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Autofestival : le marché de l’électrique en route vers l’occasion


Lors de cette nouvelle édition, les automobilistes auront face à eux un vaste choix de véhicules aussi bien thermiques qu’électriques. (Photo : archives lq/claude lenert)

Alors que la fin des voitures thermiques a été actée pour 2035, le marché de l’électrique gagne du terrain. Mais face aux prix encore élevés, l’occasion apparaît comme une alternative intéressante.

Alors que la 59e édition de l’Autofestival démarrera ce lundi, 80 concessions ouvriront leurs portes au public avec l’espoir de laisser derrière elles ces deux dernières années de crise. La solution viendra peut-être des véhicules électriques qui ont le vent en poupe ces dernières années. Si d’après la Fédération des distributeurs automobiles et de la mobilité (Fedamo), la majorité des clients (56,5 %) se tournent encore vers une motorisation thermique (34,6 % pour l’essence, 21,9 % pour le diesel), l’électromobilité séduit de plus en plus.

Une année 2022 difficile

La Fedamo souhaite que cette 59e édition soit celle du retour à la normale. Il faut dire que l’année 2022 a été particulièrement difficile pour le secteur. «Elle a été fortement marquée par la guerre en Ukraine, la pénurie des puces électroniques causant des délais de livraison prolongés, les flux logistiques en perturbation et une inflation en hausse», rappelle la Fedamo. Ainsi, 42 094 nouveaux véhicules ont été immatriculés au Grand-Duché l’année dernière, soit une baisse de 2 278 unités par rapport à 2021 (-5,1 %) et de 3 095 par rapport à 2020. Le dernier trimestre a tout de même connu une hausse 7,05 % par rapport à l’année précédente. «Ces chiffres sont cependant à nuancer vu qu’ils ne représentent que les immatriculations et ne prennent pas en considération les portefeuilles des commandes en cours qui sont exceptionnellement élevées.»

En 2022, la vente de véhicules 100 % électriques a augmenté de 4,7 % atteignant les 6 393 unités, soit 15,2 % des immatriculations de l’année, tandis que les véhicules hybrides enregistrent une augmentation de 2,8 %. Les plug-ins hybrides sont en revanche en baisse de 0,9 %, sans doute à cause de la fin, en 2021, des aides à l’achat alors que celles des autres véhicules électriques ont été prolongées jusqu’en 2024 (voir encadré). Au total, la part des voitures électrifiées immatriculées en 2022 s’élève à 43,4 %. «Si l’électrique ne représente que 3 % du parc, il y a une poussée, note Denis Hubert, du département mobilité de l’ACL. Avec le régime fiscal et le système de primes, tout l’écosystème se met en place. Il devient une alternative crédible.»

Des freins à l’achat

Cette édition de l’Autofestival sera aussi la première depuis que les eurodéputés ont entériné, en octobre dernier, la fin des moteurs thermiques dans l’Union européenne en 2035. Même si la décision n’est pas encore définitive, une clause de revoyure étant prévue en 2026, la tendance pourrait donc encore s’accentuer.

Car pour les futurs acheteurs, quitte à devoir changer de voiture dans les temps à venir, autant opter rapidement pour l’électrique. En France, un sondage Odoxa montre que 54 % de la population est prête à acheter une hybride. Ils sont même 30 % à songer aux véhicules 100 % électriques. Mais ces derniers souffrent toujours de quelques freins, en premier lieu le prix d’achat. Même si celui-ci est amorti par de nombreux paramètres (aides, prix de l’assurance, de l’entretien, des recharges…), la question se pose encore pour de nombreux acheteurs.

Les batteries continuent de poser question, notamment sur les véhicules d’occasion. Mais celles-ci semblent plutôt bien tenir la charge malgré les années. Photo : archives lq/julien garroy

Un marché qui prend de l’ampleur

Une alternative intéressante pourrait être le marché de l’occasion. Ce dernier, comme l’électrique séduit chaque année de plus en plus d’automobilistes. En 2021, d’après la Fedamo, 65 787 véhicules d’occasion ont été immatriculés au Grand-Duché contre 61 637 en 2020. En plus d’un prix attractif, les voitures d’occasion ont le mérite d’être disponibles immédiatement alors que les délais peuvent toujours être longs lors de l’achat d’un modèle neuf.

Encore récent, le parc électrique d’occasion luxembourgeois est moins fourni mais permet déjà de faire de belles affaires. «Il y a plusieurs milliers de voitures électriques datant de 2012 comme la Renault Zoé qui se retrouvent sur le marché de l’occasion, confirme Denis Hubert. Depuis 2014, il y a aussi des Tesla.»

Des aides jusqu’en 2024 mais sous conditions

Alors qu’elles devaient s’arrêter le 31 mars 2022, les primes «Clever fueren» du ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable ont été prolongées jusqu’au 31 mars 2024. Une manière de répondre à la pénurie de semi-conducteurs dans le monde et à l’allongement des délais de livraison qui a suivi. Celles-ci permettent d’obtenir une aide financière allant jusqu’à 8 000 euros pour l’achat d’une voiture 100 % électrique si sa consommation ne dépasse pas les 180 Wh/km (soit 18 kWh pour 100 km). Le seuil a même été étendu à 200 Wh/km (ou 20 kWh pour 100 km), sous condition que la puissance nette maximale du véhicule soit inférieure ou égale à 150 kilowatts.

Cependant, ces aides ne concernent en théorie que les véhicules neufs. Un véhicule d’occasion importé ne peut y souscrire pour éviter le versement de deux primes dans deux pays différents. Une aide financière est toutefois possible si le véhicule a été immatriculé au Luxembourg et que son propriétaire l’a gardé durant au moins un an.

Des premiers prix à 15 000 euros

Le site internet de la Fedamo propose lui-même dans son moteur de recherche un large choix de véhicules électriques d’occasion. S’il faut compter entre 5 000 et 10 000 euros pour un quadricycle d’occasion, les premiers prix des voitures électriques tournent aux alentours des 15 000 euros. «Un véhicule neuf coûte en moyenne 40 000 euros.» La différence de prix pourrait faire basculer certains acheteurs.

Mais le marché de l’électrique va encore évoluer. Les constructeurs chinois seront bientôt présents avec des prix beaucoup plus bas que ceux proposés par les entreprises occidentales. «Avec les aides proposées par l’État, on se retrouvera sur des tarifs similaires à ceux des voitures thermiques», annonce Denis Hubert. «Ce ne sera plus le prix qui fera la différence, mais l’usage. Pour une deuxième voiture, l’électrique peut convenir, mais pour les trajets du quotidien, une partie de la population restera sur un moteur thermique.»

Quelle durée de vie pour les batteries?

C’est l’un des principaux freins à l’achat d’un véhicule électrique d’occasion. Comme pour un téléphone ou un ordinateur portable, la batterie au lithium d’une voiture se dégrade au fil du temps et perd peu à peu en autonomie. Si la question se pose moins lors de l’achat d’un véhicule neuf, les automobilistes sont tout de suite plus inquiets sur les modèles qui ont quelques kilomètres et années au compteur. Mais d’après une étude de Geotab, portant sur 6 500 voitures, il n’y aurait que peu de soucis à se faire. «Généralement, la batterie couvre 8 ans/160 000 km, mais cela varie selon le fabricant et le pays», explique l’entreprise spécialisée dans les objets connectés. Et si, effectivement, plus le véhicule est ancien, plus sa batterie est susceptible de se détériorer, elle ne perdrait que 2,3 % de ses capacités par an.

Cependant, si la perte est relativement linéaire, elle varie tout de même selon l’âge de la voiture. La batterie d’un véhicule perd ainsi plus de puissance dans les premières années avant que le déclin soit plus modéré par la suite. «Vers la fin de sa vie, la batterie subit une chute significative finale», précise Geotab. Denis Hubert, du département mobilité de l’ACL, affirme que celles des premiers véhicules mis sur le marché semblent tenir le coup. «Nous avons fait des tests sur des voitures de 2012, l’état était encore très bon. Après, il n’existait pas encore de superchargeurs. Le véhicule était toujours rechargé en charge lente. Il faudra voir leur impact.»

Heureusement, le prix moyen d’un bloc-batterie lithium-ion a chuté depuis une dizaine d’années de plus de 80 % et devrait continuer à baisser durant les dix prochaines années. En ajoutant la garantie que de nombreux constructeurs offrent actuellement sur leurs batteries, les véhicules électriques restent une bonne alternative par rapport au thermique puisqu’ils comportent moins de pièces à entretenir (filtre à essence, courroie de distribution, filtre à huile…). Geotab note également qu’une utilisation intensive du véhicule n’équivaut pas à une dégradation plus importante de sa batterie. «Tant qu’ils restent dans leur autonomie de conduite quotidienne, la durée de vie de leur batterie ne sera pas affectée.»

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