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Logement, pouvoir d’achat : les pistes de la Fondation Idea pour 2023


Pour Muriel Bouchet, «l’État se retrouve contraint de bâtir son budget sur des bases très volatiles». (photo ALian Rischard)

Les économistes de la Fondation Idea lancent des idées d’amendements au projet de budget de l’État pour 2023, plus que jamais marqué par un «haut degré d’incertitude».

Parmi les nombreux avis publiés ces derniers jours sur le projet budgétaire de l’État, celui de la Fondation Idea, le laboratoire d’idées de la Chambre de commerce, souligne à quel point l’exercice relève davantage d’un numéro d’équilibriste que d’une stratégie socioéconomique solide.

«L’incertitude est partout et il est extrêmement difficile de déterminer quelle sera l’évolution pour les 24 mois à venir. C’est valable pour l’inflation – le projet du gouvernement envisage deux scénarios qui font le grand écart – mais aussi pour la croissance ou encore la situation géopolitique», explique Muriel Bouchet, directeur de la Fondation Idea.

«L’État se retrouve contraint de bâtir son budget sur des bases très volatiles. Si ce n’est pas nouveau, puisqu’en 2020, au moment de la pandémie, puis en 2021, avant la reprise économique, c’était déjà le cas, cette fois ce phénomène prend une envergure inédite», observe l’économiste.

Dans son analyse du projet, la fondation constate que le Luxembourg, à l’instar des autres États membres de l’UE, opte pour une posture de «socialisme énergétique», comprenant un ensemble de mesures fiscales qu’elle reconnaît comme «indispensables», quitte à creuser les déficits.

Une situation de plein-emploi

Baisse de la TVA pour limiter la pression de la montée des prix, introduction d’un crédit d’impôt énergie, plafonnement du prix du gaz et stabilisation du tarif de l’électricité, pour préserver le pouvoir d’achat et anticiper une envolée de la précarité énergétique, compensations pour soutenir les entreprises : autant d’outils destinés à stabiliser l’économie à court terme et favoriser la croissance, soutiennent les experts.

Mais cette politique va mener la dette publique à frôler les 30 % du PIB en 2026, seuil au-delà duquel le triple A, crucial pour l’économie nationale, ne serait plus garanti.

Les économistes d’Idea tiennent à rappeler que le pays dispose tout de même d’atouts de poids face aux crises actuelles : ces dix derniers mois, le Grand-Duché a ainsi créé 12 000 emplois salariés tandis que le taux de chômage est passé sous la barre symbolique des 5 %. Une situation de plein-emploi qui contraste avec les difficultés d’autres pays sur ce front.

Par ailleurs, les faillites d’entreprises sont en recul et les ménages ont pu accumuler de l’épargne durant les confinements, comme l’avait constaté la fondation il y a quelques mois. De quoi leur permettre, en théorie, d’absorber en partie la baisse du pouvoir d’achat.

Ce qui n’empêche pas le gouvernement de faire de cette question l’un des axes centraux de son projet de budget, pour les particuliers confrontés aux hausses de prix généralisées, comme pour les professionnels qui font face au ralentissement de la demande.

Parmi les propositions concrètes formulées par Idea, la revalorisation des chèques-repas va dans ce sens : les économistes recommandent d’adapter leur valeur à l’augmentation des prix alimentaires pour atteindre 15 euros maximum au lieu des 10,80 actuels.

Une allocation logement pour les propriétaires

Sur le logement, alors que la construction est «grippée» entre la flambée des coûts et les difficultés de recrutement, ils sont d’avis qu’il faut absolument éviter que «l’offre ne dévisse trop» dans ce secteur, alors qu’il représente 10 % de la main-d’œuvre nationale et que le stock de logements est «sous-dimensionné».

Ils sont par exemple favorables à l’abaissement des droits d’enregistrement, relativement élevés au Luxembourg, et plaident pour l’introduction d’une allocation destinée à soutenir temporairement les propriétaires modestes, endettés à taux variables, et qui auraient des difficultés à rembourser leur emprunt immobilier.

Pour booster la compétitivité, les experts pensent qu’il est temps de revoir les abattements sur le revenu soumis à l’impôt commercial communal, figés depuis 20 ans, et estiment que ceux-ci pourraient être augmentés de 16 à 55 %.

Enfin, sur le volet énergie, la Fondation Idea se montre réservée sur les effets du Präisdeckel, prévu par l’accord tripartite afin d’aider les foyers les plus vulnérables, et qui pourrait s’avérer plus coûteux que prévu si la crise devait se poursuivre. Une clause de rendez-vous devrait être ajoutée au projet, selon l’équipe, pour réévaluer voire modifier cette mesure en vue de l’hiver 2023.

En prenant un peu de hauteur, les experts indiquent en conclusion que les dépenses publiques ont atteint un niveau record en 2020 (47 % du PIB) tandis que les recettes ont stagné, aggravant les déficits accumulés ces 20 dernières années. «Cependant, le ratio d’endettement du Luxembourg est toujours très largement inférieur à celui des pays voisins et dans la zone euro», nuance Muriel Bouchet.

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