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[C’était mieux avant] Nico Braun : «Mon plus beau but ? Il a été refusé !»


Aujourd’hui âgé de 73 ans, Nico Braun reste très au fait de l’actualité du FC Metz.

L’ancien international luxembourgeois et meilleur buteur de l’histoire du FC Metz ouvre la boîte à souvenirs, entre ciseau refusé, quadruplé face aux Verts et transferts avortés.

Quel est le joueur le plus fort que vous ayez affronté ? 

Jouer en Bundesliga était un rêve. Quand je l’ai réalisé en 1971, j’ai pu affronter Hambourg et mon idole, Uwe Seeler (finaliste du Mondial-66 avec l’Allemagne et auteur de 543 buts entre 1953 et 1972 avec Hambourg), dont j’admirais le jeu de tête – qui était aussi un de mes points forts. Pouvoir échanger avec lui après le match, un verre de bière à la main, c’était fou ! J’ai aussi eu la chance de jouer contre le Bayern Munich de Franz Beckenbauer. Je n’ai pas touché beaucoup de ballons, mais c’est peut-être aussi parce que je ne faisais qu’admirer Franz ! Mais l’Allemagne était alors la meilleure ligue d’Europe, et il y avait des grands joueurs dans tous les clubs.

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Et le plus fort avec lequel vous avez joué ?

À Schalke 04, à qui je dois ma carrière professionnelle, j’ai beaucoup appris de Klaus Fischer (finaliste du Mondial-82). Stan Libuda, qui n’acceptait de partager sa chambre qu’avec moi, était un cas très spécial, mais avec moi, il était comme un père. Pendant ma première saison, quand j’étais remplaçant et que le match était plié, il demandait souvent à être remplacé. Presque à chaque fois, c’est moi qui entrais, ce qui me permettait de toucher la prime de match ! Rien qu’une prime, ça me sauvait le mois niveau salaire. C’était le bonheur, mais Ivica Horvat (l’entraîneur) a fini par sentir le coup et par faire rentrer quelqu’un d’autre (il rit)!

On imagine que c’est lui, l’entraîneur qui vous a le plus marqué ? 

Oui, ne serait-ce que pour les entraînements spécifiques qu’il avait mis en place. En arrivant de l’Union, même en passant de trois entraînements par semaine à une séance par jour, j’ai vite senti que ça ne suffirait pas pour être un candidat sérieux à la première équipe, alors j’ai insisté pour avoir au moins une séance supplémentaire pour les avant-centres. Avec ce bonus-là, j’ai réussi à jouer plus souvent en Bundesliga, d’autant qu’au début de ma deuxième saison, un scandale a éclaté : Schalke avait vendu un match et toute l’équipe a été suspendue un an. Je suis devenu titulaire, mais à son retour, je ne me sentais pas de disputer la place de Klaus Fischer, qui était quand même l’attaquant de l’équipe nationale. C’est là que s’est présentée l’opportunité FC Metz.

Quel a été votre plus beau but ? 

J’ai aidé l’arbitre à rejoindre le fourgon des policiers

Il a été refusé! Lors d’un match contre le PSG (en février 1976) à Saint-Symphorien, j’avais inscrit un ciseau à Ilija Pantelic mais l’arbitre avait sifflé une faute du joueur qui m’avait remisé le ballon… Tout le monde voulait le tuer après le match! Mais j’étais un gentil perdant : je l’ai aidé à rejoindre le fourgon des policiers pour rentrer à l’hôtel. Je ne me rappelle pas avoir marqué d’autre but exceptionnel.

Quelle était la meilleure équipe dans laquelle vous avez joué ?

Schalke, avec qui nous avons fini vice-champions et gagné la Coupe d’Allemagne dès ma première saison, en battant Kaiserslautern 5-1 à Hanovre. Mais cette fois, Stan, qui était notre capitaine, n’est pas sorti, car il voulait aller chercher lui-même le trophée dans les mains du chancelier. C’est un petit regret de ne pas avoir joué la finale, mais c’est mon but en quarts à Düsseldorf (1-1 à l’aller, 0-0 au retour) qui a fait qu’on est allés en demies! D’ailleurs, dès qu’on se revoit à Gelsenkirchen, les frères Kremers (Erwin, champion d’Europe en 1972 et Helmut, champion du monde en 1974 avec la Mannschaft) me remercient pour ça!

Et celle que vous ayez affronté ?

Le Saint-Étienne des années 70, finaliste de la Coupe d’Europe contre le Bayern en 1976. Je respectais énormément cette équipe. C’est d’ailleurs grâce à Saint-Etienne que je suis devenu Nico Braun en France. Quand on les affrontait, les journalistes de Paris faisaient le déplacement, et j’ai profité de l’occasion pour marquer quatre buts. C’était ma plus belle victoire (5-1 en décembre 1973), même s’il y en a une ou deux avec le Luxembourg qui sont très près de la n° 1, mais aussi mon plus grand exploit, avec ce but inscrit à l’Italien Dino Zoff avec l’équipe nationale à Luxembourg (défaite 1-4 le 16 octobre 1976), où j’étais parti seul du milieu du terrain… et celui refusé contre le PSG.

Y a-t-il une équipe contre laquelle vous n’aimiez pas jouer ?

Les déplacements à Bastia, c’était toujours spécial. Quand on gagnait là-bas, il fallait parfois rester jusqu’à trois heures du matin dans le vestiaire, et attendre que les supporters soient calmés et repartis pour pouvoir quitter le stade et aller prendre l’avion. C’est arrivé une ou deux fois (il rit)!

Y a-t-il un joueur que vous avez perdu de vue et aimeriez revoir ?

J’aimerais revoir Hugo Curioni (son compère d’attaque entre 1975 et 1978 à Metz), parce qu’on était quand même une énigme pour les connaisseurs. Comment était-ce possible qu’un Argentin et un Luxembourgeois soient capables de faire ce qu’ils ont fait? On était un vrai duo. En privé, nous n’étions pas si proches, mais sur le terrain, nous étions comme deux frères. On avait des styles totalement opposés, mais ça fonctionnait énormément! Il est revenu il y a quelques années à Metz, mais je n’ai plus eu de nouvelle de lui depuis.

Vous souvenez-vous d’un transfert qui a failli se faire ?

Le premier était Sochaux, qui m’avait pris quelques jours en stage en 1970. Mais les clubs n’avaient droit qu’à un joueur étranger et eux avaient déjà le Serbe Laszlo Seles, leur libéro et capitaine. Sinon, j’aurais rejoint la France avant! En Belgique, j’ai aussi eu des contacts avec Anderlecht et le Standard avant de signer à Charleroi (en 1978). C’est d’ailleurs ma plus grosse bêtise. À la fin de ma première saison à Metz (en 1974), Marseille était aussi venu aux renseignements, car Josip Skoblar (recordman de buts sur une seule saison de D1 et soulier d’or européen en 1970/71 avec 44 réalisations) était en fin de contrat, mais le président (Carlo) Molinari m’a dit : «Les spectateurs vont casser la tribune si je donne mon feu vert!» Quelques années plus tard, Monaco s’est aussi manifesté, mais là non plus, ça ne s’est pas réalisé…  Eux avaient Delio Onnis (meilleur buteur de l’histoire du championnat de France avec 299 buts) devant… ce n’était pas n’importe qui.

Quel est votre plus grand regret ?

À l’époque, il y avait des sacrés buteurs en France. Carlos Bianchi à Reims, Marc Berdoll à Angers… J’ai tout fait pour les taquiner, mais j’ai un seul petit regret : ne pas faire partie du Club des 100 (buts en D1 française). Il me manque deux petits buts pour cela, et ils me manqueront jusqu’à la fin de ma vie. Mais je n’y pensais pas à l’époque : si j’avais eu cet objectif dans un coin de la tête, je me serais peut-être engagé un peu plus intensivement par moments. Pour le reste, refuser le Standard a été ma plus grosse erreur. C’était une très bonne équipe en Europe, ils ont insisté, mais j’ai refusé à cause d’une petite insécurité sur les salaires : pour toucher les primes de matches, qui étaient très intéressantes, il fallait être dans les trois premiers. «De quoi as-tu peur ? On est toujours dans le top 3», me disait le coach. Moi, comme un imbécile, je n’ai pas donné suite. Je le regrettais encore, des années après.

Et votre plus grosse déception? 

La perte, avec Metz, de la demi-finale de Coupe de France contre Lyon, à Strasbourg. C’était horrible, horrible ! Notre préparation était indigne d’un club pro. Le jour J, on était allés manger, sur son invitation, chez le président de Strasbourg… Mais comment est-ce possible ? On avait autre chose à faire! Lyon était un sacré client et pourtant, je ne me rappelle pas qu’on ait évoqué le moindre de leurs joueurs avant le match. Sur le terrain, on a tous été nuls! La seule chose qui aurait pu nous aider, c’était le bon dieu : il y avait un orage incroyable au-dessus du stade, et je priais pour que le match soit arrêté. En vain…

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