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[C’était mieux avant] Daniel Abenzoar-Foule : «Ladji Doucouré, c’est juste une crème d’être humain»


Daniel Abenzoar-Foule reste le meilleur sprinteur luxembourgeois des vingt dernières années. (photo DR)

L’ancien sprinteur Daniel Abenzoar-Foule évoque les moments les plus marquants de sa belle carrière.

Découvrez tous nos autres épisodes dans la rubrique dédiée «C’était mieux avant»

Votre adversaire le plus fort ?

Daniel Abenzoar-Foule : Je dirais Dwain Chambers, que j’ai affronté en série des championnats d’Europe sur 100 m à Göteborg. Je crois qu’il revenait tout juste d’une suspension pour dopage. Ce n’était déjà pas quelqu’un de très causant, mais là, il s’était fait encore plus discret. J’étais dans le couloir à côté de lui et je n’ai vu que ses chaussures. Maintenant, tu sais ce qui va se passer. Chacun fait son taff, tu fais ta course, tu prends une leçon. Il avait fait médaille d’or sur le relais 4×100 lors de ces championnats d’Europe.

L’adversaire le plus méchant ?

Pas méchant, mais il y en a un qui était connu pour être un peu moins sympa que les autres. Encore un Britannique : Mark Lewis-Francis. Je l’ai notamment côtoyé aux championnats du monde juniors à Santiago. C’était un mec très arrogant, très imbu de lui-même dans sa manière de se comporter avec les autres. Il faisait beaucoup de bruit à l’échauffement. Bref, il était chiant. Ce n’était pas le plus aimé du monde. Il avait ce côté « je marche sur tout le monde ».

L’athlète le plus sympa ?

Sans hésitation Ladji Doucouré (NDLR : champion du monde français du 110 m haies). C’est une crème. Un être humain juste gentil. Qui veut toujours que tout le monde aille bien. Qui est toujours là pour aider. Qui est toujours de bonne humeur, avec le sourire. Quelqu’un de très drôle qui ne se prend pas au sérieux. Un mec avec énormément de talent, mais qui restait très accessible. Qui mérite largement son titre de champion du monde de par son travail. C’est l’exemple même de l’être humain!

Votre plus belle victoire ?

Cela peut paraître stupide, mais je dirais celle aux JPEE en Andorre en 2005. C’est la plus belle car le chrono était complètement inattendu. Je cours en 10″42 alors que cela faisait des années que j’étais bloqué au-dessus de 10″60. Je ne m’étais rien promis de spécial. Je fais ma course, je me dis « ok tu as bien couru ». Et là, je vois Frédéric Kimmlingen (NDLR : à l’époque directeur technique national) courir vers moi en me disant : « Tu as vu ton chrono? ». J’ai regardé le panneau et là, j’ai fait « Waouh! ». J’étais tellement surpris par ce temps que ça l’a rendue chouette en fait, cette course. Ce n’est pas la victoire en elle-même aux JPEE qui compte, mais plutôt la symbolique du chrono.

Votre plus belle course ?

Encore un truc un peu con. Mon record du 200 m en salle en 2006 en 21″12. En fait, j’avais calé un 200 m pour simuler une séance d’entraînement. Comme en Andorre, je cours, je n’ai pas spécialement de chrono en tête. Je fais une course propre, sans m’employer dans ma tête. Et le temps est énorme. À l’époque, c’était même la meilleure performance européenne de l’année pendant quelques semaines. C’est la plus belle, car là encore, je ne m’attendais pas à un tel temps.

Helsinki, je n’ai jamais vu un stade comme cela ! C’était une dinguerie !

Votre meilleur souvenir comme athlète ?

Les championnats du monde à Helsinki en 2005. Un tunnel nous mène de la chambre d’appel en plein milieu du stade. C’était le jour où il y avait le javelot, qui est une véritable religion en Finlande, le stade était blindé. Je me souviens que j’étais rentré dans le truc, j’avais regardé autour de moi et je m’étais demandé ce que c’était que ce truc de fou. Je n’ai jamais couru dans un stade comme cela. C’était une dinguerie. Quand tu entres, tu te dis « Waouh! ». C’était incroyable. Et du coup, j’ai complètement foiré ma course, car je n’étais plus dedans! Quand tu prends place sur la ligne de départ, tu as l’impression que 200 m, c’est loin!!!! Tu avais l’impression de devoir courir 2 km. Mais c’était cool!

Votre plus grand exploit ?

Peut-être les championnats du monde en salle à Moscou en 2006. Je fais quatrième de ma série sur 60 m, alors que ce n’est pas ma tasse de thé. Je fais quand même une course plus qu’honnête en laissant des gars qui sont relativement spécialistes derrière moi. Et je bats le record national.

C’est parti au clash avec la fédé. Alors, j’ai décidé d’arrêter

Votre plus gros regret ?

De ne jamais avoir fait les JO. Pour y aller en 2008, je n’étais pas si loin. J’ai fait une super année en 2006, mais j’ai commencé à avoir des problèmes au niveau du tendon d’Achille qui me chatouillait un peu. Résultat, je rate complètement ma saison. Je cours blessé. On essaie des infiltrations et ça ne sert à rien. J’ai dû me faire opérer à l’hiver 2007 et je n’ai jamais récupéré comme il le fallait.

Votre plus grosse déception ?

La manière dont ma carrière s’est terminée. Par une embrouille avec la fédé. Je décide d’arrêter ma carrière en 2009. Je voulais reprendre après mon opération, ça allait un tout petit peu mieux et j’avais fait l’année précédente la norme pour les JPEE à Chypre. Avec mon coach, on décide donc que ma course de reprise sera lors des JPEE. Mais la fédé me fait comprendre qu’elle veut que je fasse une course test avant.

J’ai pris ça comme un manque de respect. Mon idée n’était pas d’aller faire du tourisme à Chypre, mais juste de faire mon retour. Je pense que je n’avais plus rien à prouver à personne, que j’avais déjà couru blessé pour la fédé. En plus, je ne prenais la place de personne. C’est parti au clash. Et j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière comme cela. C’est triste, car je n’ai pas pu organiser de jubilé avec des potes pour faire une dernière course. J’ai dû passer rapidement à autre chose.

Votre plus grosse fête ?

La cérémonie de clôture aux championnats du monde juniors à Santiago. L’organisation avait loué toute une boîte de nuit qui avait une forme de pyramide juste pour nous. Ils sont venus nous chercher en bus. C’était hyper grand, cool, avec tous les athlètes venus de tous les pays. On s’est tous retrouvés pour une soirée avant de partir. C’était super sympa. Mais on va éviter de dire ce qu’il s’est passé !

Aujourd’hui

Après sa brillante carrière d’athlète, Daniel Abenzoar-Foule s’est tourné vers une autre passion : le foot américain. Ce grand fan des 49ers de San Francisco a joué pour les Steelers de Dudelange pendant une dizaine d’années. Alors qu’il ne pratique plus que du foot corpo, il travaille pour les douanes luxembourgeoises.

Ses faits d’armes

Daniel Abenzoar-Foule reste le meilleur sprinteur luxembourgeois des vingt dernières années. Il détient d’ailleurs toujours les records nationaux des 60 m (6“76), 100 m outdoor (10″41) et 200 m indoor (21″12). S’il était le meilleur sprinteur grand-ducal de son temps, il n’a que très peu de titres nationaux, car les championnats tombaient souvent en même temps que les championnats d’Île-de-France, passage obligé pour participer aux championnats de France.

Brillant en équipe de France chez les jeunes, il a notamment remporté la médaille d’argent des championnats du monde U20 à Santiago du Chili en relais 4×100 en compagnie de Ronald Pognon, Ladji Doucouré ou Leslie Djhone. Il a également pris la troisième place des championnats de France seniors à Nancy, sur 200 m en 2006.

Dans sa carrière, il a aussi disputé les championnats du monde, d’Europe ainsi que les Jeux de la Francophonie. Sous les couleurs luxembourgeoises, il a notamment terminé 5e des championnats d’Europe U23 en Pologne en 2003 et 5e des Jeux de la Francophonie au Niger en 2005, à chaque fois sur 200 m.

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