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Déi Lénk n’est pas un parti extrémiste


Déi Lénk fait le travail parlementaire à deux députés et c’est épuisant. C’est frustrant aussi quand d’autres députés-maires ne font rien du tout. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Ils en ont assez d’être classés dans un parti d’extrême gauche, alors que les seuls extrêmes qu’ils connaissent à la Chambre sont à l’ADR. Il ne faudrait pas confondre, disent-ils. Incomparable.

Il y a de la lassitude dans la voix de Nathalie Oberweis, qui quitte la politique nationale pour ne conserver que son mandat de conseillère communale. Son choix d’être plus présente aux côtés de ses jeunes enfants n’explique pas tout. «Je suis un peu désabusée par le fonctionnement de l’institution», lance la députée de déi Lénk, usée par la charge de travail qu’elle a partagée avec sa collègue Myriam Cecchetti. «J’avais l’impression de ne pas valoriser le travail de député», dit-elle, tout en observant certains autres au Parlement qui ne prennent pas souvent la parole, trop occupés à remplir un autre mandat, de bourgmestre ou d’échevin.

«On voit des députés-maires qui ne font rien du tout, c’est vraiment un manque de respect pour les électeurs», s’indigne Nathalie Oberweis. La question du cumul des mandats refait régulièrement surface dans le débat politique, mais rien ne se passe et «c’est très fâcheux», estime-t-elle. Déi Lénk a déposé une proposition de loi pour rendre incompatible le mandat de maire avec celui de député, mais reste sans nouvelles de son parcours.

«Je pense que l’on vit dans une société dépolitisée et beaucoup ont perdu espoir car rien de change», analyse Nathalie Oberweis. Pour elle, le non-cumul des mandats est «un signe d’espoir» et pourrait même motiver les citoyens à faire de la politique. Cela contribuerait à sortir l’institution de la naphtaline. «Dans cette Chambre, il y a des inerties totales. Nous sommes face à des urgences de toutes sortes, la crise climatique, la crise du logement et ce qui me frustre, c’est de constater que les autres partis ne voient pas que la maison brûle», déclare l’élue de gauche, consciente de nager à contre-courant de tous les autres partis. «Nous, nous sommes motivés par ces urgences, mais nous n’arrivons pas à convaincre les autres de prendre les mesures pour combattre les crises», ajoute-t-elle.

La cause en est que la Chambre des députés ne représente pas le pays ni ses résidents, «ni linguistiquement ni socioéconomiquement», analyse encore Nathalie Oberweis. «Ils sont tous propriétaires ou multipropriétaires, donc il n’y a pas urgence à régler le problème de la spéculation», lâche amèrement la députée. Du grand slogan lancé dix ans plus tôt par les trois partenaires de la coalition, «ouvrir grand les fenêtres» et «donner plus de transparence à la vie politique», il ne reste pas grand-chose. Dommage, car déi Lénk a su dénoncer des dysfonctionnements dans certaines prises de décisions qui privilégient certains modèles plutôt que d’autres, en toute opacité.

Une commission d’enquête

C’est de la clarté dont les gens ont besoin, selon Myriam Cecchetti, qui va droit au but quand elle résume les positions des élus de déi Lénk, souvent taxés d’extrémistes. Elle a décliné toute une série d’exemples sur un ton ironique, montrant que les seuls extrémistes à la Chambre des députés sont assis sur les bancs de l’ADR et proposent des solutions simplistes et populistes, «et tout ce qui n’est pas petit bourgeois, ça ne passe pas».

 «Nous voulons plus de logements locatifs, éviter les logements vides, nous voulons une deuxième chance pour les exclus, une protection pour les femmes victimes dans un ménage toxique, des travailleurs mieux payés, de l’ordre de 300 euros de plus. Nous plaidons pour que le capital soit davantage imposé, pour des contrats collectifs partout, pour une meilleure éducation qui valorise aussi l’artisanat, et nous voulons aussi un dialogue avec Poutine, comme Xavier Bettel, alors bienvenue au club des extrêmes!», lance Myriam Cecchetti.

Même l’idée des transports en commun gratuits, c’est une idée «extrême» de déi Lénk, qui avait d’abord été moquée par Pierre Gramegna et François Bausch avant d’être adoptée par le gouvernement, comme le rappelle David Wagner. Il profite de ce bilan pour moquer à son tour le ministre de l’Économie, Franz Fayot, et sa réaction face à l’analyse de l’Autorité de la concurrence condamnant des pratiques nauséabondes dans le secteur de la construction et des promoteurs en particulier. «C’est maintenant que l’État se décide à agir, c’est lamentable», conclut l’ancien député.

Pour Marc Baum, lui aussi un ancien du Parlement, l’Autorité de la concurrence «n’est pas vraiment une organisation d’extrême gauche, elle est plutôt une institution libérale indépendante», fait-il observer. Il annonce que déi Lénk demandera une commission d’enquête sur ces pratiques dès la rentrée prochaine de la Chambre des députés, en octobre. Avec une fraction que le parti espère plus étoffée.

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