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Fusillade à Remich : une tentative de drague se termine en tentative d’homicide


«En conclusion, les faits tels que le prévenu dit qu’ils se sont produits au café sont absolument crédibles, mais pas en dehors», note le policier. (Photo : archives lq)

Entre la tentative de drague et celle d’homicide, le doute règne. Les enquêteurs ne parviennent pas à reconstituer le parcours du tireur avec certitude.

La victime, lorsque nous l’avons interrogée à l’hôpital, nous a expliqué qu’elle faisait partie du milieu albanais, un milieu spécial, et que même face à un tribunal, elle n’identifierait pas l’auteur des coups de feu pour ne pas mettre sa famille en danger», explique l’enquêteur de la section homicides de la police judiciaire, entendu hier après-midi. La veille, à la barre de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, face à l’auteur présumé de la fusillade qui a eu lieu à Remich le 24 novembre 2020, Endrit a répété à plusieurs reprises que le prévenu avait dû être surpris ou s’être senti menacé, mais n’avait certainement pas voulu le tuer.

Aldo, un Albanais de 33 ans, est accusé de tentative d’assassinat ou de meurtre. Il avait passé la soirée au café Seven sur la place du Marché avec trois jeunes femmes avant qu’une altercation ait lieu et dégénère en fusillade en pleine rue. Quatre ou cinq coups de feu. Le prévenu prétend avoir tiré en état de légitime défense alors qu’il se trouvait face à une demi-douzaine d’hommes armés de matraques et de couteaux et qu’il avait été blessé à la cuisse. Une balle traverse le mollet gauche de la victime. Une autre, sa chaussure droite.

L’enquête de police permet de remonter rapidement vers Aldo. Notamment parce qu’il avait signalé avant les faits à la police la perte de son porte-monnaie. La photographie sur son passeport ressemble à la description du tireur faite par les témoins ainsi qu’à la personne figurant sur les images de vidéosurveillance. «Le témoin principal a reconnu sa photographie sur une planche. C’était le numéro 8!», a souligné le policier. Mais Aldo était déjà en fuite en Albanie.

Un e-mail anonyme permet à la police belge de retrouver l’arme, un pistolet Glock, dans un appartement bruxellois. À deux pas du domicile de sa coprévenue, suspectée de la lui avoir fournie. Son ADN a été retrouvé sur une des douilles relevées à Remich. Des munitions de la même marque sont également retrouvées dans l’appartement bruxellois, de même que des fusils automatiques, un revolver et des documents au nom d’Aldo. En prison en Allemagne après être tombée dans le cadre d’un trafic de stupéfiants, la jeune femme a indiqué aux policiers qu’Aldo était un ami de son mari. Elle ne s’est pas présentée face aux juges luxembourgeois et sera donc jugée par défaut.

«Victime d’un guet-apens»

Les circonstances qui entourent les faits sont troubles. Aldo n’aurait pas apprécié que sa victime et son cousin aient flirté avec les trois jeunes femmes qui l’accompagnaient, dont l’une était sa petite amie à l’époque. «Lors de ses auditions, le prévenu a assuré avoir été victime d’un guet-apens», souligne le policier de la section homicides. Dans un appel téléphonique reçu en détention préventive et enregistré par un codétenu, un homme, présenté comme le cousin de Jürgen, affirme que les hommes qui lui auraient tendu ce guet-apens seraient venus s’armer à son domicile à quelques rues du café Seven. «Il est difficile d’introduire ce document dans l’enquête, puisqu’il manque huit minutes d’enregistrement», ponctue l’enquêteur.

Les autres protagonistes de l’affaire n’aideront pas davantage les policiers à comprendre les faits. Endrit avait prévenu les policiers de son intention de ne pas incriminer son agresseur. Jürgen a nié avoir été armé et avoir dragué les jeunes femmes. Les affirmations des autres témoins divergent et les enquêteurs ne sont pas parvenus à établir de lien entre le prévenu et sa victime. «En conclusion, les faits tels que le prévenu dit qu’ils se sont produits au café sont absolument crédibles, mais pas en dehors. En tout cas, pas si on compare les dires du prévenu aux images de vidéosurveillance», note le policier.

Le pedigree du jeune homme joue en sa défaveur. «Nos collègues allemands et albanais le connaissaient pour des trafics de drogue et il était connu de la police néerlandaise pour blanchiment d’argent», précise l’enquêteur. Aldo a reconnu mardi «ne pas être un saint» et avoir des démêlés avec la justice depuis ses 18 ans. Le grand jeune homme a figuré sur la liste des personnes les plus recherchées par les polices européennes après avoir fui vers son pays d’origine depuis la capitale belge. Il a été arrêté le 11 décembre 2021 à Bruxelles et placé en détention préventive le 17 mars 2022 après avoir été extradé vers le Luxembourg.

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