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Procès Bari : les coulisses de l’enquête


La salle 1.10 était un peu moins comble en ce deuxième jour de ce procès hors norme.

Une dénonciation est à l’origine du procès Bari. Dix-huit mois plus tard, vingt personnes sont arrêtées au terme d’une vaste opération de police mettant un terme à un trafic de drogue.

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«Vous ne l’aurez pas. Il fait cela depuis tellement longtemps.» L’indicateur de la police judiciaire s’est trompé. Samuele, malgré toutes les précautions de sécurité prises pour ne pas se faire repérer, est finalement tombé et avec lui tout le réseau dont il est supposé être la tête pensante avec son épouse et son bras droit.

Le 10 novembre 2020, une vaste opération de police, intervenue au terme de dix-huit mois d’enquête, a permis de mettre fin à un vaste trafic de stupéfiants, principalement dans le sud du Luxembourg.

Le premier enquêteur de la police judiciaire – sept sont attendus à la barre au cours du procès – a commencé hier après-midi à résumer le travail d’enquête de la police judiciaire qui a mené à ce coup de filet. L’enquête préliminaire a démarré en janvier 2019 à la suite de renseignements obtenus par une personne «du milieu».

L’attention des enquêteurs s’est dans un premier temps portée sur le jeune homme de 31 ans. Écoutes téléphoniques, observations statiques et mobiles permettent aux policiers de collecter des preuves de la vente de stupéfiants ainsi que des informations qui les amèneront à élargir le champ des protagonistes et à mesurer l’ampleur du trafic.

Vingt personnes sont suspectées d’y avoir participé à des degrés différents. Les enquêteurs ont découvert des revendeurs présumés plus ou moins importants ainsi que des personnes suspectées d’avoir participé aux activités de blanchiment à travers deux sociétés notamment. Leur procès a débuté mercredi matin face à la 16e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg et doit durer deux mois. Un procès hors norme mêlant trafic de stupéfiants et blanchiment de l’argent issu de ce trafic.

Deux procureurs se concentreront sur chacun de ces volets. Il est question de faux et usage de faux, d’escroquerie, de recel, de blanchiment et d’infractions diverses à la loi concernant la vente de stupéfiants, entre autres.

«Des commandes à la chaîne»

Samuele ne s’en doutait peut-être pas, mais il avait toujours un policier à ses basques. Un policier a même infiltré le réseau. Très vite, les enquêteurs ont réalisé que, contrairement à ce que son contrat de travail affirmait, le prévenu n’était pas développeur de projets immobiliers. «Il avait un train de vie bien supérieur à celui d’un trentenaire lambda au Luxembourg», a souligné l’enquêteur.

Des photographies projetées dans la salle d’audience montrent Samuele et son bras droit Maurizio portant de grands sacs et rencontrant pas mal de personnes dans des endroits isolés ou suffisamment fréquentés pour passer inaperçus. Des activités qu’ils auraient réalisées quotidiennement. Sacs qu’ils apportaient également dans une maison à Leudelange, un garage à Kayl ou au domicile du prévenu.

Dans la poubelle de la maison de Leudelange, les policiers ont entre autres trouvé, le 18 novembre 2019, des gants et des masques chirurgicaux sur lesquels figuraient des traces de cannabis et de cocaïne, ainsi que l’ADN des deux principaux prévenus. Deux mois plus tard, les enquêteurs analyseront le contenu «parlant» d’un sac en plastique jeté par Samuele dans une poubelle publique à Rumelange.

Des écoutes téléphoniques sont ensuite venues confirmer ce que les observations avaient déjà permis aux enquêteurs d’établir. Samuele aurait essentiellement communiqué par messages codés avec ses clients et aurait souvent changé de numéro de téléphone.

«Les commandes de stupéfiants arrivaient à la chaîne», a noté le policier. «Les transactions étaient rapides. Les clients se penchaient à la vitre de la voiture du jeune homme pour les effectuer. La voiture repartait immédiatement après. (…) Quand il ne pouvait pas se rendre avec lui aux rendez-vous, il envoyait son bras droit seul.»

Ils auraient principalement vendu du haschich et de la marijuana, mais également, dans une moindre mesure, de la cocaïne. L’acte d’accusation retient 7 332 remises de stupéfiants à au moins 124 clients identifiés, ainsi qu’une cinquantaine d’importations de stupéfiants depuis la Belgique et les Pays-Bas par différents livreurs.

Six kilogrammes de marijuana, cinq kilogrammes de haschich, un kilogramme de cocaïne et 80 000 euros ont été saisis, de même que des bolides de luxe italiens et allemands pour une valeur totale de 650 000 euros, ainsi que deux maisons et un appartement.

Le procès se poursuit lundi. Les enquêteurs devraient alors révéler un peu plus d’informations sur l’ampleur du trafic et sur les quantités de stupéfiants écoulées.

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