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[C’était mieux avant] Paul Dunkel : «Reçus à Madère comme les Ronaldo de l’époque!»


Paul Dunkel : «À Madère, devant l’Automobile Club, tous les vainqueurs du rallye ont leur nom inscrit sur le trottoir. Là, c’est toujours marqué pour les vainqueurs de 1981 : Kridel-Dunkel.» (Photo : DR)

Paul Dunkel fut longtemps copilote du très expérimenté Aloyse Kridel avec lequel il a remporté une manche du championnat d’Europe, en 1981 à Madère. En 1978, ils étaient au départ du rallye Monte-Carlo. Paul Dunkel avait assuré en 3e pilote le parcours de concentration, une première partie disparue du programme d’un rallye de championnat du monde.

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Votre plus grand exploit?

Paul Dunkel : Il s’agit du rallye de Madère remporté avec Aly Kridel, et c’est bien normal, c’est la seule et unique fois qu’un équipage luxembourgeois est parvenu à remporter une manche du championnat d’Europe. Cette année-là, on roulait sur une Ford Escort BDA. On avait des voitures d’usine qui avaient fait auparavant les épreuves du championnat du monde. Elles repassaient en Belgique et Ford Luxembourg mettait ces voitures à notre disposition.

On avait de beaux rallyes à disputer sur les manches du championnat d’Europe. On a gagné des rallyes plus petits, mais Madère, c’était la taille au-dessus. Je me souviens de Jean-Claude Andruet qui roulait en Ferrari. Les Italiens roulaient en Abarth. On retrouvait les meilleurs d’Europe.

Aly préparait les voitures, on était des amateurs. Moi, je m’occupais de l’administration, de la préparation des hôtels. Dans le rallye, Aly était le pilote, j’étais le copilote. On avait les notes de l’Allemand Walter Röhrl  (deux fois champion du monde des rallyes), qui étaient très précises. Les autres avaient surtout des notes de pilotes français. Walter Röhrl reste le seul pilote à avoir remporté le Monte-Carlo sur trois voitures différentes. C’était un grand pro.

Paul Dunkel (à dr.) et Aloyse Kridel. (Photo : DR)

Votre plus grand regret?

Sur un rallye espagnol du côté de Tenerife où nous étions en tête. On a malheureusement touché un petit muret en montagne, qui dépassait de cinq centimètres sur la route. On a éclaté les pneus et on a dû abandonner.

Votre plus grande fête?

C’était forcément à Madère, dans l’hôtel où était donnée la réception. Comme nous étions des amateurs qui venaient de battre des professionnels, cela avait fait sensation. D’ailleurs, le lendemain, nous avions eu droit à un article et des photos dans L’Équipe. Notre voiture était mise sur le podium avec nous autour, cela a été fêté dignement. Nous étions reçus comme les Ronaldo de l’époque.

D’ailleurs, je suis repassé à Madère et, devant l’Automobile Club, tous les vainqueurs du rallye ont leur nom inscrit sur le trottoir. Là, c’est toujours marqué pour les vainqueurs de 1981 : Kridel-Dunkel. On est les seuls à ne pas être connus. Cette année-là, les petits Luxembourgeois ont gagné.

Le pilote le plus fou?

Une fois au rallye d’Ypres. On roulait en liaison sur route ouverte et, tout à coup, Aly me fait remarquer qu’il y a un accident devant nous, un pilote qui avait manqué son virage. En arrivant près de la voiture, je lui fais remarquer que la plaque d’immatriculation est luxembourgeoise.

En fait, il s’agissait de ma voiture personnelle d’entraînement, avec mes mécaniciens qui roulaient avant la course et avaient fait un tout droit dans un virage. Je venais de faire remarquer à Aly que le pilote devait être fou pour effectuer une telle sortie de route à cet endroit! Il s’agissait d’une Audi 200. Mais elle n’avait même pas une bosse, elle était juste tombée dans un ravin. Pas de dégâts. On a tellement rigolé!

Dans les pays de l’Est, les résultats qu’on recevait quinze jours après indiquaient des vainqueurs qui n’avaient quelquefois pas roulé pendant une demi-journée et une nuit entière

Le rallye que vous n’aimiez pas faire?

J’aimais tous les rallyes, sauf ceux dans les pays de l’Est, où on faisait les meilleurs temps. Lorsqu’on était à l’arrivée, on voyait des pilotes qui étaient loin derrière nous qui se retrouvaient devant nous. Ces tricheries étaient énormes. Je me souviens du rallye de Hongrie. C’était rageant. On se fâchait parfois.

Dans les pays de l’Est, les résultats qu’on recevait quinze jours après indiquaient des vainqueurs qui n’avaient quelquefois pas roulé pendant une demi-journée et une nuit entière. Lorsqu’on roulait en Belgique, on était devant certains pilotes des pays de l’Est qu’on ne pouvait jamais battre chez eux. C’était le jeu et nous étions des amateurs.

Votre rallye préféré?

Ypres. Aujourd’hui encore, je connais toutes les spéciales.

Votre plus grosse frayeur?

On n’a pas fait beaucoup de sorties de route. Au Monte-Carlo, c’est impressionnant, mais cela ne fait pas peur. Nos abandons étaient souvent mécaniques. Avec une boîte de vitesses, on faisait cinq rallyes, tandis que les pros changeaient à chaque rallye. Nous avions un train de pneus par rallye alors que les pros changeaient à chaque spéciale.

Sinon, on a fait une fois un tonneau à l’entraînement. En République tchèque. Il n’y a pas eu de dégâts sur la voiture d’entraînement.

Votre meilleure voiture?

La Ford Escort BDA. Des voitures d’usine qu’on recevait d’Angleterre. Ce sont de mon point de vue les plus belles voitures. Elles étaient vraiment extraordinaires. Quand tu es aux côtés d’un pilote comme Aly, alors tu te régales.

Le jour où vous avez décidé d’arrêter?

Dans les années 1985. La FIA (Fédération internationale du sport automobile) avait procédé à des modifications. Le Groupe 4 avait été remplacé par les Groupes B. Nous avions passé la quarantaine, notre travail nous prenait également beaucoup de temps.

Je me souviens que Nicolas Koob disait de nous qu’en fait de notes, nous avions le livre rouge du Guide Michelin, car Aly (Kridel) et moi, nous aimions toujours aller manger dans de bons endroits

Le pilote le plus fort avec lequel vous avez couru?

Au niveau luxembourgeois, Nicolas Koob a fait de très bons résultats, mais je me sentais toujours en sécurité aux côtés d’Aly. Aujourd’hui encore, je ne changerais pas. D’autres pilotes m’avaient demandé d’aller avec eux, j’ai toujours refusé.

Votre plus grande rigolade?

Je me souviens que Nicolas Koob disait de nous qu’en fait de notes, nous avions le livre rouge du Guide Michelin, car Aly et moi, nous aimions toujours aller manger dans de bons endroits. Une fois même à la radio, lors d’un entraînement, il a dit cette phase : « Moi, je m’entraîne, pas comme les autres, qui ont toujours le livre rouge. » On en rigole encore aujourd’hui lorsqu’une fois par an, on se retrouve avec les anciens pilotes luxembourgeois. À chaque fois, on est heureux de se revoir.

Le pilote le plus gentil?

Walter Röhrl. On s’entraînait ensemble, c’était un grand professionnel, nous étions des amateurs et il nous aidait toujours.

Ses faits d’armes

Paul Dunkel est resté la plupart du temps le copilote d’Aloyse Kridel, avec lequel il a participé au rallye Monte-Carlo. Lors de l’édition 1978, remportée par le Français Jean-Pierre Nicolas devant ses compatriotes Jean Ragnotti et Guy Fréquelin, on retrouvait un autre équipage grand-ducal, la paire Nicolas Koob-Dan Heiderscheid.

Dans cette édition 1978 du rallye Monte-Carlo, Paul Dunkel était troisième pilote. Il avait surtout assuré le parcours de concentration (il y avait alors neuf trajets possibles) reliant Varsovie à Gap, alors parc fermé du départ du Monte-Carlo. Il avait laissé ensuite sa place au duo composé d’«Aly» Kridel et de Léon Linden.

Mais c’est surtout avec son succès dans le rallye de Madère 1981, en championnat d’Europe, que le duo Kridel-Dunkel avait marqué les esprits.

Aujourd’hui

Paul Dunkel, 76 ans, revient juste du salon de l’Auto à Bruxelles où il est passé par pur plaisir. Retraité, cet ancien courtier en assurances garde une passion intacte pour tout ce qui touche aux automobiles, de collection ou actuelles. Avec son épouse Patricia, il voit grandir les cinq petits-enfants de ses deux enfants, Lynda et Christophe. Il reste passionné par le sport automobile.

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