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«Hinterland» : un cinéaste oscarisé tourne un thriller au Luxembourg


Maximilien Jadin, Marc Limpach, Liv Lisa Fries, Stefan Ruzowitzky, Hanno Pinter et Murathan Muslu posent devant ces murs bleus qui leur servent d'unique décor. (photo Isabella Finzi)

L’équipe de tournage du film noir « Hinterland » s’est installée à Filmland. Le réalisateur autrichien Stefan Ruzowitzky a choisi de mettre en lumière un thriller qui se déroule en 1922 dans une Vienne bouleversée.

Sur le plateau du tournage, une fourmilière s’agite, mais au clap tout se fige. Seules les voix de Liv Lisa Fries et Murathan Muslu résonnent doucement autour d’une table de café. Des dizaines de personnes sont suspendues à leurs lèvres entre les volutes de fumée de la cigarette de Liv Lisa qui se consume scène après scène. On devine que quelque chose de grave est en train de se jouer.

Autour d’eux, tout est bleu dans les studios de Filmland à Kehlen. Difficile de se plonger dans l’ambiance bouillonnante du Vienne de 1922. Une atmosphère unique dans l’histoire que les scénaristes (Hanno Pinter, Robert Buchschwenter et Stefan Ruzowitzky) du film ont voulu recréer : «Personne ne sait ce qui s’est vraiment passé pendant cette période, explique Hanno Pinter. C’était un minuscule pays et les soldats sont revenus des prisons de guerre et ils ont trouvé un monde totalement différent. L’empereur d’Autriche était parti. D’un côté, tout était sombre, une grande partie de la population était très pauvre et avait faim et, de l’autre, c’était plein de couleurs. Les gens avaient soif de rire, de vivre et de fun. C’est cette opposition que nous voulions montrer. Il n’y a pas tellement de films sur cette époque.»

Le scénariste qui n’assiste au tournage qu’une petite semaine se dit «très fier de ce qui est fait, on a un magnifique casting et cela me rend heureux. Je n’ai que quelques jours, alors je veux tout voir et sentir l’odeur du cinéma.»

Des crimes mystérieux

Ce thriller réalisé par Stefan Ruzowitzky, oscarisé pour son film Les Faussaires (2007), plonge dans un univers sombre que l’on découvre au travers des yeux de l’ancien détective Peter Perg (Murathan Muslu). Ce dernier revient dans sa ville natale après sept ans de captivité en Russie. L’empereur pour lequel il s’est battu n’est plus là, tous ses repères sont détruits. Il est comme un étranger chez lui. C’est dans ce contexte qu’il est confronté à un terrible et mystérieux meurtre. La victime est l’un de ses camarades qu’il a côtoyés en Sibérie. Il veut retrouver le coupable, mais bien vite d’autres victimes au même profil sont retrouvées, toutes ont été torturées. Au milieu de ce monde d’hommes, une femme : le Dr Körner (Liv Lisa Fries), une personnalité atypique pour l’époque.

«C’est une femme indépendante. Pendant la guerre, les femmes ont gagné en pouvoir. Elle est devenue médecin et elle ne va pas retourner à ses fourneaux parce que les hommes sont revenus. Elle s’impose. C’est aussi cette partie de l’histoire que montre le film. Les femmes ont eu le droit de vote en Autriche en 1918, comme au Luxembourg un an plus tard», indique Alexander Dumreicher-Ivanceanu, l’un des quatre producteurs du film (avec Sabine Moser et Oliver Neumann et Bady Minck). Cette jeune femme qui n’a pas froid aux yeux va devenir indispensable au héros dans la poursuite de son enquête. Bien sûr, une histoire d’amour ne pourra que naître entre ces deux âmes que tout oppose.

Le tournage va se poursuivre au Luxembourg puis en Autriche pendant plusieurs mois. Il faudra encore patienter avant de voir Hinterland sur grand écran.

Audrey Libiez

Deux acteurs luxembourgeois à l’affiche

«C’est un très bon scénario comme on en reçoit peu», lance Marc Limpach, l’un des deux acteurs luxembourgeois qui partagent l’affiche du film Hinterland. Souvent, après 20 minutes, on a du mal à poursuivre la lecture. Là je voulais connaître la fin. C’est toujours bon signe», explique l’acteur devenu populaire notamment pour son rôle dans Bad Banks, la série germano-luxembourgeoise (Letterbox et Iris Productions) en coproduction avec la ZDF et ARTE.

Cette fois, il incarne Victor Renner, le chef de la police de Vienne et ancien ami de l’un des personnages principaux qui revient de la Grande Guerre. Les deux hommes ont un vécu totalement opposé : «Peter Perg est à la recherche d’héroïsme, alors que mon personnage est plutôt opportuniste, analyse Marc Limpach. «Il y a toujours une histoire émotionnelle derrière un personnage qu’il faut sentir sans tout exprimer. Il faut laisser un peu de mystère dans le personnage.»

Inspiré par sa vie à Vienne

C’est sa prestation dans Ashcan (sur l’histoire de la prison secrète où étaient incarcérés des dirigeants nazis à Mondorf) qui a convaincu la production d’Hinterland d’engager Maximilien Jadin. Cet acteur luxembourgeois a habité à Vienne, une source d’inspiration pour son nouveau rôle de jeune policier, puisqu’il s’est imprégné de l’attitude des Viennois : «Mon personnage est très poli et strict, il veut devenir un excellent policier. C’est dans ce sens que je me suis inspiré de la mentalité des Viennois, car on retrouve souvent ce trait de caractère en eux.» Lui-même se retrouve un peu dans ce personnage : «J’essaye d’être strict avec moi-même, d’être dans la perfection autant que possible.»

Un autre aspect du film lui plaît particulièrement : sa noirceur. «Tous les personnages sont un peu sombres», assure l’adepte de films d’horreur. Une caractéristique qui tranche pourtant avec son apparence joviale et souriante. Selon lui, les costumes et maquillages accentuent encore ce côté film noir.

Et ce décor bleu du sol au mur, qui aurait pu être un handicap pour se projeter dans une scène, ne l’impressionne pas : «C’est très intéressant comme expérience pour un acteur. Si je me concentre sur la personne avec laquelle je joue ou sur le cadavre d’une victime par terre, je n’ai pas besoin de l’environnement autour. Je l’imagine, simplement.»

Une aide précieuse

Le film Hinterland, produit notamment par Amour Fou Luxembourg, a bénéficié de 1 600 000 euros d’aide. Un montant accordé par le comité de sélection du Film Fund Luxembourg. Cette aide, selon l’un des producteurs, était indispensable pour la réalisation du film.

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