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Le greenbashing, un fléau sur la toile


Les messages complètement erronés de ce type circulent sur internet et sont relayés des centaines de fois. Celui-ci, par exemple, 200 fois. 

La désinformation a fait des ravages dans toutes les campagnes. Les écolos en savent quelque chose. Parfois, des internautes excédés remettent les pendules à l’heure.

Après les élections communales qui ont affaibli les verts de manière générale, leurs responsables politiques ont pu mesurer les effets désastreux du greenbashing et reconnu, humblement, qu’ils devaient mieux expliquer les grands axes de leur politique et les décisions qu’elle appelle.

Les verts ainsi pointés du doigt sont désignés comme les vilains petits canards du gouvernement à l’origine de tous les maux de la Terre, y compris des prix pétroliers élevés que l’on doit au ministre de l’Énergie, Claude Turmes. Comme si c’était lui qui fixait les tarifs.

Des informations aussi niaises que simplistes circulent sur la toile, sont partagées des centaines de fois jusqu’à ce qu’une personne plus éclairée vienne y mettre de l’ordre. Récemment, Nicolas Michels, qui compte quelques années d’activité dans une compagnie pétrolière entre 1970 et 1975, a recadré l’un d’eux sur un réseau social en lui expliquant comment fonctionnait la cotation des produits pétroliers.

L’auteur de cette intox expliquait que le prix du baril actuellement établi à 85,45 dollars ne justifiait pas le prix à la pompe, fixé à 1,917 euro alors qu’à l’époque où le baril était monté à 130 dollars, le litre ne dépassait pas 1,35 euro, donc c’est bien la politique de Claude Turmes la responsable selon ce monsieur qui appellerait dans la foulée à ne plus jamais voter écolo.

Au lieu de hausser les épaules et de passer à autre chose de plus sérieux, Nicolas Michels s’est planté devant son clavier pour rectifier le tir, affolé par le nombre de partages de cette information erronée. «En général, le ton adopté en politique devient inadmissible et spécialement contre les verts», nous confie-t-il. Il n’est pas membre du parti, mais reconnaît y avoir des amis depuis son amitié avec le regretté Camille Gira. 

Cet ancien expert en produits pétroliers explique à qui veut bien le lire que les cotations de combustible et de chauffage ont toujours été fixées à Rotterdam, «et non chez n’importe quel ministre luxembourgeois, quelle que soit son ambition, dans son bureau ou chez lui dans sa cuisine», écrit-il, un brin agacé. Le baril en question contient du pétrole brut, son prix est exprimé en dollars américains, et il est alors coté par les Bourses de New York, Londres et Dubai.

Le pétrole est ensuite transporté par voie maritime jusqu’aux raffineries, mais sans grande hâte. Nicolas Michels explique bien que les navires-citernes jettent l’ancre en mer en attendant que le prix de cotation, exprimé cette fois en euros, soit suffisamment élevé pour décider d’aller décharger à la raffinerie.

Ces produits raffinés, du kérosène au bitume en passant par le diesel et l’essence, entre autres, font eux aussi l’objet d’une cotation internationale. Pour ce qui concerne le Luxembourg et l’Europe du Nord, les carburants sont donc cotés à Rotterdam, et de façon continue, en fonction de l’offre et de la demande. Les taxes appliquées dans les différents pays font le reste.

L’année dernière, en septembre, le ministre de l’Énergie expliquait aux députés en commission que la structure du prix du diesel se composait de trois éléments : le coût produit (actuellement de 55 %), les taxes (37 %) et le coût de distribution du secteur pétrolier (8 %). «Sur le marché global des prix de produits pétroliers, nous n’avons pas de moyens d’action, ce qui n’est pas le cas pour le coût de distribution», a expliqué le ministre Claude Turmes. Vu que le prix du diesel, qui est très consommé dans le secteur de la logistique, et le coût du salaire minimum ont augmenté ces derniers temps, le coût de distribution a été adapté sur base d’une formule bien précise.

Le ministre assurait encore devant les parlementaires qu’à la fois le consommateur, les opérateurs et propriétaires de stations-essence sont mieux protégés dans le système en place qu’ils le seraient dans un système de prix libres.

Combattre l’intox

Pour revenir à Nicolas Michels, qui avait à cœur de remettre les pendules à l’heure, il rappelle que le pays a été secoué par une crise pétrolière dans les années 1970, qu’il a lui-même vécue aux premières loges. «En période d’instabilité, comme aujourd’hui, ou comme dans les années 1970 (…) les prix de cotation changent tous les jours, parfois toutes les heures», écrit-il.

Il y a 50 ans, le ministre de l’époque, Marcel Mart (DP) «avait exactement autant d’influence sur les prix à la pompe que l’actuel ministre Claude Turmes : à savoir aucun!», insiste-t-il avant de conclure amèrement que les verts, où qu’ils soient, au gouvernement ou ailleurs, n’ont aucune influence sur les prix non plus, n’en déplaise à ceux, souvent haineux, qui aimeraient y croire.

Les clichés ont la vie dure, certains les combattent avec vigueur quand d’autres les regardent passer, ou pire, les font circuler pour alimenter le monstre. La désinformation devrait être un sujet de la campagne électorale au lieu de la servir, comme n’hésitent pas à le faire les politiques les moins scrupuleux.

Comme le souligne Nicolas Michels, il faut plus que jamais être vigilant et s’interroger avant de partager de telles intox.

Un commentaire

  1. Le prix élevés des produits pétroliers ne sont pas la faute des verts (bien que ceux-ci se fassent les champions de bien des sottises) mais de la politique catastrophique de l’UE, paillasson des USA, avec les sanctions envers la Russie qui se sont transformées toutes en boomerang, affaiblissant l’UE et renforçant la Russie (cf. chiffres de la banque Mondiale)

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