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Affaire Bari : les protagonistes condamnés à des peines de 18 mois à 16 ans de prison


La grande salle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg a accueilli le procès pendant plus de deux mois. (photo archives LQ)

Un réseau organisé de vente de stupéfiants dans le sud du pays est tombé en novembre 2020. Ses membres ont été jugés pendant plus de deux mois et les condamnations viennent de tomber.

Des peines allant de 18 ans à 24 mois de prison et des amendes entre 100 000 et 250 000 euros avaient été réclamées le 7 juin dernier par le parquet, qui avait conclu à l’organisation de malfaiteurs dans l’affaire Bari aux termes de six heures de réquisitoire. La 16e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg est restée un peu en deçà en prononçant des peines s’échelonnant de 18 mois à 16 ans de prison contre la vingtaine de protagonistes de ce procès exceptionnel.

Pendant plus de deux mois, à partir du 18 avril, les juges ont eu à toiser une vaste et complexe affaire de trafic de drogue et de blanchiment d’argent, l’affaire dite Bari, du nom de la ville d’origine des principaux protagonistes en Italie. Deux procureurs – un des magistrats s’est concentré sur le volet des stupéfiants et l’autre sur le volet du blanchiment du produit du trafic – s’étaient même partagé le réquisitoire, dont la lecture a duré six heures. Du jamais vu! Des pages et des pages. L’acte d’accusation en comptait 92. Le jugement dépasse les 700.

Le principal accusé, un jeune homme de 31 ans, a été condamné à 16 ans de prison, dont 6 avec sursis, et à une amende de 20 000 euros. Les deux magistrats du parquet avaient considéré qu’il se «trouvait au centre du carrefour qui reliait tous les acteurs entre eux» et avait créé et dirigé le réseau. Le parquet avait requis une peine de 18 ans de réclusion et une amende de 250 000 euros. Les autres acteurs lui auraient «consciemment apporté leur aide», constituant de ce fait une organisation de malfaiteurs.

Son bras droit a écopé d’une peine de 12 ans de prison, dont la moitié avec sursis, et d’une amende de 10 000 euros. Quant à la compagne de la tête du réseau, le tribunal l’a condamnée à une peine de 6 ans de prison, dont 5 assortis d’un sursis, ainsi qu’à une amende de 2 000 euros. L’homme qui a, entre autres, loué le garage de Leudelange qui servait de base au trafic et établi de faux contrats de travail a été condamné à une peine de 9 ans de réclusion, dont six avec sursis, à une amende de 10 000 euros et une interdiction d’exercer une profession dans le secteur immobilier pendant 5 ans.

«Un système sophistiqué»

Les fournisseurs, les revendeurs et les autres personnes actives dans le blanchiment d’argent ont été condamnés à des peines de 9, 8, 6, 5, 4 et 3 ans ainsi que de 18 mois assorties en partie d’un sursis et accompagnées d’amendes allant de 10 000 à 1 000 euros. Les deux sociétés écrans qui ont servi au blanchiment de l’argent issu du trafic devront payer des amendes de 50 000 euros. Deux personnes ont été acquittées.

Le chef du réseau devra également verser les sommes de 6 649 euros à la CNS et de 16 563 euros à la Caisse pour l’avenir des enfants (CAE), qui s’étaient portées parties civiles.

Un tuyau livré par un indicateur a mis la police sur la piste du réseau. Un homme se livrait, selon ce dernier, à un trafic de stupéfiants dans le sud du Luxembourg et avait mis en place «un système sophistiqué» pour blanchir les fonds issus de ces ventes. La police y a mis un terme le 10 novembre 2020 après dix-huit mois d’une enquête méticuleuse lors de laquelle «tout un arsenal de moyens d’investigation», dont un policier infiltré, a été mis en place pour «dégager une masse de preuves d’envergure» et en «tirer des conclusions irréfutables», avait résumé un des procureurs en préambule au réquisitoire.

Le principal accusé se livrait à «un trafic organisé et structuré» depuis une dizaine d’années et au moins depuis octobre 2017 au Luxembourg. La marijuana et la cocaïne étaient livrées, stockées et préparées à Leudelange et à Kayl. Différents fournisseurs venaient de Belgique et des Pays-Bas. L’acte d’accusation retient 7 332 remises à 124 clients réguliers au moins. La plupart étaient effectuées sur rendez-vous par la tête du réseau lui-même ou par son bras droit et chauffeur.

L’argent issu de la vente de la drogue a été notamment blanchi par le biais «d’activités de façade» démontées par l’enquête. Les faux «pour dissimuler l’origine illégale des fonds» étaient également légion dans le dossier : faux contrats de travail, fausses factures, fausses fiches de salaire, faux compromis de vente et faux acte notarié, faux contrats de bail, faux contrats de vente de voiture… Autant d’arrangements, découverts par les enquêteurs, «pour s’approprier des fonds» ainsi que pour commettre des escroqueries afin d’obtenir des prêts bancaires, «simuler la solvabilité» ou obtenir des subventions.

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