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[Football] Renouveler Zenica, puis croiser les doigts


(photo Mélanie Maps)

ÉLIMINATOIRES EURO-2024 Pour que l’Euro reste une éventualité dimanche, au coup d’envoi à Vaduz, il faut battre ce jeudi soir une Bosnie sur les rotules. Et que l’Islande tape la Slovaquie…

L’état d’esprit n’a pas changé, un mois plus tard : la qualification, le Luxembourg a encore la force de dire qu’il y croit. «Oui, nos chances sont moins élevées», admet Luc Holtz, mais son discours, ainsi que celui de ses gars, n’a pas varié d’un iota : «J’aimerais bien voir comment ça se passerait si on parvenait à gagner contre la Bosnie et que la Slovaquie était battue par l’Islande. J’aimerais voir le psychologique et l’émotionnel prendre le dessus avec nous à seulement deux points derrière…»

Ça, c’est le scénario idéal, celui que tous les rêveurs du pays imaginent encore possible justement parce qu’il n’est pas impossible. De fait, rien ne semble aller de travers dans ce fantasme. Le Grand-Duché peut battre une Bosnie décapitée (pas de Dzeko, pas de Pjanic, pas de Kolasinac) puisqu’il l’a déjà prouvé à l’aller et que son effectif ne semble pas outrageusement surpasser qualitativement celui du Luxembourg.

La Slovaquie peut se faire battre par une Islande qui se remet tout doucement à l’endroit après une campagne totalement ratée. Il s’agirait après tout simplement d’un jeudi soir renversant qui conduirait dimanche les Roud Léiwen à Vaduz pour y défier le Liechtenstein avec l’espoir de se qualifier pour le premier Euro de son histoire. Rien de fou. Mais quelque chose d’improbable quand même.

Surtout, souvenez-vous de Zenica

Les Bosniens ont d’ores et déjà annoncé, eux, qu’ils préparaient leur barrage de Nations League du mois de mars. C’est facile pour eux, cela ne leur coûte rien : ils n’ont pas le choix. L’Euro passera forcément par là. Mais Holtz a relevé que ce match sans enjeu direct pour l’hôte du jour en revêt un singulier pour ses individualités : quelques garçons vont être sur les dents pour gratter leur place avant les matches décisifs du début d’année prochaine, voire ceux de juin si qualification il y a.

C’est l’autre discours traditionnel : quand les patrons ne sont pas là, les seconds couteaux veulent se positionner. À croire que le Grand-Duché ne gagne jamais au change ? Osons pourtant dire aujourd’hui qu’avec la maîtrise qu’il affiche, ce groupe voit arriver la Bosnie en position de force : cette dernière est délestée de quasiment tous les garçons qui peuvent faire des différences individuelles. Et ça compte, quoi qu’en dise le sélectionneur.

Surtout parce qu’il y a un précédent. Le match aller contre la Bosnie (0-2) fait en effet partie, désormais, des références incontournables de cette génération. Si la production face à la Slovaquie le mois dernier a accouché sans aucun doute possible de la plus belle (première) mi-temps du football luxembourgeois dans ce siècle, le sens du sacrifice, l’organisation, le vice, le réalisme de Zenica, le 20 juin 2023, pourraient longtemps rester comme le mètre étalon de ce que cette équipe peut produire. Des prestations d’une froide lucidité. De celles qui ouvrent des portes, même celles qui semblent se fermer. Même celle menant à l’Euro-2024. Reproduire Zenica, ou la première mi-temps de la Slovaquie, c’est l’assurance qu’à Brastislava, les Slovaques seront maintenus sous pression.

Le mois dernier, ces derniers ont fêté leur chanceux succès (0-1) sans aucune vergogne, sur cette pelouse du stade de Luxembourg, comme s’ils étaient déjà qualifiés. Ce sentiment a dû avoir le temps de s’évaporer pour faire place à un autre, plus concret : il leur manque un point. Et leur calendrier n’est pas des plus faciles. Nous aussi, on aimerait voir ce que donnerait un Bosnie – Slovaquie dimanche soir, avec seulement deux points d’avance dans ce groupe J qui n’est pas fini…

 

Sinani veut un 10 sur 10. Son club aussi, surveillera son efficacité.

Danel Sinani a égrené les lieux communs d’un international interrogé sur son club dans le pire endroit de la terre : quand il est en sélection. Au mieux, on y raconte des platitudes. Au pire, on y dit des conneries. C’est bien pour cela que la plupart des joueurs au monde évitent si possible, quand ils ne jouent pas (ou peu) en club, d’en parler.

Pourtant, c’est une évidence, l’ancien Dudelangeois a toutes les raisons d’être déçu : son temps de jeu à Sankt-Pauli est famélique et c’est une saison galère chez le leader de 2e Bundesliga qu’il s’offre actuellement. Mais comme souvent, les joueurs offensifs du pays parviennent à se refaire la cerise sous le maillot du Luxembourg. Sinani n’échappe pas à la règle, d’autant plus qu’il a troqué le «9» pour le «10», chipant le numéro fétiche de son enfance à Gerson Rodrigues pendant qu’il était mis à l’écart par le staff, mais sans visiblement l’avoir totalement désiré : «Franchement, ça ne change rien. Moi, le 9 ou le 10, franchement…»

Quel que soit le numéro, il serait aujourd’hui bien inspiré de ressortir le même match qu’à l’aller contre les Bosniens, ponctué notamment d’un but plein d’opportunisme sur le 2-0 : Sankt-Pauli regarde. Comment faire autrement ? C’est son gardien de but Nikola Vasilj qui sera en face, opposé à ce joueur de banc qui fait pourtant des étincelles à l’international.

Et qui a reçu des consignes à peine voilées de son entraîneur en conférence de presse. Holtz a appelé son secteur offensif à plus de précision dans les vingt derniers mètres, pour éviter une deuxième désillusion comme face à la Slovaquie. Sinani, assis à sa gauche, a forcément entendu : «On peut toujours s’améliorer dans l’efficacité, même si les jours sans, ça existe. On doit montrer plus de sang-froid devant le but. C’est là qu’on doit progresser, parce que le reste, on sait faire. On voit bien, lors des analyses vidéo, que parfois, on ne fait pas les bons choix.» Là, il faudra. Pour un quatrième but dans cette campagne, qui le ferait rejoindre Morata (Espagne) ou Saka (Angleterre) au rayon des buteurs les plus prolifiques d’Europe…

J. M.

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