Les recherches de rescapés se poursuivent mardi au lendemain du puissant séisme dont le bilan, en constante aggravation, dépasse désormais les 5.000 morts dans le Sud-Est de la Turquie et le Nord de la Syrie, une véritable course contre les heures qui passent et le froid glacial.
Vingt-trois millions de personnes sont « potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables », a averti l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a promis son soutien.
L’aide internationale doit commencer à arriver mardi pour les régions touchées en Turquie et en Syrie. La première secousse tôt lundi, suivie de plusieurs fortes répliques, a atteint une magnitude de 7,8 et été ressentie jusqu’au Liban, à Chypre et dans le Nord de l’Irak.
En Turquie, le décompte des morts s’établit pour le moment à 3 419 et celui des blessés à 20 534, selon le vice-président Fuat Oktay.
En Syrie, au moins 1 602 personnes sont mortes et 3 640 ont été blessées, selon les autorités syriennes et des secouristes dans les zones rebelles. Dans la partie de la Syrie contrôlée par le gouvernement, le bilan a grimpé à 812 morts et 1 449 blessés, selon le ministère de la Santé.
Dans les zones sous contrôle des rebelles, les Casques blancs (volontaires de la protection civile) ont fait état de 790 morts et plus de 2 200 blessés.
À Jandairis, localité syrienne frontalière de la Turquie, un bébé vivant –une petite fille– encore relié par le cordon ombilical à sa mère morte comme tous les autres membres de la famille, a été sorti des décombres d’un immeuble .
À Hatay, ville turque à la frontière syrienne, les secours se sont acharnés dans le froid, sous la pluie battante ou la neige, parfois à mains nues, pour sauver chaque vie qui pouvait l’être. Une enfant de sept ans a été extirpée des ruines, après plus de 20 heures de terreur. « Où est ma maman ? », a-t-elle dit au secouriste qui la tenait dans les bras.
Le footballeur ghanéen Christian Atsu, ancien joueur de Chelsea et Newcastle qui avait rejoint en septembre le club turc de Haytayspor, a été retrouvé vivant dans un immeuble effondré à Hatay, selon l’ambassadrice du Ghana en Turquie.
Le mauvais temps sur la région complique la tâche des secours et rend le sort des rescapés plus amer encore, grelottant sous des tentes ou autour de braseros improvisés. Profondément meurtrie, la région difficile d’accès de Kahramanmaras est ensevelie sous la neige.
Premières aides internationales
Les premières équipes de secouristes étrangers, de France et du Qatar notamment, arrivent mardi. Selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a déclaré l’état d’urgence dans les dix provinces touchées par le séisme, 45 pays ont proposé leur aide.
Le président américain Joe Biden a promis « toute l’aide nécessaire, quelle qu’elle soit ». Deux détachements américains de 79 secouristes chacun se préparaient à se rendre sur place, selon la Maison Blanche.
La Chine a annoncé mardi, selon un média d’État, l’envoi d’une aide de 5,9 millions de dollars, incluant des secouristes spécialisés en milieu urbain, des équipes médicales et du matériel d’urgence.
A Moscou, des Russes apportaient à l’ambassade turque des vêtements chauds pour les victimes du séisme. « Toute la famille de mon mari vit à Hatay », explique Evguénia Oztiouk, entrepreneuse moscovite quadragénaire mariée à un ressortissant turc. D’autres apportaient des fleurs, comme Alikber Taraïev, un avocat de 58 ans venu avec d’autres Azerbaïdjanais vivant à Moscou.
En Syrie, l’appel lancé par les autorités de Damas a été surtout entendu par son allié russe, promettant des équipes de secours « dans les prochaines heures », alors que selon l’armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider les secours.
L’ONU a également réagi, mais en insistant que l’aide fournie irait « à tous les Syriens sur tout le territoire ».
Profitant du chaos, une vingtaine de combattants présumés du groupe jihadiste État islamique (EI) se sont évadés d’une prison militaire à Rajo, contrôlée par des rebelles pro-turcs.
Les bilans de part et d’autre de la frontière ne cessent de s’alourdir.
Rien qu’en Turquie, les autorités ont dénombré près de cinq mille immeubles effondrés. Et la chute radicale des températures fait courir un risque supplémentaire d’hypothermie aux blessés, coincés dans les ruines.
Dortoirs
L’OMS a dit elle-même s’attendre au pire et redouter « des bilans huit fois plus élevés que les nombres initiaux ».
Dans la journée de lundi, pas moins de 185 répliques ont été enregistrées, consécutives aux deux premières secousses : l’une de 7,8 survenue en pleine nuit, l’autre, de magnitude 7,5, à la mi-journée, les deux dans le Sud-Est de la Turquie.
Plusieurs répliques ont été enregistrées dans la nuit, mardi avant l’aube. La plus forte, de magnitude 5,5, a été enregistrée à 6h13 locales à 9 km au sud-est de Gölbasi (Sud).
Des dortoirs ont été ouverts par les autorités locales dans les gymnases ou les collèges ou même dans les mosquées afin d’héberger les rescapés. Mais par crainte de nouvelles secousses, nombre d’habitants ont préféré passer la nuit dehors, comme à Sanliurfa, dans le Sud-Est turc.
« Qui n’a pas peur ? Tout le monde a peur ! », assurait Mustafa Koyuncu, 55 ans, entassé avec sa femme et ses cinq enfants dans la voiture familiale.
Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17.000 personnes, dont un millier à Istanbul. Le pays est en deuil national pour sept jours.