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Pourquoi la France ne peut pas s’aligner sur les salaires luxembourgeois


Le recrutement à la frontière franco-luxembourgeoise est un casse-tête pour les employeurs français. (Photo : Pixabay)

Le recrutement à la frontière franco-luxembourgeoise est un casse-tête pour les employeurs français. Face à une différence de cotisations sociales significative, les entreprises françaises peinent à rivaliser avec les rémunérations proposées de l’autre côté de la frontière. Thierry Alcaraz, expert-comptable, éclaire sur cette disparité et ses conséquences.

Au Luxembourg, les taux de cotisation sociale sont fixes, s’établissant en moyenne à 12 % des cotisations salariales et 13 % des cotisations patronales. «Concrètement, pour un salaire brut de 100 euros, le salarié touche 88 euros nets. Le coût pour l’employeur est de 113 euros. Pour simplifier, les cotisations totales pour une entreprise s’élèvent ainsi à 25 %, indépendamment du niveau de rémunération», explique Thierry Alcaraz, expert-comptable.

Un coût salarial prohibitif en France

À titre de comparaison, en France, les cotisations salariales sont de 23 % et les cotisations patronales peuvent atteindre 45 %. Ainsi, pour 100 euros de salaire brut, un employé perçoit seulement 77 euros nets et le coût pour l’employeur peut frôler les 145 euros, soit pour un même salaire net, le double de celui pratiqué au Luxembourg.

«Le système français se distingue de plus par sa variabilité : les cotisations patronales augmentent proportionnellement avec le montant du salaire. Ainsi, un employeur versant un salaire au SMIC ne paiera que 5 % à 10 % de cotisations, alors que ce taux grimpe jusqu’à 40-45 % pour des rémunérations plus élevées», partage celui qui est témoin de cette fluctuation. Ce qui constitue un frein majeur pour les entreprises qui souhaiteraient revaloriser les salaires de leurs employés, et une «trappe» à bas salaires.

Un écart de coûts considérable

«Pour illustrer cet écart, prenons le cas d’un salarié qualifié au Luxembourg percevant un salaire minimum de 2 700 euros nets. Pour garantir cette rémunération, l’employeur doit débourser 3 400 euros environ. En France, pour proposer ce même niveau de salaire, une entreprise devra dépenser 4 600 euros, soit un surcoût de 1 200 euros», explique l’expert.

Cette différence explique pourquoi la France ne parvient pas à s’aligner sur le Luxembourg en matière de salaires. Ce qui engendre un défi de taille, particulièrement dans les zones frontalières où l’attractivité des rémunérations luxembourgeoises éclipse les propositions locales.

Anaïs Riffi
(Le Républicain Lorrain)

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