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Affaire Saïd : retour à Schrassig


Un énième rebondissement, intervenu hier, vient prolonger la durée de ce procès fleuve.

C’est derrière les barreaux que Saïd va attendre la fin de son procès. Les conditions de sa remise en liberté ont été révoquées hier, alors que le procès est ajourné.

L’affaire Saïd joue encore les prolongations. Rebondissement après rebondissement, l’affaire initialement prévue sur deux semaines à partir du 3 mai dernier a été prolongée d’une semaine, puis de deux pour finalement devoir trouver son épilogue hier après-midi.

La défense était supposée clôturer ses plaidoiries, le parquet aurait pu répliquer et le prévenu devait avoir le dernier mot. Devait. Un des trois membres de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg qui juge l’affaire étant atteint du covid, l’affaire doit être remise au 17 juin pour continuation et prise en délibéré.

Cette amputation d’un membre n’a pas empêché la chambre criminelle de se prononcer quant à la demande de révocation du contrôle judiciaire du prévenu par le parquet. Saïd retourne en prison. Le tribunal a décidé de lui retirer le bénéfice de la remise en liberté provisoire dont il jouissait.

Le parquet avait requis l’incarcération du prévenu à l’issue d’une précédente audience, estimant qu’il en avait brisé les conditions en s’approchant de sa présumée victime alors qu’il n’en avait pas le droit. Pendant les vacances de Pentecôte, il a accompagné le curateur de la faillite de son entreprise à proximité des locaux de cette dernière qui s’avèrent également être le domicile de la jeune femme.

Deux agents de police étaient présents hier dans les locaux du palais de justice pour l’emmener au centre pénitentiaire. Seulement, pour la première fois depuis le début du procès, Saïd ne s’est pas présenté à l’audience. «Il en a parfaitement le droit à ce stade de la procédure étant donné que l’affaire a été remise», a estimé Me Hellinckx à l’issue de cette audience quelque peu écourtée.

L’avocat du prévenu est d’avis que son client a respecté les conditions de sa remise en liberté à la lettre. «Nous craignions cette situation, mais nous ne nous y attendions pas», a indiqué l’avocat de la défense. «Nous allons devoir analyser sur quels arguments est basée cette révocation et consulter notre client pour savoir s’il souhaite que nous fassions appel de cette décision. L’exécution provisoire du jugement a été demandée. Il va donc devoir retourner en prison et nous ne pouvons pas l’empêcher.»

Saïd encourt 12 ans de prison

La défense se dit «déçue» de cette décision. Depuis le début de l’affaire, le trentenaire, présenté comme un manipulateur et un bonimenteur, serait victime de mensonges de la partie adverse. Les accusations et le récit que fait Jiaoli de sa relation avec le prévenu sont tellement invraisemblables – bien qu’un expert psychologue ait estimé que la jeune femme était parfaitement crédible – que tout cela peut paraître inventé ou exagéré pour nuire au prévenu. C’est sur cette argumentation que les avocats du prévenu, Mes Hellinckx et Penning, ont choisi de baser leur défense. Ainsi que sur l’absence de preuves matérielles tangibles des allégations de la victime présumée.

Le parquet a requis 12 ans de prison à l’encontre du prévenu il y a une semaine et la partie civile lui réclame 1,5 million d’euros. Saïd, jeune homme d’origine marocaine, est soupçonné d’avoir dépouillé son ancienne compagne, une restauratrice d’origine chinoise, après l’avoir manipulée et maintenue sous emprise par les coups. Entrepreneur et agent immobilier aux compétences sérieusement remises en doute par le parquet, il prétend avoir seulement voulu récupérer l’argent dû par Jiaoli pour des rénovations effectuées en prime dans des immeubles lui appartenant. Les documents pouvant attester de cette théorie ont disparu et les deux protagonistes s’accusent l’un l’autre de les avoir fait disparaître.

L’affaire est complexe. Elle dépasse la simple arnaque ou l’histoire d’amour qui finit mal. Jiaoli dit avoir dû fuir en Chine, exsangue, pour échapper à Saïd et protéger les siens. Lui, marié et père d’un enfant, fou d’amour pour la jeune femme, aurait usé de ses contacts haut placés pour la retrouver et la persuader de revenir au Luxembourg. Jiaoli a fini par s’exécuter.

L’affaire avait éclaté après que l’ex-époux de la jeune femme, alerté par sa maman, a prévenu la police que Jiaoli faisait l’objet d’une tentative d’enlèvement de la part de Saïd. Hypothèse finalement écartée, contrairement au reste des accusations de la victime présumée.

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