fondement solide ce pilier communal, qui manque pour achever l’édifice destiné à combattre la crise du logement.

David Marques

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