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Cécilia Gondard (Nupes) : «Je suis une européenne convaincue»


 «Il faut avoir une ambition pour une autre Europe, plus écologique et plus sociale», estime Cecilia Gondard.

Une Europe plus écologique et sociale et des services publics renforcés sont au programme de Cécilia Gondard, la candidate Nupes, arrivée au 2nd tour des législatives avec 1 308 voix au Luxembourg.

Cécilia Gondard est la candidate PS à la 4e circonscription pour la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Elle se présente avec sa suppléante, l’écologiste Catherine Libeaut.

Vous êtes la seule candidate Nupes pour les circonscriptions des Français établis hors de France à être issue du Parti socialiste (PS). Cette alliance avec la France insoumise (FI) est-elle bien comprise par les électeurs ? 

Cécilia Gondard : La Nupes est un accord de coalition, ce qu’au Luxembourg tout le monde comprend. Cela ne veut pas dire que chacun se soumet au programme de l’autre, mais que nous avons des propositions communes autour desquelles nous sommes tous prêts à aller au gouvernement. Nous sommes parvenus à faire l’union pour répondre à l’urgence écologique et sociale en France et en Europe.

La question européenne constitue justement l’un des grands points de divergence entre le PS et la FI. Les positions de la FI ne risquent-elles pas de vous porter préjudice ici au Grand-Duché, où les citoyens sont dans leur grande majorité europhiles ?

Nous avons un accord de coalition pour aller au gouvernement et être une force d’opposition qui pèse, mais nous allons tous siéger à l’Assemblée nationale dans des groupes différents, où les votes se font par groupe. Moi, je siègerai au PS, et nous sommes pro-européens. Je ne suis pas la FI, je suis une socialiste pro-européenne et ma suppléante est écologiste.

Je suis venue il y a 15 ans à Bruxelles pour travailler dans la politique européenne, je suis une fédéraliste convaincue. Mais je pense cependant qu’il faut avoir une ambition pour une autre Europe, plus écologique et plus sociale. Les gouvernements de droite et libéraux arrivent à se satisfaire d’une Europe libérale. Moi, au contraire, je pense que si les citoyens votent aux extrêmes et s’éloignent de l’Europe, c’est justement parce que celle-ci n’est pas assez proche d’eux.

Je ne suis pas la France insoumise, je suis une socialiste pro-européenne

Quels problèmes les Français au Luxembourg vous ont-ils remontés ?

Je suis venue au Luxembourg pour ma campagne il y a deux semaines et j’ai senti une grande sensibilité aux questions écologiques. Ça m’a vraiment interpellée… J’ai aussi senti une appétence pour l’Europe que je partage, et j’entends bien sûr les problèmes de pouvoir d’achat par rapport au prix du logement.

Un autre aspect concerne la suppression de 10 % des services consulaires. Cela signifie non seulement qu’il y a plus de charge de travail pour ceux qui restent en place, mais aussi que les délais pour obtenir des papiers d’identité ou un passeport sont considérablement rallongés. C’est un problème que l’on rencontre sur toute la circonscription Benelux et en particulier au Luxembourg, sachant que les 120 000 frontaliers français ont aussi tous la possibilité de faire leurs papiers au consulat…

Souvent, le consulat et l’ambassade sont les derniers contacts que les Français ont encore avec la France. En supprimant le corps diplomatique et des postes administratifs, Macron supprime le rayonnement de la France, mais aussi le service aux Français à l’étranger. C’est dans le programme Nupes de rétablir le corps diplomatique et de renforcer les services publics en France et à l’étranger. Les services publics sont gratuits et accessibles à tous, cela fait baisser les inégalités.

Les lycées français figurent également au cœur de votre programme.

Macron – et avant lui Margaret Thatcher – a utilisé une stratégie bien connue : il a d’abord mis en difficulté l’opérateur public, en l’occurrence l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, avec des coupes budgétaires massives dès juillet 2017. Il a ensuite fait appel à des fonds d’investissements privés pour financer les écoles. Mais ces fonds créent forcément des écoles là où elles sont rentables. Il fait donc confiance au secteur privé, mais le développement est hors de contrôle et ne correspond pas aux besoins des familles.

C’est une logique libérale qui n’est pas la nôtre. L’enseignement français à l’étranger a deux missions : permettre l’accès à l’enseignement français pour les familles françaises et faire rayonner cet enseignement. C’est du soft power. Les alliances françaises, le corps diplomatique : Macron fait disparaître tout cela et il a tort. Si on veut promouvoir la paix, ce soft power est essentiel. On ne peut pas juste être sur une défense militaire.

Quel est votre position concernant les problématiques transfrontalières : mobilité, télétravail, fiscalité ?

Je m’intéresse beaucoup à ces questions. Le télétravail a un effet sur la mobilité et la fiscalité. En Belgique ou en France, nous avons des conventions avec le Luxembourg repoussées tous les trois mois. C’est problématique : on part du principe que dans l’ère postcovid, le télétravail sera comme avant le covid. C’est complètement aberrant ! La période covid, qui n’est d’ailleurs pas finie, a révolutionné le télétravail. Sur le court terme, il faut s’assurer de la pérennité des dérogations et revoir le nombre de jours télétravaillés, 50 jours annuel étant un minimum. Après, il s’agit de faire un état des lieux, de voir les pratiques dans les entreprises pour adapter les règles fiscales.

Le télétravail a aussi un effet positif sur l’environnement et le bien-être humain. Cette mobilité qui bloque tout le sud du Luxembourg est insupportable pour tous ceux qui passent beaucoup de temps de leur voiture, mais en plus elle pollue et les citoyens du Luxembourg subissent cette pollution. C’est une question de bien-être des deux côtés de la frontière.

En cas de victoire, quelle sera votre première action ?

J’en ai beaucoup en tête ! Mais les services publics à l’étranger seront ma priorité. J’ai aussi mes combats féministes, je suis féministe et fière de l’être! Je suis secrétaire générale à l’égalité femmes-hommes pour le PS, je suivrai toutes ces questions avec une grande attention à l’Assemblée nationale.

Quel bilan tirez-vous du mandat de votre adversaire, le député sortant LREM Pieyre-Alexandre Anglade ?

Il a été très discipliné… Cependant, il se trouve qu’un député a aussi pour rôle de contrôler l’action du gouvernement. Or, voter tout ce qu’on lui demande de voter sans le remettre en question, c’est manquer à cette fonction. Il s’est aussi de moins en moins rendu en circonscription. Les gens ne le connaissent pas. Il n’est pas ancré, il ne connaît pas les dossiers et refuse le débat. J’ai aussi regretté qu’il n’ait jamais travaillé avec les conseillers des Français de l’étranger sauf ceux proches de LREM. Moi, je ne suis pas sectaire, je veux travailler avec tout le monde. Si je suis élue, j’organiserais des visios et inviterais tous les conseillers, de gauche comme de droite, à faire des remontées de terrain.

Les électeurs ont une opportunité hors du commun (…) d’avoir un vrai choix entre deux visions fédéralistes européennes différentes et un vrai choix concernant le tournant écologique

Craignez-vous une forte abstention, comme au premier tour ?

Oui. Nous avons effectivement eu une énorme abstention. La participation au Luxembourg s’est élevée à 26,77 % seulement, 28,77 % sur l’ensemble de la circonscription Benelux. C’est triste. Alors j’ai envie de dire aux Français du Luxembourg : on n’est pas dans un régime autocratique présidentiel. C’est l’Assemblée nationale qui adopte les lois et ce n’est pas parce que les électeurs ont voté Macron au 2nd tour de la présidentielle qu’ils doivent nécessairement donner un blanc-seing à sa politique.

Êtes-vous confiante pour le deuxième tour ?

Oui, parce que je suis passée devant le « Monsieur Europe«  d’Emmanuel Macron dans la capitale européenne, Bruxelles. J’espère que LREM aura compris le message : beaucoup d’Européens ont une appétence pour un autre type d’Europe, plus sociale, plus écologique, et leur entreprise de diabolisation concernant ma candidature, alors que je suis une européenne convaincue et militante, n’a pas fonctionné sur le territoire où je suis élue actuellement, la Belgique.

Ma suppléante et moi-même sommes toutes les deux conseillères des Français de l’étranger, des élues locales, de terrain. On est attaché à cet ancrage local. Je me déplace beaucoup et je continuerai à le faire. En cas de victoire, je m’engage à me rendre une fois par trimestre au Luxembourg et aux Pays-Bas.

Les électeurs ont une opportunité hors du commun dans cette circonscription d’avoir un vrai choix entre deux visions fédéralistes européennes différentes et un vrai choix concernant le tournant écologique. Pieyre-Alexandre Anglade a tout de même voté pour la réintroduction des pesticides et des néonicotinoïdes !

Un commentaire

  1. Avec l’extrême gauche, c’est la faillite assurée, encore plus vite qu’avec les Macron et Scholtz réunis, san compter la bande à Ursula et ces députés européens qui ne comprennent rien à rien.

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