La 13e chambre criminelle a suivi le réquisitoire du parquet. Saïd a été condamné vendredi pour avoir extorqué des sommes d’argent considérables à son ancienne compagne.
Le prévenu n’était pas présent vendredi matin au tribunal d’arrondissement de Luxembourg pour entendre le verdict de la 13e chambre criminelle. Et pour cause, le jeune homme d’origine marocaine aurait disparu. «Le prévenu est officiellement en fuite», avait annoncé le procureur à la fin de l’audience consacrée aux plaidoiries de la défense, le 17 juin dernier.
Il avait assisté à toutes les audiences des cinq semaines de ce procès avant de disparaître après la révocation de sa mise en liberté sous contrôle judiciaire par un jugement du 8 juin de la chambre criminelle. Il s’agissait de l’ultime rebondissement de cette affaire qui en a connu de multiples. La cour d’appel est revenue sur cette décision le 28 juin.
Saïd a été condamné à une peine de 17 ans de prison ferme et à payer des dommages et intérêts à sa victime, ainsi qu’à la maman de celle-ci et à ses deux enfants. Et plus précisément 253 000 euros à sa victime, 11 300 euros à sa maman et 11 000 euros aux deux enfants. Des montants très éloignés du million et demi d’euros réclamé par la jeune femme qui devait éponger les sommes qu’elle accuse son ancien amant de lui avoir extorquées. Le tribunal a jugé certaines demandes non fondées et irrecevables ou s’est déclaré incompétent pour en juger.
Mi-promoteur immobilier, mi-entrepreneur, le jeune homme avait séduit Jiaoli en prétendant être ce qu’il n’était pas et lui avait proposé de rénover un de ses immeubles. Il aurait alors petit à petit mis la jeune femme sous son emprise pour faire main basse sur ses biens. La jeune quadra avait dû fuir en Chine, son pays d’origine, pour lui échapper. Saïd avait fait marcher ses relations politiques pour retrouver sa trace et la faire revenir au Luxembourg.
Jiaoli l’avait accusé de menaces sur les membres de sa famille et de violences dont elle subirait toujours les séquelles si elle ne lui ramenait pas des sommes d’argent quotidiennes. Elle a prétendu lui avoir remis entre 650 000 et 700 000 euros.
Sans compter les 537 000 euros pour les travaux de rénovation de son immeuble de Junglinster. Des allégations tellement invraisemblables que la défense du trentenaire, assurée par Mes Penning et Hellinckx, avait questionné la crédibilité de Jiaoli et essayé de faire valoir l’absence de preuves matérielles tangibles.
«Il ne s’agit que de pures allégations. Il n’y a ni preuves ni témoins», avait précisé Me Hellinckx. Ni de lien de causalité entre la surdité irréversible des sons aigus dont soufre Jiaoli, ses problèmes de vertèbres ou le stress post-traumatique et les coups reçus. L’avocat a plaidé l’acquittement de son client et demandé au tribunal de ne pas retenir de circonstances aggravantes.
Un réquisitoire revu à la hausse
Le parquet, qui avait requis une peine de 12 ans de réclusion à l’encontre de Saïd, a décidé d’adapter la peine à la hausse de 5 ans en vertu de l’article 473 du code pénal qui prévoit que dans les cas de vols commis à l’aide de violences ou de menaces et des extorsions, la peine encourue «se situera entre 15 et 20 ans si les violences ou les menaces ont causé soit une maladie paraissant incurable, soit une incapacité permanente de travail, soit la perte de l’usage absolu d’un organe, soit une mutilation grave». La 13e chambre criminelle, dans son jugement, a retenu cette circonstance aggravante à l’encontre de Saïd.
Le procureur avait estimé que les nombreuses infractions de coups et blessures volontaires à l’encontre de Jiaoli et de sa maman, de menaces et d’injures, d’extorsion et abus de faiblesse ainsi que de faux et usage de faux étaient données.
Il avait dressé un portrait de Saïd diamétralement opposé à l’image de prince charmant qu’il avait montrée à sa victime au début de leur relation : celui d’un homme «manipulateur», «narcissique» et violent qui a fait vivre sa victime «dans une menace permanente».
«Prélever de l’argent ne démontre pas ce qu’on en fait», avait noté Me Hellinckx avant de souligner que les premiers prélèvements avaient eu lieu au début de la relation, avant les coups. «Jiaoli est malhonnête», avait-il estimé. «Sans preuve de coups et blessures, il ne peut y avoir d’extorsion.» Pas plus que d’abus de faiblesse.
Saïd avait prétendu avoir voulu récupérer l’argent dû par Jiaoli pour des rénovations effectuées en prime dans des immeubles lui appartenant. Les documents pouvant attester de cette théorie ont disparu et les deux protagonistes s’accusaient l’un l’autre de les avoir fait disparaître.
L’affaire était complexe et dépassait la simple arnaque ou l’histoire d’amour qui finit mal. Elle avait éclaté en mai 2019 après que l’ex-époux de la jeune femme, alerté par sa maman, a prévenu la police que Jiaoli faisait l’objet d’une tentative d’enlèvement de la part de Saïd. Ce qui n’était pourtant pas le cas.
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Said Nassiri a escroque aussi ma famille, nous avons une maison en chantier depuis plus d‘un an et il faut tout démolir. Ce sont des centaines de milliers d‘euros que nous avons perdu. J’espère qu‘il se retrouve et définitivement mis en prison.
putain de pire en pire les peines detendez vous