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Médicaments en rupture : «Peu de marge de manœuvre pour les substituer»


Phénomène nouveau : les ruptures de stock concernent désormais des médicaments de première nécessité. (Photo : julien garroy)

Alors que le LCGB appelle le gouvernement à agir contre les pénuries de médicaments qui se multiplient, dans les officines, les pharmaciens s’organisent et se veulent, malgré tout, rassurants.

Ces dernières semaines, au moment de présenter leur ordonnance en pharmacie, des patients ont pu constater l’indisponibilité de certains médicaments prescrits par leur médecin, allant des sirops antitussifs en cas d’état grippal, à d’autres sirops pour soigner des infections pulmonaires, voire, selon le LCGB, des références utilisées pour le traitement au long cours de pathologies chroniques comme le diabète ou la sclérose en plaques.

Le syndicat chrétien-social, qui a appelé lundi le gouvernement à agir en urgence, dénonce dans un communiqué lapidaire la «politique de l’autruche» du ministère de la Santé, qu’il aurait déjà interpellé plusieurs fois sur ce dossier, et cite des «retours inquiétants d’assurés qui peinent à trouver un certain nombre de médicaments, qu’ils soient courants ou plus spécifiques».

Des ruptures de stock liées aux perturbations connues des chaînes d’approvisionnement, et qui pèsent lourdement sur l’organisation dans les officines luxembourgeoises : «Ces situations de pénurie ne sont pas nouvelles. Ce qui est plus gênant, c’est qu’elles touchent maintenant des médicaments de première nécessité, dont des antibiotiques contre les bronchopneumopathies, sinusites, angines, otites, ou des sirops pédiatriques», explique Alain de Bourcy, à la tête du syndicat des pharmaciens.

«Certains produits sont désormais introuvables sur le marché, que ce soit au Luxembourg ou dans les pays voisins. Or, on a peu de marge de manœuvre pour les substituer. Ces deux derniers mois, on n’avait plus de sirop contenant de la codéine par exemple. Là, la situation tend à se normaliser», rassure le président.

Pour ce qui est des maladies chroniques, il reconnaît des soucis ponctuels, mais ajoute que les professionnels parviennent en général à les solutionner rapidement : «On peut solliciter directement les laboratoires. Ce sont eux qui contrôlent les flux de médicaments entre les pays, pour éviter que les prix de vente ne soient tirés vers le bas», détaille-t-il, pointant la surcharge de travail qu’imposent ces pénuries à répétition, en termes de logistique et de gestion des stocks en pharmacie.

Les patients, eux, ne se montrent pas plus inquiets que ça, selon la Patiente Vertriedung, qui n’enregistre pas de réclamation particulière à la suite de l’indisponibilité de médicaments : «Souvent, un générique est disponible, même si certaines personnes n’en veulent pas», note ainsi Georges Clees, au nom de l’association.

«Passer par la Belgique a aussi des avantages»

Alors que le LCGB s’inquiète de la dépendance du Luxembourg à la Belgique en matière d’approvisionnement en médicaments, surtout depuis le récent arrêté royal instaurant des restrictions au niveau des exportations, il enfonce le clou, en accusant les autorités de «minimiser ou nier» le phénomène, et réclame des «mesures concrètes à courte échéance».

Cette nouvelle disposition côté belge ne concernerait pourtant que les médicaments pour lesquels il n’existe aucune alternative, et qui connaissent des ruptures récurrentes. D’où la réaction de l’ASBL Patiente Vertriedung, que nous avons jointe hier, et qui nuance : «Oui, des voix réclament de libérer davantage le marché, vu que nous passons par la Belgique pour nous fournir en médicaments via des accords bilatéraux. Mais il y a des avantages à ce partenariat : il nous donne du poids face aux fournisseurs, alors que le Luxembourg est un marché peu intéressant vu sa taille.»

Une position partagée par les pharmaciens : «On ne produit pas nos médicaments, donc forcément, on doit les importer de France, de Belgique ou d’Allemagne. Mais la filière belgo-luxembourgeoise fonctionne très bien : en octobre, lorsque les Français ont été confrontés à d’importantes pénuries, nous avons été épargnés», tient à rappeler Alain de Bourcy.

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