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Le LSAP entre satisfaction et regrets


Yves Cruchten, personnellement marqué par la crise du covid, s’est quand même réjoui du sérieux avec lequel le gouvernement a géré les affaires.   (Photo : hervé montaigu)

La fraction socialiste conduite par Yves Cruchten tire son bilan et fait meeting de campagne. Ne serait-ce que pour achever ce qui aurait dû l’être au cours de cette législature.

«Nous avons l’impression d’avoir eu plus de crises ces derniers mois que ces vingt dernières années», observe Yves Cruchten, président de la fraction socialiste, tout en se félicitant de l’art et la manière de les combattre. Cette coalition a, selon lui, travaillé en bonne entente, dans le calme et avec sérieux. «Le pays s’en est mieux sorti que d’autres», relève-t-il encore.

L’État a surtout pu financer la crise, ajoute aussitôt Yves Cruchten, en rappelant l’enveloppe de 3 milliards d’euros déboursée pour les entreprises et les ménages pendant la crise sanitaire.

«Sans ces aides, nous aurions eu une dette publique autour des 17 %», calcule le chef de la fraction socialiste.

Garder un Etat social fort

Il entend les critiques de l’opposition qui avertit que la barre des 30 % risque d’être atteinte, mais «personne parmi ceux-là n’ose dire qu’il ne fallait pas décider ce programme d’aides», dit-il. Et les socialistes se disent fiers du résultat obtenu à chaque tripartite pour lesquelles ils ont beaucoup œuvré, sans s’étaler.

Autre œuvre quelque peu oubliée à mettre sur le compte des socialistes et de son ex-ministre de l’Économie, Étienne Schneider : la troisième révolution industrielle de Rifkin englobée depuis dans la «Luxembourg Stratégie». Les socialistes veulent voir s’implanter des industries, conserver ses services et développer des secteurs comme la logistique ou l’économie de l’espace, tout en cherchant des solutions pour gérer la croissance.

L’État social doit rester fort et le LSAP promet de s’y engager. Le président du groupe rappelle les efforts de son parti pour augmenter le salaire social minimum, les jours de congé pour les aidants, pour les pères, pour les sportifs et enfin pour tous les travailleurs.

«Les socialistes ne veulent s’arrêter là et les questions du temps de travail joueront un rôle important dans notre campagne électorale», prévient Yves Cruchten. Les questions de logement aussi. Les dernières grosses séances à la Chambre des députés, avec des programmes ultrachargés, n’ont pas suffi à faire passer des projets comme le bail à loyer ou la réforme de l’impôt foncier. Pour positiver, Yves Cruchten entend profiter de ce délai supplémentaire pour améliorer encore les textes.

Question délai, cela fait 20 ans maintenant que les socialistes revendiquent la tenue d’une «table ronde» sur le logement (Logementsdësch) qui réunirait tous les acteurs du privé comme du public pour définir un programme d’actions destiné à sortir de la crise du logement. «C’est surtout maintenant qu’il faut construire alors que les entreprises du secteur connaissent des situations parfois dramatiques», souligne-t-il. L’exemple de l’un des entrepreneurs historiques, Cardoso, qui s’est déclaré en faillite (lire aussi en page 5), n’augure rien de bon.

Culture du compromis

Parmi les lois importantes qui ont été votées à la dernière minute, figure le texte sur le virage ambulatoire. L’orateur s’y attarde sans surprise, vantant le système public de santé dont il reconnaît qu’il pourrait encore être amélioré, surtout en ce qui concerne les délais d’attente.

Dans ce bilan, il y a aussi les déceptions. Celles de n’avoir pas mené à bien des réformes qui comptent pour le LSAP. Le chef de la fraction cite la légalisation du cannabis, «même si un premier pas a été franchi». La grande réforme fiscale n’a pas eu lieu non plus. Le LSAP y tient pour rétablir plus de justice fiscale et faire payer les plus riches pour alléger la classe moyenne. Le Luxembourg, avec son taux maximum de 42 %, est le plus bas comparé à ses voisins. Ceux qui disent le contraire commettent une erreur, estime Yves Cruchten en visant nommément Luc Frieden et Gilles Roth. Il ne voulait pas parler des autres partis, c’est raté.

Pour conclure ce bilan de la fraction, Yves Cruchten porte une nouvelle fois un regard sur le passé et la crise du covid en particulier. «Je n’exagère pas quand je dis que cette période m’a fait passer des nuits blanches», avoue-t-il, parce que le covid a fait des victimes, parce que les gens étaient privés de liberté, privés de leur outil de travail, malades. Il a été tout autant secoué pendant le débat sur l’obligation vaccinale dont le LSAP ne voulait pas. Leurs adversaires n’ont pas été tendres avec la fraction.

Mais au final, cette coalition a bien fait les choses, a toujours trouvé les meilleurs compromis, même si les trois partis avaient des vues divergentes au départ, se réjouit Yves Cruchten. Il ne verrait aucune objection à continuer le chemin avec les mêmes partenaires.

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