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[C’était mieux avant] Sascha Palgen : «Pékin, c’était un exercice presque parfait» 


Sascha Palgen suit désormais de loin l’actualité de la gymnastique. (Photo : DR)

Le gymnaste rumelangeois revient sur sa très riche carrière, qui l’a mené jusqu’aux JO de Pékin en 2008.

Découvrez tous nos autres épisodes dans la rubrique dédiée « C’était mieux avant »

Le gymnaste le plus fort que vous avez affronté?

Sascha Palgen : Je dirais Alexei Nemov. J’ai toujours été impressionné par son élégance. Il rendait faciles des choses qui ne l’étaient pas. En plus, c’est quelqu’un de très sympa qui est venu une fois au Luxembourg lors du gala Top Gym. Il était invité par l’Étoile Rumelange. Je devais avoir 17 ans. On est allés au restaurant. Et avoir l’occasion de côtoyer son idole, c’est toujours passionnant. On a parlé de tout et de rien, de sa manière très dure de s’entraîner et il m’a dit que c’était plus facile d’être champion du monde que de devenir champion de l’Union soviétique!

Le plus gentil?

Il y en a beaucoup, car on est tous potes. Mais celui qui était culturellement différent, c’est Prashanth Sellathurai. Un gymnaste aborigène australien qui a été médaillé aux championnats du monde. Chaque fois, il t’encourageait. Il venait te féliciter en disant que tu avais fait un super exercice. Il parlait à tout le monde. Vraiment quelqu’un de très, très sympa.

Ses faits d’armes

Sascha Palgen a été le premier Luxembourgeois depuis 1964 à participer aux JO. C’était à Pékin en 2008, où il s’est classé 37e. Présent dans de multiples championnats d’Europe (16) et du monde (9), il a notamment pris la 17e place au concours général aux championnats d’Europe de Ljubljana, en Slovénie, en 2004. Par ailleurs, il ne compte pas moins de 55 titres nationaux. Et a remporté une fois la Bundesliga avec le club de Stuttgart.

Celui avec qui tu aurais aimé pouvoir plus discuter?

Je suis en contact avec de nombreux gymnastes sur Facebook. Maintenant, celui avec qui j’aurais aimé pouvoir discuter, c’est Josy Stoffel, qui est malheureusement décédé. J’aurais bien aimé qu’on puisse aller au restaurant pour parler de nos carrières respectives. Évoquer son immense carrière, ses participations aux JO, etc.

Votre plus belle victoire?

Les JO de Pékin en 2008. Et surtout mon exercice au sol, qui était ma discipline préférée. Pour moi, c’était un exercice presque parfait. J’obtiens une note très haute (15,200). Réussir une telle performance sur la plus grande scène du monde, ça reste quelque chose de particulier.

Le plus gros regret, c’est forcément d’avoir raté la qualification pour Londres

Votre plus gros regret?

Forcément, Londres-2012. J’ai enchaîné Tokyo et la Bundesliga avant de me présenter au Test Event de Londres en janvier. Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de récupérer comme il le faut et je rate ma compétition et notamment les barres parallèles. En plus je passais tôt le matin, il faisait froid, j’étais enroué et on a dû patienter longtemps dans le hall. En résumé, c’était trop tôt, trop froid. Résultat, je me retrouve premier réserviste pour les JO de Londres. Si le système de qualification avait été le même que pour Pékin, j’étais qualifié, mais il a changé.

Une compétition où il s’est passé quelque chose de particulier?

Mes premiers championnats du monde à Gand en 2001. J’étais dans la même subdivision que les Américains. Il y a eu une première coupure d’électricité qui a fait qu’on a dû patienter deux heures avant de pouvoir commencer notre compétition. Et il y en a eu une seconde alors que j’étais en train de faire mon exercice aux barres parallèles.

(Photo : archives LQ/Julien Garroy)

Une autre anecdote?

J’étais à Zagreb, pour participer à une Coupe du monde au sol, au cheval d’arçons et aux anneaux. C’était un tout nouveau hall sportif. Et après l’échauffement, je me rends compte qu’on m’a volé mon porte-monnaie. Du coup, je stresse un peu, j’appelle au Luxembourg pour faire opposition à toutes les cartes. Et finalement, peut-être que ce stress a fait que je n’ai pas stressé au moment de la compétition, puisque j’ai réussi à me qualifier pour deux finales!

Avec Manfred (Diehl), on avait une relation amour-haine pendant ma carrière. Maintenant, ce n’est que de l’amour

Un entraîneur qui vous a marqué?

Forcément, Manfred Diehl. J’ai commencé avec lui alors que j’avais 7 ans. Je dirais qu’il est un deuxième père pour moi. Pendant ma carrière, on avait une relation amour-haine. Maintenant, ce n’est que de l’amour. Il est encore passé à la maison il y a deux semaines. On a passé une belle soirée.

Votre plus grave blessure? 

C’était à l’entraînement au Luxembourg en 2005. Sur une combinaison de trois saltos avec un dernier double salto en avant pour terminer. Après le deuxième saut, je n’étais pas positionné exactement sur les pieds et dans ce cas, c’est compliqué d’enchaîner avec le double salto en avant. Je n’avais plus mes repères et je suis tombé sur la nuque. On m’a conduit à l’hôpital où on m’a dit qu’il n’y avait rien de grave. Mais le lendemain, j’ai appelé mon médecin en Allemagne et il m’a dit d’aller tout de suite le voir. J’ai bien fait. Il m’a fait passer un scanner qui a décelé une fracture à une vertèbre. J’ai eu beaucoup de chance. J’ai évité l’opération, mais j’ai dû faire une pause de six mois. Et je me rappelle qu’à mon retour, j’avais une certaine appréhension. Mais je n’ai plus jamais refait la même combinaison, car le code de pointage avait changé.

Le jour où vous avez décidé d’arrêter votre carrière?

Ce n’est pas moi qui ai décidé. C’était après les JPEE en Islande en 2015, j’étais rentré à Stuttgart, où je m’entraînais. On devait faire une simulation de concours général et au sol. Au moment de prendre mon appui, j’ai tout de suite senti que ça avait cassé. J’ai immédiatement stoppé le mouvement. Un entraîneur qui était avec moi m’a dit qu’il avait entendu un « crac« . Je savais que pour moi, c’était terminé. Je m’étais rompu le tendon d’Achille. Il fallait compter au moins six mois de récupération, six mois de plus pour retrouver mon niveau d’avant. Ce n’était plus jouable pour viser la qualification pour Rio.

Votre plus grande fête?

En 2007, après ma qualification pour les JO. Avec les autres gymnastes de Stuttgart qualifiés pour Pékin, on a fait la tournée des clubs. C’était vraiment une très belle fête!

Aujourd’hui

Sascha Palgen, âgé de 38 ans, est désormais éloigné de la gymnastique. Fonctionnaire d’État au sein d’une grande administration, il est l’heureux papa d’une petite fille de trois ans et, d’ici quelques jours, c’est un petit garçon qui viendra agrandir la famille. Au niveau sportif, il profite du fait d’habiter près de la Moselle pour pratiquer le kayak pour son plaisir.

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