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Secours et forces de l’ordre : «Il y a des règles pour traverser la frontière»


Entre 2022 et 2023, le CGDIS est intervenu 83 fois sur le territoire français grâce aux accords de coopération transfrontalière.

Afin d’agir au plus vite, le Luxembourg et la France ont élaboré une coopération efficace de leurs secours et forces de l’ordre autour de la frontière, bien que des améliorations restent possibles.

Imaginez-vous sur l’A31 en entrant ou sortant du Luxembourg et à peine la frontière derrière vous, vous êtes victime ou témoin d’un accident de la route. En appelant le numéro d’urgence 112, la question se pose : qui va me répondre et intervenir entre les secours luxembourgeois ou français? Où vais-je être hospitalisé si ce ne sont pas les pompiers de mon pays qui me prennent en charge ? Autant de questions auxquelles le Grand-Duché et son voisin ont longtemps réfléchi afin d’aboutir à une coopération transfrontalière des secours la plus optimale possible.

«Depuis la création du CGDIS il y a cinq ans, nous avons beaucoup travaillé sur les relations bilatérales», se remémore Cédric Gantzer, chef de département à la Direction générale du Corps grand-ducal d’incendie et de secours. «On ne peut pas du jour au lendemain dire : « Allez c’est parti, on traverse la frontière« . Il y a des règles pour traverser la frontière et de nombreux facteurs à considérer.» Ces règles et facteurs ont été pensés durant de longues décennies puisque la première réflexion commune remonte à 1962 et un accord d’assistance mutuelle entre les services d’incendie et de secours frontaliers.

Depuis, les secours des deux pays ont perfectionné leurs accords et augmenter leur champ d’action, à l’image des forces de l’ordre (lire ci-contre). En 2021, une convention sur les secours d’urgence et le transport sanitaire urgent transfrontaliers a précédé la signature, en 2022, de trois protocoles locaux d’exécution avec le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de Moselle, celui de Meurthe-et-Moselle et l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est.

Les Luxembourgeois autonomes en France

Concrètement, «les conventions sont comme les textes de loi et les protocoles locaux d’exécution rentrent, eux, un peu plus dans la pratique». Ces derniers statuent sur des points comme les conditions d’intervention, le lieu d’hospitalisation ou la coordination. Le CGDIS a commencé son travail «avec le SDIS 57 en priorité car la frontière est un peu plus longue et il y a une plus-value des deux côtés, notamment à cause des autoroutes».

Afin de se coordonner, des échanges et entraînements ont eu lieu pour avoir une tactique commune et cela a porté ses fruits puisque depuis janvier 2023, «nous sommes sur des engagements opérationnels autonomes alors qu’avant ce n’était pas systématique». Dans le cas d’un accident sur l’A31 côté français et en provenance du Luxembourg, les secours français doivent en toute logique intervenir mais la réalité est autre puisqu’ils doivent entrer sur le territoire luxembourgeois afin de sortir de l’autoroute pour la remonter et être dans le bon sens. Sur l’A31 entre le poste-frontière de Dudelange et la sortie Kanfen direction de Thionville, ce sont les Luxembourgeois qui sont donc appelés en premiers pour gagner du temps.

83 interventions hors frontière en un an

Afin de gagner quelques minutes vitales, tout débute par les centres d’appels. «Le 112 luxembourgeois est en relation journalière avec ses homologues allemand, belge et français.» En tant que pays fondateur de l’Europe, le chef de département estime que cette coopération transfrontalière «fait partie de notre essence que d’aller chercher les avantages là où on peut les trouver et de se soutenir mutuellement». Selon les chiffres de 2022 à 2023, c’est surtout le Grand-Duché qui apporte de l’aide à son voisin. Au total, 260 membres du CGDIS ont réalisé 83 interventions en France, dont la majorité à Volmerange-les-Mines, l’autre zone prioritaire des Luxembourgeois telle que le tronçon de l’A31.

Côté français, «je pense que c’est 10 fois moins» explique Cédric Gantzer en raison d’un «fort maillage de centres d’incendie et de secours au sud du pays», ce qui les rend plus proches de la frontière et de certaines interventions françaises. La France n’est pas en reste pour autant et répond présente lors d’incidents graves au Grand-Duché tels que l’incendie à Kayl en 2022, où une personne est décédée et dix furent blessées.

«Ce jour-là, on s’est rendu compte que c’était quelque chose de très sérieux et on a fait appel à un renfort sanitaire du SDIS 57. Car onze victimes, cela veut dire onze ambulances. On a les onze ambulances mais autant faire appel à nos collègues français pour que l’on puisse assurer nos urgences qui continuent de courir.» Plus que jamais main dans la main, les deux pays sont encore en réflexion pour améliorer leur coopération et discutent de nouvelles zones de départs directs des Luxembourgeois en France comme l’A31 ou Volmerange-les-Mines.

Oui aux poursuites, non aux arrestations

Symboles de la coopération des secours français et luxembourgeois, les autoroutes le sont aussi pour les forces de l’ordre frontalières. Le Luxembourg compte notamment le seul Centre de coopération policière et douanière (CCPD) quadripartite d’Europe en étant composé de la police grand-ducale, des agents de gendarmerie et de police français, des polices fédérales allemande et belge et des douaniers de chaque pays.

Au fil du temps, une harmonisation des règles d’intervention transfrontalière a été opérée afin de renforcer la coopération. Avant un accord de 2022, les Français ne pouvaient réaliser une course poursuite plus de 10 kilomètres après la frontière du Grand-Duché. Aujourd’hui, plus de limite de distance ni de temps et pas d’accord préalable non plus. Cependant, l’interpellation française d’un suspect chez le voisin reste encore interdite. Ce qui n’est pas le cas pour l’Allemagne et la Belgique.

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