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Double peine pour les futurs retraités


«Tout le monde est-il prêt à faire subir un manque à gagner d’au moins 11,5 % et d’au plus 21,8 % au titre de leur pension personnelle aux retraités de 85 ans?» (Photo : archives lq/tania feller)

La réforme des retraites de 2012 finira-t-elle par coûter 314 000 euros à un salarié moyen ? C’est la question que se pose la Chambre des salariés dans son dernier Econews.

La situation va se dégrader peu à peu pour les retraités à travers deux mécanismes qui passent encore inaperçus, mais dont les effets ont pour conséquence d’éroder peu à peu nos pensions. «Les pensions pour des carrières identiques vont baisser considérablement», prévient la CSL en donnant des exemples concrets, de sorte qu’en 2052, quand la réforme aura porté tous ses fruits, la pension d’un salarié rémunéré toute sa carrière au salaire moyen sera presque 13 % plus faible qu’en 2012.

Ce n’est pas tout, à cette baisse se rajoutera un manque à gagner durant le temps de vie en pension qui se cumulera d’une année à l’autre alors que le niveau des pensions risque de ne plus être intégralement ajusté à l’évolution des salaires. «Ce manque à gagner du non-réajustement intégral se traduira par une pension qui sera entre 11,5 % et 21,8 % plus faible après 25 ans de pension», calcule la CSL. La combinaison des deux dégradations signifie qu’un salarié moyen aura, après 25 ans en retraite, une pension qui sera entre 23 % et 32 % plus faible qu’en absence de réforme.

Ainsi, pendant sa pension, il aura perçu entre 314 000 euros et 404 000 euros de moins qu’en absence de réforme. «Cette baisse significative des pensions entraînera des conséquences sociales potentiellement très importantes avec un taux de pauvreté des retraités qui est condamné à la hausse», prévient la chambre professionnelle.

À titre d’exemple, elle cite le cas d’un salarié qui a passé sa carrière complète de 40 ans à un salaire réel correspondant au salaire moyen équivalent temps plein de 2021 (5 782 en euros constants d’avril 2023) et qui part en retraite à 60 ans. En 2013, il aurait perçu un peu plus de 5 000 euros, ce qui correspond à un taux de remplacement de 86,7 %. En revanche, une fois que la réforme aura abouti, la pension d’une personne avec la même carrière entrant en retraite atteindra un peu moins que 4 400 euros, représentant un taux de remplacement de 75,7 %, soit une baisse de 12,7 %.

«Si l’on considère avec Eurostat que l’espérance de vie à l’âge de 60 ans s’élève à 25 ans, l’on peut dire que, sur l’ensemble de son temps de retraite à partir de 2052, ce salarié moyen perdra plus de 190 000 euros constants à cause de la réforme.»

S’ajoutent à cela les prévisions de l’Inspection générale de la sécurité sociale qui laissent entendre que les retraites ne seront plus intégralement réajustées à l’évolution des salaires à partir de 2030, mais pour moitié seulement. «Or, un tel réajustement partiel est loin d’être une bagatelle, il entraîne des conséquences considérables sur l’évolution du niveau des pensions ainsi que celle du rapport entre le niveau de vie des salariés et des retraités», analyse la Chambre des salariés.

Ajustement aux salaires

Exemple : un retraité dont la pension personnelle de vieillesse correspond au niveau moyen de 2021, soit 3 738 euros, ne percevrait que 2 924 euros sans ajustement des 25 dernières années, donc une pension qui serait 21,8 % inférieure à son niveau effectif. «Un ajustement partiel, disons de 25 % (modérateur de réajustement à 0,25), serait encore très préjudiciable», estime la CSL. Même en présence d’un modérateur de réajustement fixé à 0,5, le niveau de la pension de ce retraité moyen serait toujours 11,5 % inférieur au niveau effectif.

«Tout le monde est-il prêt à faire subir un manque à gagner d’au moins 11,5 % et d’au plus 21,8 % au titre de leur pension personnelle aux retraités de 85 ans?», questionne la chambre professionnelle.

La première baisse (celle du taux de remplacement) est déjà en cours et finira par montrer ses pleins effets en 2052. L’autre (la baisse du modérateur de réajustement) devrait commencer à se faire sentir dès 2030 et son effet négatif sur les pensions se cumulera sur toute la durée de pension d’un retraité.

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