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[C’était mieux avant] Jempy Drucker senior : «Tous les coureurs sont fous !»


Jempy Drucker senior. (photo DR)

Avec la riche carrière de son fils, Jempy Drucker junior, on en avait presque oublié l’accomplissement de son père, Jempy Drucker senior, qui fut longtemps un très bon spécialiste luxembourgeois du cyclo-cross.

Le coureur le plus fort contre lequel vous avez couru ?

Jempy Drucker senior : Acacio Da Silva, c’était chez les juniors. On se trouvait sur le Dusika Jugend Tour, une grande épreuve par étapes internationale. Les entraîneurs lui avaient dit de rester tranquille, d’attendre le final très difficile, qui lui convenait. L’étape faisait une centaine de kilomètres, à peine trois bornes de parcourus et il se retrouvait dans le groupe de tête avec quatre coureurs, pour aller jouer la gagne. C’était vraiment fort.

Le coureur le plus méchant ?

Je ne dirais pas méchant, mais le plus rugueux était Laurent Wack. Je me souviens d’un cross au Bambësch. Il y avait un virage en montée, il me faisait descendre à chaque tour du vélo, alors, dans le troisième tour, je l’ai pris par la roue arrière et il est passé par-dessus son guidon! (Il rit) Il n’était pas méchant, hein, mais il jouait serré. Attention, n’écrivez pas qu’il était méchant, on est ami depuis longtemps!

Le plus gentil ?

Lucien Zeimes (NDLR : champion national à cinq reprises de 1970 à 1972, puis 1976 et 1978, décédé le 1er octobre 2002). Il m’a appris beaucoup de choses. Nous étions jeunes. On était adversaires, mais il n’hésitait pas à me conseiller dès qu’il le pouvait.

Le coureur perdu de vue que vous aimeriez revoir ?

Un Néerlandais, Noël van der Ley, avec qui j’avais pris l’habitude de faire la fête après chaque championnat du monde. Il était venu remporte le cyclo-cross de Contern (en 1986). Je l’ai longtemps revu sur les cross internationaux, mais ça fait longtemps que je ne l’ai plus vu.

Votre plus belle victoire ?

Pour moi, ce n’était pas en cross, mais sur route. Lorsque je suis devenu champion national amateurs à Belvaux. J’étais échappé avec Enzo Mezzapesa et Roland André. Il y avait la guerre entre Jos Allegrini et René Massard. Allegrini ne voulait pas que Massard l’emporte et Massard ne voulait pas qu’Allegrini s’impose. J’étais donc échappé avec Mezzapesa et André, qui étaient deux coureurs de l’équipe de Gabriel Gatti. Ils m’ont attaqué de tous les côtés dans le dernier tour et j’ai quand même remporté le sprint. J’étais fou de joie.

Votre plus grand exploit ?

Toujours sur route, je pense que c’était le Grand Prix Peugeot de Dommeldange. Il y avait une forte équipe allemande et je me suis échappé avec notamment Lex Nederlof (un coureur néerlandais qui a couru au Luxembourg et a souvent participé à la Flèche du Sud). J’ai gagné dans la pluie et la neige. Un sale temps…

Andy Schleck, lorsqu’il était junior au LP Mühlenbach, oubliait toujours ses affaires. Il venait en retard, sans ses chaussures, son maillot. Mais il gagnait quand même !

Votre plus grand regret ?

J’étais junior dans l’équipe de Mühlenbach. J’avais remporté tous les cross et, au moment des championnats nationaux organisés par mon club, j’ai eu un saut de chaîne dans les trois derniers mètres et c’est Guy Richartz qui l’a emporté. Cela m’avait peiné.

Votre plus grande fête ?

C’était lors d’une fête après les championnats du monde en 1993 en Italie, à Corva di Azzano. Lucien Rischard connaissait Mario Mariotto, qui a une pizzeria juste là et qui l’avait ouverte juste pour nous, et on a fait la fête comme il faut. J’avais mal à la tête pendant deux jours après. À ce moment-là, Camille Dahm (NDLR : l’actuel président de la FSCL) était présent avec la fédération et il m’en reparle encore souvent.

Le coureur le plus fou ?

C’est difficile cette question, tous les coureurs sont fous ! Je n’ai pas couru avec lui, mais il était à un moment dans notre club du LP Mühlenbach. C’était Andy Schleck, lorsqu’il était junior (il rit). Il oubliait toujours ses affaires. Il venait en retard, sans ses chaussures, sans son maillot. Il y avait toujours quelque chose, mais il gagnait quand même !

Une course que vous n’aimiez pas faire ?

C’était à Rumelange, dans la catégorie des scolaires. On montait jusque dans les hauteurs, à l’endroit où a longtemps été organisé le cyclo-cross. Une longue ascension. C’était une course par élimination. On était monté sept, huit fois pour finir dixième!

On m’a proposé de passer professionnel dans l’équipe Saxon, avec Paul Herijgers (champion du monde 1994). J’ai été aussi en contact avec une équipe polonaise spécialisée dans le cyclo-cross

La plus grosse colère ?

Je me suis fâché au cyclo-cross d’Assel. J’étais en tête et, dans le dernier tour, j’ai été victime d’un saut de chaîne. Acacio (Da Silva) est revenu sur moi et c’était serré sur la ligne. C’est mon président de club, à Mühlenbach, qui était le juge à l’arrivée et il a désigné Acacio vainqueur. Il n’y avait pas de photo-finish. Je me suis alors énervé.

La pire blessure ?

C’était au Galgenberg à Esch, où je me suis brisé une clavicule. Rien de bien grave.

L’entraîneur qui vous a le plus marqué ?

Lucien Rischard, qui fut entraîneur national. Il m’avait mis sur la bonne voie. Avec lui, j’ai terminé 16e des championnats du monde amateurs à Gieten (Pays-Bas) en 1991. Je vivais pour le travail et le vélo. J’ai toujours eu un peu de kilos en trop. Mais pour la première fois, j’ai battu Claude Michely à Contern.

Le transfert qui ne s’est pas fait ?

On m’a proposé de passer professionnel dans l’équipe Saxon, avec Paul Herijgers (champion du monde 1994). J’ai été aussi en contact avec une équipe polonaise spécialisée dans le cyclo-cross. Au lieu de ça, je suis entré à la commune de Luxembourg. J’ai préféré faire du cyclisme pour le plaisir. Chez les amateurs, je me sentais bien à Mühlenbach, mais je suis allé à Kopstal. Pourquoi ? Je me demande toujours (il rit). Il fallait être présent à chaque entraînement, sinon il n’y avait pas de prime, alors qu’en cyclisme, on s’entraîne seul. Ce transfert-là, je n’aurais pas dû le faire !

Le jour où vous avez décidé d’arrêter votre carrière ?

Je ne m’en souviens pas. J’ai toujours roulé avec l’idée d’attaquer. Mais ma dernière course, c’étaient les championnats nationaux à Ell, où Kim Kirchen s’est imposé (1999). J’ai attaqué, Kim m’a repris et j’ai essayé de lui passer un dernier relais. Je n’avais plus envie, j’ai fini là-dessus.

AUJOURD’HUI

Pensionné depuis trois ans après une carrière à la Ville de Luxembourg, Jempy Drucker senior réside avec son épouse, Edith, du côté de Schifflange. Il a toujours suivi la carrière de son fils unique, Jempy junior (qui a arrêté fin 2021), qui est passé aujourd’hui entraîneur national à la FSCL.

Il est resté un pratiquant assidu du cyclisme. «Je roule le matin une cinquantaine de kilomètres, j’ai fait environ 10 000 kilomètres l’an passé. Et l’après-midi, on s’amuse avec les petits-enfants, Emma et Lenny», explique-t-il avec un grand sourire, avant justement d’enfourcher sa bicyclette. Car, ce jour-là, le temps était redevenu plus calme…

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