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Le nucléaire devient une technologie verte


Les États membres auront le dernier mot pour soutenir le nucléaire. Mais la crise énergétique a changé la donne concernant l’atome sur le continent. 

C’est officiel. Les eurodéputés ont considéré mardi que le nucléaire était une technologie verte que l’on pouvait soutenir. Les dents vont grincer au Luxembourg.

En juillet 2022, le Parlement européen votait pour inclure le gaz et le nucléaire dans la taxonomie verte de l’UE. Le vote avait soulevé la colère notamment de Claude Hansen (CSV) et de Tilly Metz (déi gréng), les eurodéputés luxembourgeois avaient commenté avec amertume cette décision. Le nucléaire et le gaz, des énergies durables ? Vraiment ? L’ancien ministre de l’Énergie Claude Turmes (déi gréng) avait, lui aussi, à l’époque, regretté ce vote en rappelant que le Grand-Duché allait déposer un recours contre cette décision avec l’Autriche.

Aujourd’hui, une nouvelle étape a été encore franchie. Le Parlement européen a voté hier en faveur de l’inclusion du nucléaire parmi les technologies vertes à soutenir pour assurer la compétitivité et la souveraineté de l’Europe face à la Chine et aux États-Unis. Le texte, qui dresse une liste de technologies à «zéro émission» de gaz à effet de serre, constitue la position des eurodéputés sur un projet de règlement visant à défendre la production de ces filières décarbonées dans l’UE. Il fixe l’objectif à 2030 de produire sur le sol européen 40 % des besoins de l’Union sur ces marchés, également convoités par la Chine et les États-Unis qui ont mis en place leurs propres mesures de soutien.

Des assouplissements réglementaires

L’Union européenne prévoit essentiellement d’octroyer aux filières concernées des assouplissements réglementaires. Sur le fond, le texte n’est pas crucial pour l’industrie nucléaire, largement régulée au niveau national, mais il marque une victoire politique et symbolique importante pour un secteur en plein renouveau. «Je me réjouis que nous ayons pu intégrer le nucléaire au même niveau que les énergies renouvelables dans les technologies nettes zéro. Toutes ces sources de production d’énergie sont indispensables à la décarbonation de notre économie», a réagi l’eurodéputé Christophe Grudler (Renew, centriste).

Souveraineté énergétique

La proposition sera encore négociée avec les États membres. Ces derniers doivent adopter leur propre position prochainement et pourraient également plaider pour l’inclusion du nucléaire parmi les filières clés de la transition énergétique, au côté des panneaux solaires, des éoliennes, des batteries ou des pompes à chaleur… On attend la position du nouveau gouvernement luxembourgeois sur le sujet. Il s’agit pour l’UE d’apporter un soutien réglementaire à ces industries pour atteindre la neutralité carbone en 2050, mais aussi de bâtir sa souveraineté énergétique. Le projet initial de règlement pour une industrie à zéro émission de gaz à effet de serre, présenté le 16 mars, citait déjà le nucléaire parmi les moyens de décarboner l’économie, ce qui constituait une première victoire pour la France et une dizaine d’autres pays de l’UE comme les Pays-Bas, la Suède ou la Pologne, qui misent sur cette technologie. Mais, en pratique, n’étaient concernés que les futurs réacteurs de 4e génération et les petits réacteurs modulaires également en cours de développement. En outre, l’essentiel des aides était réservé à une liste restreinte de filières, dites «stratégiques», dont le nucléaire restait exclu.

Les eurodéputés ont eux laissé le soin aux États membres de choisir les technologies à «zéro émission» qu’ils souhaitent favoriser au sein d’une liste élargie. Le plan prévoit notamment une simplification et une accélération des procédures et des octrois de permis pour les implantations industrielles, ainsi que des facilités de financement. Il innove en ajoutant des critères environnementaux aux appels d’offres publics, disposition qui pourrait avantager des fournisseurs européens dont les tarifs sont parfois plus élevés.