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Ras-le-bol des habitants : «Le Pfaffenthal n’est pas une autoroute pour les vélos»


À la croisée des rues, la priorité est, semble-t-il, au cycliste le plus rapide. (Photos : sophie kieffer)

Le Pfaffenthal n’est pas une autoroute pour les vélos, rappellent les habitants, qui aimeraient que les cyclistes activent leurs neurones en même temps que leurs mollets.

« Il va bientôt falloir des pistes pour les piétons si cela continue! », lance Chantal, une habitante du Pfaffenthal. Dans ce petit quartier de la capitale, la grogne monte contre les conducteurs de deux-roues. Une partie de la rue Laurent-Menager est rue cyclable depuis mars 2021, mais la grogne remonte à la mise en service de l’ascenseur et de la gare périphérique. Avant cela, le quartier avait mauvaise réputation et on ne s’y aventurait guère. À la croisée des rues Menager, du Pont et Mohrfels, certains riverains aimeraient freiner les ardeurs des cyclistes ou pilotes de trottinette électrique.

«Rue Mohrfels, c’est le pire. Des habitants utilisent des déambulateurs pour se déplacer ou promènent leurs bébés. Les cyclistes n’ont pas la patience d’attendre et klaxonnent sans arrêt, quand ils ne s’énervent pas», explique Chantal. La rue Mohrfels, qui enserre une rangée d’immeubles, est double : d’un côté, une allée étroite longeant l’Alzette et, de l’autre, une ruelle pavée typique du quartier où passe la piste cyclable officielle.

«Les cyclistes n’aiment pas les pavés, alors ils empruntent l’allée où sont les entrées d’immeuble», précise Annelore, une riveraine. «Ils arrivent à une telle vitesse que les habitants ont peur de sortir de chez eux avec des enfants ou un chien.» «Un de ces quatre, il y en a un qui va aller se baigner dans l’Alzette», prévient Chantal, terreur autoproclamée des cyclistes. «Je n’ai rien contre eux, mais qu’ils se tiennent au code de la route!»

Rue Mohrfels, le passage est parfois difficile pour les piétons et les deux-roues, ce qui génère des conflits.

«Prioritaires partout où ils passent»

Dans les parcs, l’administration communale a délimité les chemins accessibles aux piétons et aux cyclistes par des pictogrammes pour éviter les conflits. Les témoignages récoltés au Pfaffenthal montrent que le courant ne passe pas partout. «Certains cyclistes se croient en plein contre-la-montre», commente un ancien du quartier croisé rue Laurent-Menager. «C’est étonnant qu’il n’y ait encore eu aucun accident.»

En effet, un après-midi à la terrasse d’une des brasseries-restaurants du quartier permet de constater ce dont se plaignent les habitants. Certains cyclistes déboulent – souvent sans prévenir – de la montée du Pfaffenthal et poursuivent leur trajectoire mode fusée dans la rue Laurent Menager quand ils n’arrivent pas en sens inverse pour prendre l’ascenseur ou qu’ils ne se précipitent pas hors de l’ascenseur dans les ruelles étroites et pavées.

Petit train et hordes de touristes s’ajoutent aux cyclistes

Aux deux-roues s’ajoutent le petit train touristique, les hordes de touristes et les voitures étrangères perdues dans les sens-uniques où à la recherche d’une place de stationnement quand les parkings de la ville haute sont complets.

«À vélo ou à trottinette, ils foncent sur les trottoirs et c’est à toi, piéton, de descendre sur la route», explique Maggy, une riveraine qui a parfois l’impression de vivre le long d’une autoroute. «Il y a de plus en plus de passages. Un vélo n’a rien à faire sur un trottoir.» Une voisine confirme : «Et quand on rouspète, on se fait insulter!»

Installés à la terrasse de la brasserie-restaurant après leur journée de travail, des habitants s’emportent sur les cyclistes qui «arrivent sans regarder» et commentent les différents passages. Depuis longtemps, on a arrêté de prendre des gants. «Ils se pensent prioritaires partout où ils passent.»

Les habitants du Pfaffenthal aimeraient un peu plus d’attention et de civisme de la part des cyclistes.

Une pratique plus responsable du vélo

En soi, on n’a rien contre les vélos au Pfaffenthal. Les uns et les autres en font même régulièrement, mais on appelle à une pratique plus responsable et respectueuse. Dès les premiers beaux jours, le quartier s’anime et plusieurs générations se retrouvent, papotent et font pâlir de jalousie de nombreux quartiers quant à la pratique de la cohésion sociale.

Les enfants jouent dans les rues sous le regard bienveillant des voisins et des anciens qui veillent sur eux et montent d’un ton quand un cycliste ou un automobiliste tente une échappée risquée.

Slalom au milieu des riverains

«Certains ne font tout simplement pas attention et ne se retournent même pas quand on leur signale un danger. Il ne s’est rien passé, alors ils s’en fichent», note un riverain. Une bande de cinq jeunes sur des vélos en libre-service passe à ce moment-là en faisant la course, la musique à fond.

Une voiture arrive en sens inverse dans la ruelle, talonnée par un cycliste en tenue moulante et des touristes font des selfies au milieu du croisement. Le slalom commence. Au milieu du jeu de quilles : les riverains.

En désespoir de cause, ils proposent d’équiper les vélos de plaques d’immatriculation pour permettre aux citoyens de signaler les incivilités, d’installer des brise-vitesse ou de rendre piéton le cœur du faubourg. Selon les habitants, les vélos ont droit de cité, pas le manque de respect et l’inconséquence de certains cyclistes.

3 plusieurs commentaires

  1. Pareil pour Diekirch le long de la Sûre. Plus aucun plaisir de s’y promener surtout avec les enfants ou chien. En famille il faut y marcher comme des militaires un derrière l’autre… sinon gare aux klaxons qui vous effraient au dernier moment… c’est comme si tout leur appartenait.

  2. En plus un vélo est très dangereux car silencieux. On l’entend pas venir derrière soi. Que dire de la police qui ne fait rien du tout sur ce sujet ? Manifestment les cyclistes n’ont pas peur d’être verbalisés quad ils roulent sur les trottoirs ou à toute vitesse au milieu des piétons et des enfants.

    Le gouvernement est ausi responsable, c’est de sa communicaiton que vient ce sentiment de tout permis pour les cyclistes.

  3. A Esch/Alzette c’est pareil. Un de ces jours dans la rue Jean-Pierre Michels il va y avoir un accrochage. Les vélos arrivent à pleine allure sur le trottoir, parfois plus rapide que les voitures dans la rue qui est limitée à 30 km/h. Aux pietons de se mettre de coté, car ils pensent être prioritaires avec leur « Drootiesel ». Les vélos n’ont rien à faire sur un trottoir. Le shared-space ne fonctionne pas entre pietons et vélos.

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