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Au Luxembourg, « tout le monde n’a pas accès aux soins »


Via l'association, les plus démunis ont accès à des soins dentaires. (photo Laurent Antonelli)

Aujourd’hui, au Grand-Duché, des personnes sont toujours exclues du système de soins. Médecins du monde leur vient en aide. L’association vient même d’être reconnue d’utilité publique.

« Il y a quelques jours, nous avons soigné un malade de 25 ans, algérien, qui avait tout le coude infecté, plein de pus. Il était tellement enflé qu’il ne pouvait plus bouger le bras. Cinq jours plus tôt, il avait eu un panaris au doigt. Nous l’avons envoyé en urgence à l’hôpital.[…] Quelques minutes après son admission, l’hôpital nous a appelés en nous disant qu’il devait passer un scanner et nous demandant si nous pouvions payer. Bien sûr, nous sommes une association et nous n’avons pas l’argent. Finalement, ils l’ont tout de même pris en charge avec humanité et l’ont opéré », témoigne Dr Bernard Thill, vice-président de Médecins du monde Luxembourg.

Une histoire qui montre à la fois le quotidien de l’association qui existe depuis octobre 2013 et vient seulement d’être reconnue d’utilité publique le 8 février. L’exemple montre aussi «qu’une situation peut devenir dramatique pour une bagatelle, parce qu’elle n’est pas soignée tout de suite», poursuit le médecin et les frais sont ensuite plus importants. Car sans adresse ni travail, on ne peut pas être soigné au Luxembourg, sauf si l’on toque à la porte de Médecins du monde qui compte une centaine de bénévoles disséminés à Luxembourg Bonnevoie et Esch-sur-Alzette.

En obtenant le statut d’utilité publique, l’association fait un bon en avant et «gagne en crédibilité», assure le président, le Dr Jean Bottu. Un moyen de mieux faire passer son message

«Les enfants aussi sont touchés»

«Les écarts considérables de richesse, les prix élevés du logement laissent beaucoup de monde à la rue», rappelle le président qui veut faire passer le message qu’aujourd’hui au Luxembourg, dans le troisième pays le plus riche du monde, des personnes n’ont pas accès aux soins : «Il n’y a pas de couverture sanitaire universelle», insiste-t-il avant de mettre ce constat en parallèle avec un chiffre, celui de l’excédent cumulé de la CNS : 467 millions d’euros en 2017.

Cette absence de soins concerne les adultes, «mais pas seulement, les enfants aussi sont touchés», indique le président. Pour illustrer son propos, il met en avant le témoignage de Charlotte, stagiaire assistante sociale qui retranscrit les mots d’une mère d’origine albanaise et déboutée du droit d’asile : «Mon petit garçon de deux ans est tombé malade, je me suis rendue chez mon pédiatre habituel qui me dit que mon fils n’a rien de grave et que je peux repartir. Pourtant, une semaine après, l’état de santé de mon petit bébé s’aggrave, il a quarante de fièvre et des plaques rouges partout sur le corps. Je me rends immédiatement à l’hôpital où est né mon enfant. Quelle surprise lorsque la dame qui travaille à la réception me dit que je n’ai plus de couverture médicale. Je n’y comprends rien. Je suis allée chez le pédiatre il y a une semaine et il ne m’a rien dit pour ma sécurité sociale.»

Une triste réalité qui peut mettre en péril la santé des plus petits. L’association reçoit des bébés âgés d’à peine quelques mois. Au total, 815 personnes ont fait appel à Médecins du monde en 2018, ce qui s’est traduit par 2 358 consultations.

Audrey Libiez

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