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[C’était mieux avant] David Régis : «Coach, la prochaine fois, je vous coupe les deux jambes !»


David Regis a voulu «découper»Jacques Muller, à Metz. Photo : mélanie maps

Vingt ans après son deuxième Mondial avec les États-Unis, l’ancien défenseur franco-américain, David Régis, aujourd’hui entraîneur à Mondorf, ouvre la boîte à souvenirs.

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Quel est le joueur le plus fort que tu as affronté ?

Ronaldo, le vrai, le Brésilien. C’est lui qui m’a posé le plus de problèmes, avec George Weah. À eux seuls, ils pouvaient faire la différence.

Le plus fort avec lequel tu as joué ?

Le Russe Aleksandr Mostovoï, à Strasbourg (1994-1996). Lui, pas besoin d’échauffement ! Il pouvait gagner un match à lui seul. C’était la classe, un joueur exceptionnel.

Le plus méchant ?

Moi-même (il rit)! On me disait souvent que j’étais méchant. Sinon, le Marseillais Éric Di Méco. Avec Carlos Mozer, ils étaient vraiment rudes.

Ton plus beau but ?

Avec Karlsruhe, contre le Bayern (1-1, le 28 mars 1998). En plus, c’était à Munich. Cette action, on l’avait beaucoup travaillée avec Thomas Hässler, mais je le retiens surtout pour l’équipe et le gardien (Oliver Kahn) en face. Ça m’a permis de me faire connaître en Allemagne.

Ta plus belle victoire ?

Avec l’équipe nationale, même si je n’ai pas joué, au Mondial-2002 contre le Portugal (3-2). La veille, on s’entraîne sur le stade, comme d’habitude. À la fin de la séance, les Portugais arrivent. Je dis à Pauleta (alors au PSG) « on vous laisse le terrain«  et il me répond « non, on ne s’entraîne pas« . Pour eux, ça allait être facile le lendemain, ils étaient très sûrs d’eux ! Ça nous a motivés doublement.

Ton plus grand regret ?

De ne pas être resté en Allemagne. Si j’étais resté plus longtemps, j’aurais faire une autre carrière.

Ta plus grosse déception ?

Les finales perdues, en 1997 avec Strasbourg contre Paris et en 1999 avec Metz contre Lens. J’ai connu des montées, l’Europe, mais les trophées, c’est ce qui manque à ma carrière.

J’ai pris la table, et je l’ai balancée sur le coach !

Ton plus grand fou rire ?

Quand j’étais à Strasbourg, j’ai acheté un cabriolet. Pendant le match, en été, il y a eu un orage. Franck Lebœuf me dit « Dav’, t’as pas laissé ta voiture ouverte ? » En effet… mes équipiers se sont foutus de ma gueule tout le match ! Je l’ai laissée là trois jours, le temps qu’elle sèche, et pendant un mois, j’ai fait de la moto.

La pire équipe dans laquelle tu as joué ?

Troyes ! C’était vraiment un club d’amateurs. On était en Ligue 1, mais c’était n’importe quoi. J’arrive pour jouer la Coupe d’Europe, et ils font jouer un mec qui n’était pas qualifié… On s’entraînait dans des conditions… Heureusement qu’il y avait le magasin d’usine (il rit)!

La consigne de coach que tu n’as jamais compris ?

Boro Primorac (longtemps adjoint à Arsenal), à Valenciennes (1992/1993), était un fan du Milan AC. Du coup, il nous appelait tous par les noms des joueurs italiens : « Toi, Tassotti, tu vas jouer ici. Toi, Baresi…«  Moi, j’étais Maldini, car je jouais à gauche. Après, il mettait des flèches partout, il s’arrêtait et disait : « Même Picasso n’arrive pas à faire des trucs comme ça« .

L’équipe que tu n’aimais pas affronter ?

Les équipes corses. À Bastia, c’était vraiment chaud, dès l’hôtel, tu sentais déjà la pression. Dans les vestiaires, ils balançaient des bombes agricoles dans les tuyaux… Une fois, Frédéric Meyrieu allait faire une touche, et quelqu’un lui a attrapé la queue-de-cheval ! C’était du n’importe quoi.

L’équipe la plus forte contre laquelle tu as joué ?

Le Milan AC. On les a joués avec Strasbourg en 95, c’était la grosse équipe avec Maldini, Tassotti (mais aussi Baresi, Desailly, Boban, Weah)… Marco Simone a passé son match à mettre des coups de coude à Djetou. Je lui criais : « Martin, arrête de te faire bouger!« . À un moment, sur un corner, j’entends un BOUM. Martin avait mis un coup de tête à Simone et lui avait explosé le nez! Personne n’a rien vu.

Ton plus grand coup de gueule ?

Avec Metz, contre Bastia. La semaine d’avant, je suis titulaire, je fais un bon match, et Joël Muller me met remplaçant. Au bout de cinq minutes, il m’envoie m’échauffer. Je pensais entrer, en plus à Bastia tu te fais insulter… et finalement il ne m’a pas fait jouer. J’étais furieux : en rentrant aux vestiaires, j’ai pris la table et je l’ai balancée sur le coach !

Mais j’avais oublié qu’il y avait les caméras ! Le lendemain, il m’a demandé de m’excuser devant le groupe. Jamais ! Je lui ai dit : „Coach, vous avez de la chance, car la prochaine fois, je ne lance pas la table, mais je vous coupe les deux jambes avec mon coupe-coupe !«  Je n’ai pas joué pendant six mois, jusqu’à ce qu’il se fasse virer.

Sur mon CV, il est écrit Cagliari, mais je n’ai jamais mis les pieds là-bas

L’entraîneur qui t’a le plus marqué ?

Winfried Schäfer, à Karlsruhe. Il savait te parler, te motiver, te faire sortir des gros matches. Il m’impressionnait par son discours, il arrivait toujours à trouver les mots. C’est le premier entraîneur où j’ai pleuré quand il a été viré.

La plus grosse fête ?

Avec les États-Unis, on avait notre rituel : dès qu’on arrivait dans une ville, on louait des bagnoles, on allait dans le plus beau resto, puis faire la fête dans la plus belle boîte. Au resto, on mangeait ce qu’on voulait, puis tout le monde mettait sa carte bleue dans une pochette. Celui dont la carte était tirée la première payait tout ! Pendant trois ans, je n’ai jamais payé !

Un transfert qui a failli se faire ?

Avec Cagliari, en 2000, ça devait se faire. Ils m’avaient envoyé un avion, tout était ficelé. À l’aéroport, je prends L’Équipe et je vois un article où le président messin Carlo Molinari dit « c’est grâce à moi si David part là-bas« . Je suis quelqu’un de rancunier.

Je suis reparti à Metz, je suis entré dans son bureau et je lui ai dit « puisque c’est grâce à vous, vous n’avez qu’à y aller. Moi, je n’y vais pas« . Sur mon CV, il est écrit Cagliari, mais je n’ai jamais joué ni mis les pieds là-bas.

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