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Gouvernement : la continuité a ses limites


(Photo : alain rischard)

La politique du nouveau gouvernement n’est pas une continuité de la précédente à plusieurs égards. Les députés de l’opposition s’en rendent compte en commission.

C’était au tour de Xavier Bettel, ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et de la Coopération, de présenter sa politique aux députés, lundi en commission. «En ce qui concerne les relations bilatérales, Xavier Bettel a affirmé vouloir approfondir la coopération et les relations avec les États-Unis, la Chine et le Royaume-Uni», selon le site de la Chambre. Le gouvernement entend maintenir de bonnes relations bilatérales avec la Chine «en cohérence avec les intérêts économiques et les valeurs du Luxembourg, dont notamment les droits de l’homme».

Pendant l’entretien, il a justement été question de la bonne gouvernance des entreprises dans le but de les responsabiliser en matière de droits humains et de respect de l’environnement. Il s’agit d’introduire un devoir de vigilance pour contraindre les firmes à respecter ces valeurs tout au long de leur chaîne d’approvisionnement. La députée Sam Tanson n’a pas obtenu de réponse à ce sujet de la part de Xavier Bettel alors qu’une directive de la Commission attend de passer devant le Parlement européen et que des pays comme l’Allemagne ou la France ont légiféré en la matière.

Social- and greenwashing

Avant les élections, toutes les têtes de liste avaient répondu à un questionnaire établi par l’Initiative pour un devoir de vigilance, composée de 17 organisations de la société civile. «Au lieu d’entamer un vrai processus de responsabilisation des entreprises, le ministère des Affaires étrangères a préféré lancer un Pacte volontaire ensemble avec l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL). Ce Pacte national n’est rien d’autre que du social- and greenwashing à ce stade», regrettait l’Initiative.

Une loi aurait contraint les entreprises domiciliées au Grand-Duché de faire face à leurs responsabilités lorsque leurs activités à l’étranger menacent les droits humains et l’environnement. Or, le questionnaire a révélé que les libéraux ont freiné les ardeurs de ses partenaires écolos et socialistes qui voulaient légiférer, même en cas d’échec de la directive européenne. Seul Lex Delles (DP), qui répondait à la place de Xavier Bettel, s’était déclaré contre une telle législation. «On voit donc également qui s’est opposé le plus à un avancement pendant cette période législative», en avait conclu l’initiative citoyenne, alors que Sam Tanson et Paulette Lenert y étaient favorables.

Efforts proactifs

Marc Baum et Sven Clement se déclaraient également en faveur d’une législation nationale, alors Luc Frieden s’y opposait, comme son actuel partenaire de coalition.

Il ne faudra donc pas s’attendre à une loi nationale pendant cette législature. Lex Delles et Luc Frieden étaient également les seuls à s’opposer à un renversement de la charge de la preuve en faveur des victimes.

L’ancien ministre de l’Économie, Franz Fayot, avait précisé à un député qui l’interrogeait l’année dernière sur ce sujet que de nombreuses entreprises luxembourgeoises entreprennent d’ores et déjà des efforts proactifs en matière de devoir de vigilance en rejoignant des associations comme l’Union luxembourgeoise de l’économie sociale et solidaire (Uless), ou encore en sollicitant le label Entreprise socialement responsable de l’Institut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR), qui est une émanation de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL). Le fameux pacte volontaire que critique l’Initiative pour un devoir de vigilance.

Toits et façades vertes

 Si les députés qui ont sollicité Xavier Bettel au sujet d’une loi nationale n’ont pas obtenu satisfaction, il en est de même en ce qui concerne la politique environnementale de ce gouvernement. Après le ministre des Affaires étrangères, c’est le ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, Serge Wilmes, qui a fait son grand oral.

Au sujet de la biodiversité, il a affirmé «qu’il était erroné d’opposer les efforts en matière de constructions et la protection des espèces». Un urbanisme bien pensé, selon le ministre, «donne de la place aux espaces naturels et permet ainsi de créer un environnement favorable à la biodiversité», et de citer l’exemple des toits et façades vertes.

D’une manière générale, Serge Wilmes est d’avis qu’en matière de protection de l’environnement, «il ne faut pas aliéner les gens» et que «l’environnement aille vers plus de justice sociale».

Droits humains et protection de l’environnement ne doivent pas entraver les objectifs de croissance économique que s’est fixés le gouvernement, c’est ce que l’opposition a pu comprendre aujourd’hui.

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