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[Le portrait] Miroslav Rac, comme une évidence


Miroslav Rac, dont les parents étaient tous deux handballeurs, a effectué une grande partie de sa carrière en France. (Photo : mélanie maps)

Fils de handballeurs, c’est tout naturellement que Miroslav Rac, joueur des Red Boys, a suivi la voie de ses parents pour faire carrière dans la discipline.

Chez les Rac, le handball fait partie intégrante de l’histoire familiale. «Mes deux parents étaient handballeurs, ils se sont connus dans le même club en Serbie», explique l’ailier gauche des Red Boys. Alors forcément, dès son plus jeune âge, Miroslav tombe dans la marmite : «Autant dire qu’après l’école, c’était direction la salle pour les entraînements, soit de ma mère, soit de mon père. Avec ma sœur, on a vraiment grandi à côté des terrains de hand».

Si pour lui, «ça a un peu été une évidence», pour sa sœur Tamara, cela ne fut pas le cas puisque cette dernière a emprunté un autre chemin. «Même si elle a grandi à côté des terrains, elle est partie vers une voie intellectuelle, s’amuse-t-il. Maintenant, elle travaille dans une banque du côté de Metz.»

Hand et basket

Né à Zrenjanin, une ville située au nord de la Serbie, c’est en région parisienne que Miroslav Rac va faire ses premiers pas de handballeur. Alors qu’il est encore bambin, la petite famille décide de quitter la province de Voïvodine pour rejoindre le paternel, Sandor, gardien de but, qui avait signé un contrat avec le club de Boulogne-Billancourt. «Mon père s’était dit qu’il allait faire une ou deux années en France. Il a fait une première saison, puis il a prolongé et finalement, on l’a rejoint. À la base, on ne pensait pas forcément rester en France, mais ensuite la guerre a éclaté en ex-Yougoslavie. Donc finalement, l’aventure en France s’est prolongée. Et puis, cette aventure qui devait durer une ou deux années s’est transformée en une aventure de toute une vie», sourit le Franco-Serbe.

Après une dizaine d’années passées dans la capitale, direction Nancy où son père, devenu entraîneur, prend les rênes de l’équipe locale. C’est là-bas, en Meurthe-et-Moselle, que Miroslav décide de s’orienter vers un autre sport collectif. «J’ai commencé le hand très tôt, mais j’ai toujours été attiré par le basket. Alors à partir de 10 ans, j’ai voulu tenter l’expérience. Je faisais toujours un peu de hand à côté, mais je m’étais mis à fond dans le basket. Et puis, finalement, je suis revenu à mes premières amours.» Qu’il exercera ensuite pendant deux années (de 16 à 18 ans) en Tunisie, pays dans lequel son papa poursuit sa carrière de coach et dans lequel le jeune homme s’épanouit pleinement.

À la base, on ne pensait pas forcément rester en France, mais ensuite la guerre a éclaté en ex-Yougoslavie

«C’était une superbe expérience! J’y ai vécu deux très belles années : j’avais des copains formidables avec qui on allait tous les week-ends à gauche et à droite. L’école, c’était génial aussi! J’en garde de très bons souvenirs. D’ailleurs, je me souviens que la deuxième année, on était en interro de français, donc il y avait le silence dans la salle et tout à coup, il s’est mis à neiger. Tout le monde s’est levé et est sorti. Bon, ça n’a pas tenu, mais c’était l’évènement là-bas. Et puis, il y a aussi eu la visite du président Chirac à l’école française de Tunis.»

«Un changement assez radical»

Et d’ajouter à propos de cette nouvelle vie : «C’était un changement assez radical, mais le fait de voir autre chose m’a fait du bien aussi. Déjà ne serait-ce que pour l’anglais que j’ai appris à parler là-bas (il sourit). Avant de commencer ma scolarité dans une école française, on était hébergés pendant quelques mois dans un hôtel dans lequel il n’y avait que des Anglais.» La suite ? Sandor part entraîner au Qatar, tandis que Miroslav retourne à Nancy. En parallèle de son BTS comptabilité, il joue dans un premier temps avec la réserve puis, peu à peu, il intègre l’équipe fanion, jusqu’à signer un contrat professionnel.

Il y évoluera durant six saisons avant de rallier, non sans un pincement au cœur, la Bourgogne où il signe à Dijon pour quatre ans. «C’était un déchirement de partir de Nancy, c’était la ville de mon enfance. C’était un peu difficile de se projeter tout seul, se remémore-t-il. Mais je n’ai jamais regretté. C’était une superbe aventure! On a vécu la montée à l’époque, la deuxième. Une histoire folle ! J’ai encore beaucoup d’amis là-bas, j’essaye d’y retourner quand je peux.» S’ensuit une expérience longue de trois années à Limoges, dans une ville où «l’engouement sportif est vraiment exceptionnel». Il débarque ensuite au Grand-Duché, plus précisément à Bascharage. «J’allais sur mes 31 ans, je commençais déjà un peu à préparer mon après-carrière. C’était le bon moment d’y penser, de s’y consacrer.»

Quand j’étais petit, on imaginait des buts sur un mur de la maison et on s’amusait à tirer des pénos

À Käerjeng, en plus du handball, il travaille comme chauffeur pour la société Sales-Lentz pendant trois ans. «Ce n’était pas évident, surtout au début. Il a fallu s’adapter, le rythme de vie change énormément», confie-t-il. Une nouvelle expérience dont il garde un très bon souvenir. D’ailleurs, il est toujours en contact avec certains de ses anciens coéquipiers. Et puis, à l’aube de la saison 2022/2023, Miroslav Rac s’engage avec les Red Boys, l’un des clubs phares du pays dans lequel son père, Sandor, officie en tant que coach.

Une certaine manière de boucler la boucle. «Quand j’étais petit, on imaginait des buts sur un mur de la maison et on s’amusait à tirer des pénos. Il fallait absolument que je gagne, sinon c’était le drame et je ne lui parlais plus pendant 2 h (il rit). J’ai toujours eu cette mentalité de compétiteur. Mon père était mon premier rival dans le hand, le basket et le tennis (il sourit) et ma mère, qui était une très bonne demi-centre (elle pouvait aussi jouer ailière gauche), était ma première supportrice», confie le n° 54 (en référence à Nancy).

Qui entretemps change également de métier. Voilà maintenant deux ans que le Differdangeois travaille pour la promotion immobilière Schmit & Schmit à Bertrange. S’il a un temps évolué sous les ordres de son paternel au cours de sa première saison à Differdange, ce dernier a depuis pris du recul pour laisser sa place à l’ex-sélectionneur national Nikola Malesevic. Et si cette vie entre trajets, travail et handball «demande quand même pas mal de sacrifices», Miroslav Rac, 36 ans, ne compte pas s’arrêter de sitôt. «Je prends encore beaucoup de plaisir à m’entraîner, à jouer. Tant que mon corps me le permet, que la passion et le plaisir sont toujours présents, je continuerai», conclut-il.

En bref

Né le 15 juillet 1987 à Zrenjanin, en Serbie, Miroslav Rac, dont les parents étaient tous deux handballeurs, a effectué une grande partie de sa carrière en France, pays qu’il a rejoint très jeune avec sa famille et qu’il n’a plus quitté en raison de la guerre en ex-Yougoslavie. Il signera son premier contrat professionnel à Nancy peu de temps après être revenu de Tunisie où il avait suivi son père, Sandor, alors entraîneur. L’ailier gauche défendra les couleurs nancéiennes durant six années, avant de s’engager avec Dijon (4 ans), puis Limoges (3 ans). Il débarque à Käerjeng en 2019 avant de continuer son aventure au Luxembourg avec les Red Boys, club au sein duquel il a évolué pendant quelques mois sous les ordres de son paternel durant sa première saison en 2022/2023.

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