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[Critique ciné] «Une zone à défendre» : c’est l’amour à la ZAD !


Ce film est disponible sur Disney+ depuis le 7 juillet.(photo DR)

Le film regardé cette semaine par Le Quotidien est un drame : Une zone à défendre de Romain Cogitor, avec François Civil, Lyna Khoudri…

Romain Cogitore est un sentimental. Déjà en 2011, pour Nos résistances, il avait imaginé l’histoire d’un jeune maquisard découvrant la guerre et l’amour. Il a remis ça plus tard avec L’Autre Continent (2019), «love story» à l’autre bout du monde qui, forcément, se finit mal. Pour le premier film français estampillé Disney+, on le retrouve à la réalisation et avec la même obsession, qui pourrait se résumer ainsi : quelle serait l’image d’un amour impossible au XXIe siècle ? La réponse est forcément démesurée, comme peut l’être une passion dévorante, et le couple qu’il imagine n’a rien de commun : soit d’un côté, un flic, et de l’autre, une militante.

On a donc Greg (François Civil), jeune et ambitieux espion au service du Renseignement intérieur (DGSI), chargé d’infiltrer une communauté vivant en autonomie, qui lutte contre la construction d’un barrage. À peine arrivé, il tombe sous le charme de Myriam et ses dreadlocks (Lyna Khoudri), l’une des militantes les plus capées de la ZAD située en forêt entre Nancy et Mulhouse. De cette rencontre fugace naîtra un bébé dont Greg, vite parti vers d’autres missions, n’apprendra l’existence que des mois plus tard. Le policier infiltré trahira-t-il sa mission pour elle ? Myriam choisira-t-elle entre la lutte et l’amour ?

 

Comme le précise Romain Cogitore, l’idée n’est pas si perchée que ça. Il explique ainsi avoir été inspiré par un vaste scandale d’infiltrations de groupes de gauche par des policiers britanniques, dont certains ont eu des enfants avec leurs cibles. Et afin de ne pas tomber dans les clichés ni de les entretenir, il s’est même immergé dans l’une des plus grandes ZAD de France, où il a «expliqué son projet» aux militants. Une démarche tout à son honneur, sachant que le cinéma ne s’est que rarement penché sur le sujet, la vie et l’investissement de ces activistes écologistes n’étant apparemment pas assez «glamour» pour les studios, toujours selon le réalisateur.

Pour mémoire, on a quand même eu le droit à Night Moves (2013), où Jesse Eisenberg menait lui aussi une opération contre un barrage, sans oublier la comédie complètement barrée d’Éric Judor, Problemos (2017). À cela s’ajoute bientôt Sabotage, prévu pour la fin du mois, adapté de l’essai Comment saboter un pipeline, et donc Une zone à défendre, vaguement inspiré de Notre-Dame-des-Landes, ZAD la plus médiatisée des années 2010. D’emblée, on pourra s’étonner du soutien financier de Disney+, plateforme d’une multinationale du divertissement et symbole du capitalisme triomphant, qui a permis au film de se faire. Une tutelle qui, chez Romain Cogitore, suscite toujours «un joyeux étonnement».

Vous êtes ce qui m’est arrivé de mieux, mais aussi ce que j’ai fait de pire

Son film, comme toute romance qui se respecte, est à double vitesse. Au début, la caméra relate le quotidien de ses «200-300 énervés», le sens de leur lutte, les questionnements sur l’usage de la violence («les luttes pacifiques ne fonctionnent pas !», clamera l’un d’eux), la nécessaire solidarité, et le courage qu’il faut pour tenir tête à l’adversaire étatique, bien mieux préparé et bien plus solide. Au milieu de ce combat entre le pot de terre et le pot de fer, quelques évidences encore mal comprises («s’acharner sur ceux qui se battent pour l’intérêt général, ça n’a aucun sens !») et, c’est bien dommage, quelques clichés, aussi bien du côté des résistants que de la police.

Car il fallait s’y attendre, avec Romain Cogitore, les débats politiques ne sont pas à la hauteur face à l’amour qui surgit des barricades. Surtout quand il s’agit de François Civil et Lyna Khoudri, qui forment décidément un beau couple. En effet, on les retrouve à nouveau ensemble, peu de temps après avoir échangé un baiser du bout des lèvres à la fin du premier volet des Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon, où ils incarnent respectivement d’Artagnan et Constance Bonacieux. Ici encore, leur idylle est compliquée, voire douloureuse («Vous êtes ce qui m’est arrivé de mieux, mais aussi ce que j’ai fait de pire», dira Greg à sa bien-aimée et son enfant, rongé par les mensonges et la culpabilité). Mais ne dit-on pas que l’amour ne fleurit que dans la souffrance ?

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