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[C’était mieux avant] Joubert : «Le coach s’est rebellé, et Gaël a eu une griffure au visage»


Jonathan Joubert. (photo archives Editpress/Gerry Schmit)

Avant d’être le coach adjoint d’un F91 qui s’apprête à recevoir le Fola pour la reprise de la BGL Ligue, Jonathan Joubert en a surtout été le mythique gardien, de 2004 à 2023. Il revient sur ces deux décennies dorées.

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Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous avez joué ?

Celui que j’ai préféré, c’est Thierry Steinmetz (NDLR : qu’il a côtoyé à Dudelange entre 2012 et 2014). C’était un petit gabarit, tout le temps en train de demander le ballon, de provoquer et dribbler, capable de passer comme de marquer… ll était vraiment agréable à voir jouer et surtout très efficace. Les joueurs comme lui, vifs et techniques, sont très durs à prendre. C’est un avantage de les avoir avec soi!

Et le plus fort contre lequel vous avez joué ?

J’avais bien aimé Dimitar Berbatov (ex-Leverkusen, Tottenham ou Manchester United, meilleur buteur de l’histoire de la Bulgarie avec 48 buts). À Sofia, il nous avait mis un hat-trick (deux buts et une passe décisive, en fait, pour une victoire 3-0 de la Bulgarie contre le Luxembourg en éliminatoires de l’Euro-2008). Il était très bon, beau à voir jouer, efficace et c’était très difficile de lui prendre le ballon.

Le joueur le plus fou avec lequel vous avez joué ?

Houla… Des fous, il y en a eu (il rit)… Allez, je dirais Gaël Hug (ex-F91 et RFCU) par rapport à une anecdote survenue lors d’un stage en Italie avec Michel Le Flochmoan (ex-coach de la Jeunesse, de Pétange, de Differdange et du F91, décédé en août 2021). C’était pendant la Coupe du monde 2006, les coachs étaient sortis manger et boire un verre devant un match. Nous, on était restés à l’hôtel, autour de la piscine et quand ils sont rentrés, Gaël, qui était si bien avec lui qu’on les appelait «père et fils», a dit : «On met le coach à l’eau !» Sauf que ça a mal terminé : le coach s’est rebellé, et Gaël a eu une griffure au visage… il n’a pas fini dans la piscine et nous, on s’est vite cassés dans nos chambres ! C’était très froid, le lendemain matin pour aller au footing… la gêne totale (il rit). Mais on s’est tapé un sacré fou rire quand on a vu Gaël arriver avec sa griffe ! Je serais content de revoir Gaël, d’ailleurs. On était à l’école ensemble, nos apparts étaient l’un au-dessus de l’autre au FC Metz, mais je n’ai plus trop de contacts avec lui.

Quelle a été votre plus belle victoire ?

Ce n’est pas une victoire, mais je vais forcément évoquer le 0-0 contre la France (en septembre 2017) à Toulouse. Sinon, la victoire en Biélorussie, à Homiel (0-1, 13 octobre 2007 en éliminatoires de l’Euro) après 12 ans sans victoire en match officiel pour la sélection (la dernière remontait au 6 septembre 1995 contre Malte), ou ce 1er tour de Ligue des champions qu’on a passé à Mostar (Bosnie) avec le F91 (défaite 0-1 à l’aller, victoire 0-4 au retour après prolongations en juillet 2005), ce sont aussi des moments magiques. Voir des dirigeants pleurer, ça touche énormément.

Votre plus grand regret ?

J’aurais pu le réaliser, mais c’est moi qui n’ai pas accepté les offres : faire une carrière professionnelle. J’ai eu des propositions en France, aux Pays-Bas et en Belgique, mais quand on vient du Luxembourg, les clubs étrangers pensent toujours qu’on est prêt à accepter n’importe quelle somme pour devenir pro. Je m’étais fixé un seuil minimum, mais il n’a jamais été atteint.

Votre plus grosse déception ?

Ma fracture au tibia juste avant la phase de poules de Ligue Europa (avec le F91) en 2018, mais j’ai réussi à en faire une quand même (en 2019). Sinon, la façon dont s’est terminée ma carrière à Dudelange. J’aurais préféré finir en titulaire indiscutable, malheureusement, j’ai eu cette rupture du tendon d’Achille (en octobre 2021) et ça a été dur de revenir. Sans cette blessure, peut-être que je jouerais encore, qui sait ? En mai, je me disais encore que je voulais continuer à jouer, mais à un moment, quand on n’a plus d’offre, il faut bien se résigner, passer à autre chose et savoir l’accepter. J’ai eu des offres, mais seulement pour jouer dans les divisions inférieures, et mon souhait était de rester à Dudelange. Quelque part, le choix de Dudelange de ne pas me prolonger tout en m’offrant cette possibilité de reconversion, ça a simplifié les choses.

Votre plus grand exploit ?

D’avoir duré, été régulier et performant pendant longtemps, d’avoir eu 90 capes en sélection, mais aussi d’avoir joué tous ces matches (577 au Luxembourg) et gagné tous ces titres… en elle-même, ma carrière au Luxembourg est un bel exploit quand même.

En elle-même, ma carrière au Luxembourg est un bel exploit quand même

À défaut d’avoir déjà marqué, quel a été votre plus bel arrêt ? 

J’aurais pu marquer, mais j’ai loupé un penalty en championnat avec Grevenmacher ! Si je me souviens bien, c’était contre Rumelange, j’avais été désigné car nos deux premiers tireurs venaient d’en rater un… Je l’ai mis sur le poteau et je n’ai plus jamais voulu tirer ! Si je devais retenir un arrêt, ce serait celui contre la France, sur une tête de (Djibril) Sidibé je crois, au pied de mon poteau, qui nous permet de garder le 0-0. J’avais été appelé en sélection après les blessures de Moris et Schon, et j’avais fait victoire contre la Biélorussie et nul contre la France sur cette fenêtre internationale!

Quelle est la pire équipe dans laquelle vous avez joué ?

J’ai toujours joué pour le titre, donc la question est très compliquée ! C’est difficile de répondre. La plus forte ? Peut-être l’époque à Dudelange avec Dino Toppmöller (2016-2019), celle de la première qualification en phase de poules de la Ligue Europa.

Et l’équipe contre qui vous n’aimiez pas jouer ? 

La plupart des équipes étaient beaucoup plus fortes que nous, mais il y a en une qui ne nous réussissait pas trop, c’était Israël ! Je ne sais pas pourquoi. Là-bas, on en avait pris sept, une fois où je n’étais pas là (7-0 en septembre 2009), et cinq ou six une autre fois à la maison (0-6 en octobre 2012). C’étaient des petits gabarits, qui ne lâchaient jamais… on n’aimait pas trop ça !

Quel est l’entraîneur qui vous a le plus marqué ?

J’ai quasiment toujours eu de bonnes relations avec mes coachs, mais l’un d’eux m’a permis de beaucoup évoluer et qui restera comme le coach qui a le plus compté pour moi : Guy Hellers. C’est lui qui m’a fait entrer sélection et quand je connaissais des petits soucis, j’ai toujours pu compter sur lui. Je l’ai eu pendant plusieurs années en sélection (2006-2010) mais malheureusement, à Dudelange, ça n’a duré que quelques mois (en 2015).

Y a-t-il une consigne d’entraîneur que vous n’avez jamais comprise ?

Tout récemment, cette saison, je n’ai jamais compris, après des matches catastrophiques comme au Fola (3-2, 2e journée) ou à Mondorf (4-0, 6e j.), comment Jamath Shoffner (l’ex-coach du F91, parti à Ostende) a pu ne pas péter les plombs. Au lieu de faire trois ou quatre changements à la mi-temps, il n’en faisait aucun, et restait calme dans ses discussions… Moi, je m’attendais à ce qu’il dégoupille ! Mais c’est une question de tempérament, comme il nous l’a expliqué, à Claudio (Lombardelli) et moi. Moi aussi, je suis d’un caractère assez calme, mais quand ça sort, ça sort ! Joueur, quand on faisait de très mauvaises premières mi-temps ou qu’on perdait des matches qu’on ne devait pas perdre, c’est clair que je ne me cachais pas !

Ses faits d’armes

Né et formé à Metz, qu’il a quitté en 1999 à l’âge de 20 ans, c’est au Grand-duché que Jonathan Joubert a effectué l’intégralité de sa carrière en seniors, d’abord à Grevenmacher (1999-2004), avec qui il a fait le doublé en 2003, puis au F91, où il a passé 19 ans (2004-2023) entrecoupés d’une petite parenthèse au Swift (2020/2021) et remporté pas moins de 21 trophées (13 titres de champion, 7 Coupes de Luxembourg et une Coupe de la Ligue). Des performances qui lui ont valu d’intégrer l’équipe nationale du Luxembourg en juin 2006, lui qui avait été international français en U16 et U17, et d’en porter 90 fois le maillot jusqu’en octobre 2017.

Aujourd’hui

Devenu entraîneur des gardiens dudelangeois sitôt les gants raccrochés, en juillet 2023, Jonathan Joubert, désormais âgé de 44 ans, est passé cet hiver coach adjoint de Claudio Lombardelli, lui-même promu entraîneur principal après le départ à Ostende (Belgique) de Jamath Shoffner. Une évolution que Joubert doit notamment, d’après le club, à son immense connaissance de la BGL Ligue, où il cumule 451 matches, mais qui ne l’empêche pas de prendre, de temps à autre, l’entraînement des portiers du F91 en main. C’était notamment le cas cette semaine, en l’absence de son successeur Alvaro Carvalho.

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