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Les jeunes agriculteurs très fâchés contre la Centrale paysanne


Mercredi dernier (7 février), quelque 150 tracteurs de jeunes agriculteurs, venus de toute la Grande Région, ont bloqué le pont frontalier de Schengen. La manifestation s'est déroulée dans le calme.

Les Jongbaueren tancent le directeur du premier syndicat du secteur agricole luxembourgeois, venu fustiger leur participation à l’action de protestation du 7 février à Schengen. Or même le Premier ministre, Luc Frieden, aurait salué cette action transfrontalière.

Oui, les jeunes agriculteurs luxembourgeois ont brisé la trêve décidée par les syndicats agricoles du Luxembourg, se montrant «solidaires» avec leurs collègues allemands, français et belges, mais ils ne sont pas (encore) descendus dans la rue pour exprimer leur désarroi face à la politique nationale et européenne. Les Lëtzebuerger Jongbaueren ne nient pas le dialogue constructif engagé avec le nouvel exécutif CSV-DP, raison de l’absence de (violentes) manifestations au Grand-Duché, mais ils n’ont pas hésité à participer à l’action organisée, le mercredi 7 février dernier, avec leurs homologues de Moselle, de Sarre et du Luxembourg belge.

Deux jours après l’action, le directeur de la Centrale paysanne (CPL) a décidé de monter au créneau pour fustiger la participation des jeunes agriculteurs luxembourgeois à une manifestation qui «s’adressait, selon les organisateurs, exclusivement à la politique européenne, et non pas à la politique nationale. C’est peut-être juste et tous les agriculteurs de l’UE sont assis dans le même bateau. Mais ce n’est pas si simple. Quiconque participe à une manifestation (…) exprime également un certain mécontentement à l’égard de son propre gouvernement, peu importe les arguments qu’il utilise pour se défendre», accuse Laurent Schüssler dans un commentaire publié vendredi dernier dans les colonnes du Lëtzebuerger Bauer.

Celui qui est aussi rédacteur en chef du journal édité par la CPL estime, en outre, qu’«il aurait été logique de manifester contre la Commission européenne à Bruxelles. Ce qui s’est passé la semaine dernière (NDLR : le 1er février). Mais sans les représentants luxembourgeois». «Si l’on considère que (les accords de Schengen symbolisent) la libre circulation des personnes et l’abolition des frontières en Europe, il semble presque sarcastique que cet endroit précis ait été choisi pour bloquer un pont frontalier. Ou quelqu’un veut-il abolir l’UE ?», ajoute-t-il.

«Piètre populisme qui frise la diffamation»

Ce commentaire a suscité la colère des Lëtzebuerger Jongbaueren, venus tancer le directeur de la CPL dans un communiqué publié lundi sur Facebook. Ils rappellent que l’Europe sans frontières, née à Schengen, ne doit pas donner lieu à une «concurrence déloyale» sur des produits agricoles importés depuis des pays tiers à l’UE. «Ici, notre secteur a pu faire valoir ses revendications à l’adresse de l’UE, de manière unie, pacifique et transfrontalière. Celui qui n’a pas de compréhension pour ce genre d’action ne reconnaît pas la gravité de la situation.» «Si c’est ainsi que tente de communiquer le plus grand syndicat du secteur, alors bonne nuit. Ce piètre populisme frise la diffamation», poursuit le communiqué.

Le directeur de la CPL croit aussi savoir que l’action des Jongbaueren aurait semé la zizanie au sein du gouvernement. «Faux» répondent les «dissidents» présumés. Le Premier ministre, Luc Frieden (CSV), aurait qualifié de «signal fort» – au lendemain de la manifestation – le fait que les jeunes agriculteurs se soient montrés «solidaires» avec leurs homologues européens. Ni le chef du gouvernement ni la ministre de l’Agriculture, Martine Hansen (CSV), n’auraient d’ailleurs ressenti la manifestation à Schengen comme une «attaque contre la politique nationale, mais plutôt comme un message fort envoyé à Bruxelles».

Au vu de cette bisbille, l’ambiance lors du «Landwirtschaftsdësch», fixé au 4 mars, risque d’être tendue…

La Centrale paysanne isolée

Laurent Schüssler a indiqué, hier, dans les colonnes du Wort, que sa prise de position a été formulée en son nom personnel. Cette explication interpelle, sachant qu’il est à la fois directeur de la CPL et rédacteur en chef du Lëtzebuerger Bauer.

En tout cas, la Centrale paysanne se trouve aujourd’hui isolée. Dès lundi, la FLB et la Baueren-Allianz se sont montrées «solidaires» avec les jeunes agriculteurs réunis à Schengen. La manifestation aurait clairement eu pour but d’«attirer l’attention sur les dérives et les problèmes» liés à la politique agricole menée par l’UE.

«Même si on aurait formulé autrement l’une ou l’autre revendication, nous soutenons chaque action commune, fidèles à notre devise #ZesummeMéiStaark», poursuivent FLB et Baueren-Allianz. Car, «si nous avons tous pour but de devenir plus forts ensemble, on doit aussi pouvoir vivre ce que nous prônons».

Il est à noter que Guy Feyder, le président de la Chambre d’agriculture et vice-président de la CPL, interrogé le matin même de la manifestation sur la radio 100,7, n’a rien eu à redire non plus sur la manifestation de Schengen.

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