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Fusillade à Remich : le prévenu mise sur son CV pour se disculper


Le prévenu a, selon son avocat, réagi à «une première attaque violente, puis à une attaque imminente dont il a été la victime».

Le prévenu mise sur son CV criminel pour se disculper de la tentative de meurtre dont il est accusé. Il n’aurait pas manqué sa cible s’il avait eu l’intention de l’abattre, a soutenu Me Stroesser, son avocat.

Mercredi, le parquet a conclu à la tentative de meurtre et requis une peine de 12 ans de prison à l’encontre d’un membre d’une organisation criminelle albanaise internationale. Aldo, 33 ans, «n’est pas un amateur», a prévenu son avocat, Me Stroesser, hier, en préambule de sa plaidoirie.

Si le jeune homme avait voulu supprimer Endrit, il n’aurait pas hésité et ne lui aurait pas uniquement tiré dans le pied et le mollet. «Les deux seuls points avec lesquels je suis d’accord dans le réquisitoire du parquet sont l’absence de préméditation et la détention d’une arme prohibée», annonce l’avocat qui a demandé au tribunal de requalifier les faits en coups et blessures volontaires et a plaidé la légitime défense de la part de son client ainsi que l’excuse de provocation.

Ce qui, le cas échéant, réduirait considérablement la peine prononcée. La peine maximale encourue serait alors de deux ans.

La défense a ensuite critiqué une enquête et une instruction à charge et lacunaires ne permettant pas d’apporter la preuve de l’intention criminelle de son client. «Aldo se tenait immobile, 3 ou 4 mètres face à sa victime présumée.

Le Glock 30 est précis à cette distance. Le tireur a 30 ans, est membre d’un club de tir depuis de nombreuses années et c’est un très bon tireur qui parvient à réajuster parfaitement son arme entre chaque tir pour tirer trois fois au même endroit. C’est la preuve qu’Aldo sait manier une arme», a avancé Me Stroesser en réponse aux arguments opposés par la représentante du ministère public la veille. Elle avait insinué que le prévenu était un pied nickelé sous emprise de cocaïne et armé de matériel ne permettant pas une grande précision de tir.

Aldo savait ce qu’il faisait. «Endrit ne doit pas sa vie à des circonstances indépendantes de la volonté du prévenu» et «aucun acte de nature à causer la mort ne ressort de ce dossier», a fait valoir Me Stroesser.

Le prévenu a, selon lui, réagi à «une première attaque violente, puis à une attaque imminente dont il a été la victime». Il a même ajouté qu’il s’agissait «d’une agression injuste». Des images de vidéosurveillance visionnées mercredi après-midi montrent le prévenu poursuivant un certain Jürgen et un autre individu.

Lui-même est poursuivi par sa victime présumée et un autre homme. À 22 h 31, Aldo se retourne et tire trois coups de feu, se sentant menacé.

Aldo a été encouragé à tirer

Il n’aurait non plus jamais été question de préméditation de la part du prévenu. Aldo portait déjà l’arme sur lui lors de l’altercation avec Jürgen et Endrit dans le bar Seven quand «ce gros lourd» a cherché la bagarre en draguant les trois demoiselles qui accompagnaient Aldo. «Aldo ne l’a pas sortie. Si Jürgen n’était pas venu le chercher, il ne se serait rien passé. De même que si Endrit ne l’avait pas poursuivi avec une arme à la main, Aldo n’aurait pas été obligé de tirer.»

À chacun sa lecture du dossier, ses certitudes, ses doutes et son interprétation des images de vidéosurveillance en se basant sur le profil du prévenu, qui a trempé depuis sa majorité dans de nombreuses affaires en lien avec le trafic de drogue et la vente d’armes. Un CV à double tranchant sur lequel Aldo mise comme un va-tout pour le disculper de la tentative de meurtre.

Le 24 novembre 2020, il se trouvait à Remich pour louer un local commercial et ce CV lui est revenu au visage comme un boomerang, selon sa version des faits. Et plus particulièrement, la peur de croiser un homme tout droit sorti de son passé.

Jürgen a sous-estimé ce CV, selon Me Stroesser qui entretient la thèse du règlement de comptes. «Il s’est surestimé parce qu’il jouait à domicile et que son oncle vivait à proximité.» Malheureusement pour la défense, aucune vidéo ne donne corps au guet-apens dénoncé par Aldo.

Tout comme les témoignages à géométrie variable des protagonistes. Les deux camps dénoncent des complicités qui les auraient amenés à «accorder leurs violons» au sein de la communauté albanaise locale. La vérité de l’affaire se trouve quelque part au milieu de toutes ces déclarations.

Aldo a eu le dernier mot, comme il est d’usage : «Ils préméditaient de faire quelque chose, pas moi. Je veux bien payer pour ce que j’ai fait, mais pas pour ce dont on m’accuse. Oui, j’ai tiré, mais je n’ai pas eu le temps de réagir autrement face à la menace.»

Quant à la jeune femme suspectée de lui avoir fourni le pistolet, son avocat, Me Rollinger, a plaidé en faveur de son acquittement pour toutes les charges qui pèsent contre elle. Son ADN avait été retrouvé sur une des douilles.

Le prononcé est fixé au 22 février prochain.

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