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Les agriculteurs luxembourgeois doivent «s’adapter au changement climatique»


Christophe Ernster et sa compagne Anne sont agriculteurs à Frisange.

Christophe Ernster, éleveur de vaches laitières et céréalier, constate depuis quelque temps l’impact des variations de température sur l’agriculture. Avec la sécheresse, l’année 2023 n’a pas été sans conséquences sur ses cultures.

L’herbe presque totalement verte sur sa prairie, Christophe Ernster ne l’avait pas vue depuis longtemps. La météo pluvieuse de ces dernières semaines a donné un coup de neuf et de fraîcheur sur sa plaine, touchée pendant plusieurs mois par la sécheresse. «C’est très bien qu’il pleuve. Malheureusement, ce n’est pas encore suffisant. Car il faut que ça dure pendant plusieurs semaines et tous les jours pour voir de vrais changements au niveau de la profondeur des sols», explique l’agriculteur basé à Frisange.

Malgré ce temps pluvieux bénéfique, les terres agricoles restent encore touchées par les phénomènes de sécheresse. L’European Drought Observatory (EDO) annonçait début juillet que la totalité des terres agricoles luxembourgeoises étaient atteintes par le manque d’eau.

Une situation presque similaire en France et en Europe. «Depuis quelques années, on remarque beaucoup de changements dans l’agriculture (…) On doit s’adapter aux aléas du climat. La végétation, par exemple, commence plus tôt. Quand j’étais plus jeune, ça commençait en avril, alors que maintenant, c’est déjà au mois de mars», observe l’éleveur.

«Je pense arrêter le maïs»

Une sécheresse qui n’a été pas sans conséquences sur les cultures. Éleveur de vaches laitières et allaitantes, Christophe Ernster produit également des céréales comme l’orge, le blé et le maïs. «On a eu beaucoup de problèmes avec le maïs cette année. Comme c’est trop sec, il ne pousse pas. Comme ce n’est pas du tout rentable, je pense arrêter l’année prochaine», regrette l’agriculteur.

Pour continuer à cultiver ses champs, Christophe Ernster a dû s’adapter. «On a mis des alternatives, comme la luzerne, le trèfle. Elles s’adaptent mieux à la sécheresse», assure-t-il.

Des conséquences sur les cultures qu’il observe aussi sur l’élevage. «Aujourd’hui, on travaille plus sur les prairies permanentes qui s’adaptent mieux aux variations de température. Avec la sécheresse, l’herbe peut vite sécher et elle est moins de bonne qualité. Malgré tout, je vois plus d’avenir dans l’élevage que dans les céréales où la situation devient très difficile.»

À cela s’ajoutent l’impact de la chaleur sur les animaux et les maladies éventuelles qui peuvent subvenir. «Les vaches peuvent par exemple avoir des mammites, des problèmes dus aux mouches. Quand il fait chaud, nous leur mettons dans l’étable des ventilateurs et brumisateurs. La nuit, elles sortent pour se rafraîchir. Alors, là, depuis qu’il pleut, elles se sentent très bien», sourit Christophe Ernster.

Des améliorations cette année

Entre sécheresse et pluie, 2023 est une année «normale» pour l’agriculteur. «C’est mieux que l’année dernière où nous n’avions pratiquement pas eu de pluie. Mais pour le lait, 2022 a été une très bonne année. Les prix étaient très hauts, mais depuis ça a bien baissé.»

Une situation qui s’améliore donc, mais qui reste encore marquée par les conséquences de la guerre en Ukraine. «Les prix sont montés mais n’ont jamais descendu. Le coût énergétique a également doublé. Il faut trouver des solutions pour s’en sortir et vivre», conclut-il.

Wiola, 16 ans, est l’une des vaches les plus âgées du Grand-Duché.

Wiola, la vache montbéliarde la plus âgée du Luxembourg

Christophe Ernster élève 320 vaches laitières et allaitantes dans sa ferme de 200 hectares. Parmi elles, l’une est particulièrement étonnante.

Couchée paisiblement dans l’herbe, Wiola a été sacrée l’année dernière la vache de race montbéliarde la plus vieille du Luxembourg, comme l’atteste le diplôme reçu il y a quelques mois et accroché au-dessus de la cuisine de l’agriculteur.

Née le 1er février 2006, elle est aujourd’hui âgée de 16 ans. Si l’âge moyen d’une vache est de 20 ans, les laitières ont en moyenne une espérance de vie de 8 ans. «C’est assez rare d’avoir une vache de cet âge-là. Elle ne donne plus beaucoup de lait, mais on a décidé de la garder et de ne pas l’amener à l’abattoir.»

Mère de 14 veaux et de nombreux petits-petits enfants, Wiola a depuis sa naissance produit plus de 100 000 litres de lait. Un record!

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