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Affaires de drogues face à la 13e chambre correctionnelle : «Quelqu’un m’a dit»


Darlington et Bruno sont les maillons d'un même système. (Photo : archives LQ/Fabrizio Pizzolante)

Darlington a vendu de la drogue et 26 a volé pour pouvoir en acheter. Tous deux sont en aveux d’avoir commis des délits et encourent plusieurs mois de détention.

«Quelqu’un m’a dit que si je venais au Luxembourg et que je demandais à des amis africains, je pourrais trouver du travail», explique Darlington, 33 ans.

«Cela marche peut-être pour le genre de faits pour lesquels vous avez déjà été condamnés et pour lesquels vous êtes devant nous aujourd’hui, mais pas pour trouver un vrai métier. Vous n’avez pas trouvé vos amis africains?», constate la présidente de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg mercredi après-midi.

Le prévenu au look très seventies, coupe afro et moustache en fer à cheval, a été arrêté le 24 mai dernier dans le quartier de la Gare à Luxembourg alors qu’il venait de vendre deux boules de cocaïne à un toxicomane. Les policiers qui l’ont interpellé ont trouvé 39 boules de drogue supplémentaires sur lui.

Darlington explique être arrivé au Luxembourg en avril 2021 depuis l’Italie «pour trouver un travail de soudeur», mais en vain. La vente de drogue ne serait qu’un «concours de circonstances». Il n’aurait jamais commis de crime ou de délit ailleurs qu’au Luxembourg. La présidente lui rappelle qu’il a déjà été condamné à 16 mois de prison avec sursis pour des faits similaires commis le 18 octobre 2021.

Un homme blanc serait venu le trouver dans la rue et lui aurait proposé de vendre la drogue contre une commission, prétend le jeune homme originaire du Nigeria. «Cent euros pour 300 euros vendus.» La présidente a du mal à croire à cette explication qui ne correspond pas, selon elle, aux manières de fonctionner dans le milieu de la vente de stupéfiants.

Un récidiviste

«Dans ce milieu, la confiance est importante. Cela m’étonnerait qu’un homme vous ait donné les boules comme cela», affirme la juge. «Normalement, les vendeurs doivent payer la drogue en avance pour que les fournisseurs soient certains de ne pas perdre la marchandise.» Darlington insiste : il ne connaissait pas le fameux homme blanc et prie le tribunal de lui donner une nouvelle chance.

Le parquet a noté qu’une chance, il en avait déjà eu une la dernière fois, mais ne l’avait pas saisie. «Vous vous êtes remis à vendre de la drogue à peine un mois après avoir été condamné une première fois», lui rappelle le procureur qui a estimé que la vente, la détention de drogue pour autrui et le blanchiment du produit de la vente étaient donnés. Il a requis une peine de 24 mois de prison et une amende.

«On vous a déjà fait comprendre une fois que vendre des stupéfiants est interdit.» Mais le jeune homme insiste. Il jure avoir compris et promet de quitter le territoire luxembourgeois pour retourner mener une vie d’honnête homme en Italie, s’il ne doit pas retourner en prison. Darlington y est en détention préventive depuis le lendemain des faits.

Son avocat, Me Says, a suggéré au tribunal d’exaucer son vœu pour qu’«on ne le revoie plus dans le quartier de la Gare, sauf pour prendre un train pour l’Italie». «Une dernière chance, pas une deuxième ou une troisième» ou de ne pas prononcer de peine supérieure à la période passée en détention préventive.

«Il n’avait que l’équivalent de 15 grammes sur lui», ajoute-t-il avant de demander au tribunal de laisser tomber l’amende, qu’il n’aurait pas les moyens de payer.

Il vole pour payer sa drogue

Bruno, 41 ans, est venu travailler sur des chantiers au Luxembourg en septembre 2020, avec pour objectif de gagner suffisamment d’argent pour faire venir sa famille d’Angola. Quelques mois plus tard, ce Portugais a perdu son emploi et, convaincu d’avoir failli à sa tâche, tombe dans la drogue. Mercredi après-midi, il comparaissait devant la 13e chambre correctionnelle pour deux vols. Le butin, explique-t-il, lui aurait servi à payer sa consommation ou ses dettes auprès de ses fournisseurs.

Les deux vols, pour lesquels il est en aveux, se sont produits à deux jours d’intervalle, les 2 et 4 août 2022. Bruno est accusé d’avoir pris six bouteilles de cognac dans un supermarché de Merl, le 2. Le 4, il reconnaît avoir brisé la vitre d’une librairie de l’avenue Émile-Reuter à Luxembourg avec une pierre pour voler la caisse et des tickets de loterie. Un agent de sécurité l’a retenu jusqu’à l’arrivée de la police. Avant cela, Bruno avoue s’être introduit dans un commerce voisin et y avoir pris un sac à dos contenant des outils.

Le parquet a requis une peine de 16 mois de prison à l’encontre du prévenu et ne s’est pas opposé à un sursis probatoire à condition que Bruno continue de soigner son addiction.

Les prononcés sont fixés au 9 février.

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