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Les outils du gouvernement face à la pénurie de médicaments


(Photo d'illustration : Pixabay)

Dans une réponse parlementaire, la ministre de la Santé détaille les différentes options qu’utilise le Grand-Duché pour endiguer la pénurie de médicaments qui touche le pays.

De manière récurrente, syndicats et députés interpellent le gouvernement quant à la pénurie de médicaments qui touche notre pays. Depuis novembre 2022, le Grand-Duché ainsi que ses voisins, notamment la Belgique, principal fournisseur du Luxembourg, sont secoués par des indisponibilités. À la base du problème, une pénurie de certaines molécules.  En mars dernier, alors que le LCGB sonnait l’alarme pour agir au plus vite, dans les officines, les pharmaciens s’organisaient et restaient, malgré tout, rassurants. Alain de Bourcy, à la tête du syndicat des pharmaciens, expliquait alors que les professionnels parviennent en général à résoudre rapidement les manques : « On peut solliciter directement les laboratoires. Ce sont eux qui contrôlent les flux de médicaments entre les pays, pour éviter que les prix de vente ne soient tirés vers le bas », détaillait-il.

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Ce mercredi, le sujet est remis sur la table par Carole Hartmann et Gilles Baum. Les deux députés DP questionnent la ministre de la Santé sur les actions et les alternatives proposées par le gouvernement pour enrayer cette pénurie. Dans sa réponse, Paulette Lenert annonce qu’au 15 mai 2023, 83 médicaments se trouvaient en statut d’indisponibilité temporaire. Pour autant, la gestion du problème permet de ne pas avoir un impact trop important sur les industriels pharmaceutiques. Il y a quelques mois, ils avançaient que seules quatre ruptures critiques – sans aucun médicament de substitution disponible – se sont produites en Belgique, et par ricochet au Luxembourg, entre 2020 et 2022.

Dans sa réponse, la ministre explique que lors d’une entrevue avec le ministre belge des Affaires sociales et de la Santé publique, en mars dernier, les deux parties se sont mises d’accord afin que des échanges réguliers soient réalisés pour que le nouveau mécanisme belge n’ait pas d’impact négatif sur l’accès aux médicaments au Luxembourg.

La situation particulière du Grand-Duché

Le pays importe 100 % des médicaments qu’il commercialise, dont 80 à 90 % proviennent de Belgique, 7 à 17 % d’Allemagne et 3 % de France, selon les chiffres avancés par les acteurs luxembourgeois publics et privés. L’achat de médicaments représentait ainsi 38 % des dépenses totales des ménages en 2019, soit une somme globale avoisinant les 250 millions d’euros en 2020 selon la CNS, qui a pris à sa charge 86 % de cette facture.

Paulette Lenert rassure également décrivant les nombreuses démarches mises en place, au niveau national et européen, pour contourner une pénurie sur une référence. Par exemple, au Grand-Duché, en cas de notification de rupture de stock par une pharmacie, une firme, un hôpital ou un grossiste et « si aucune alternative n’existe au Luxembourg ou si les alternatives ne permettent pas de répondre aux besoins, le ministère de la Santé prend contact avec la firme qui a notifié la rupture pour connaître les détails de la situation et évaluer si des solutions peuvent être proposées ».

Si aucune solution ne peut être apportée, le ministère se tourne alors vers les firmes solutionner le manque. Enfin, si cela ne donne toujours pas de résultat, il est alors nécessaire de lorgner d’autres alternatives sur le marché luxembourgeois. Ces dernières peuvent être une adaptation du traitement par un autre mode d’administration, une autre substance active, voire une préparation magistrale. L’option des marchés étrangers peut également être envisagée. Il est alors possible de créer une dérogation pour importer le même produit ou produit concurrent dans autre packaging ou encore de pencher vers des alternatives étrangères non enregistrées au Luxembourg.

Un réseau européen

Dans tous les cas, le ministère de la Santé est épaulé par l’Agence européenne des médicaments (EMA). Au niveau européen, un réseau spécialement dédié à la problématique des pénuries de médicaments a été créé et permet aux différents pays d’être alertés de potentielles ruptures. Il offre également la possibilité de faire de demandes quant à certains produits indisponibles sur tel ou tel territoire. Rassurante, la ministre note qu’ainsi « le délai de résolution d’une rupture critique peut être ainsi sensiblement raccourci ».

Quant à la communication avec les médecins, à l’inverse de la Belgique, le ministère de la Santé n’a aucun moyen permettant d’alerter les médecins d’une rupture lors de la prescription. À ce jour,  » la direction de la Santé s’intéresse à la mise en service d’une plateforme informatisée qui permettra d’automatiser plusieurs étapes dans la gestion des ruptures et assurera également des canaux d’information avec tous les acteurs concernés, le grand public inclus », détaille Paulette Lenert. Le ministère de la Santé louche vers nos voisins belges afin de voir si le système déjà en place là-bas pourrait satisfaire les besoins du Grand-Duché.

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