Relégués en L2 au terme d’une saison noire sur le plan sportif, les Girondins et leur propriétaire Gerard Lopez sont attendus mardi cette fois sur le terrain financier par la direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG), sans aucune certitude quant à leur avenir.
Les déboires se sont multipliés ces dernières semaines pour Gerard Lopez, à l’image brouillée suite à son passage à Lille d’où il a été évincé pour des problèmes financiers fin 2020.
Mouscron, club belge qu’il possède depuis 2020, a dû se déclarer en faillite après avoir vu sa licence professionnelle non renouvelée. Boavista, club portugais repris également en 2020, s’est vu interdire de recrutement par la FIFA pour des indemnités non payées.
Puis il y a dix jours, le parquet du Luxembourg a renvoyé l’homme d’affaires devant un tribunal correctionnel pour « faux » et « usage de faux » à l’occasion d’un transfert de fonds remontant à 2014 entre l’écurie de F1 Lotus, qu’il dirigeait à l’époque, et le club de Fola Esch, au Grand-Duché, dont il a abandonné la présidence en 2017.
Négociations
La relégation historique de Bordeaux, qu’il avait repris en juillet dernier, n’a rien arrangé aux affaires de Gerard Lopez. « J’ai commis des erreurs », « c’est pour moi un échec personnel, et j’en assume la responsabilité », avait reconnu le dirigeant le 21 mai, juste avant la dernière journée de L1.
« Sauver le club est et demeure mon objectif », avait-il aussi ajouté. Car le patient bordelais est un grand malade du foot business, abimé par la gestion calamiteuse du fonds américain GACP en plus des crises sanitaire, des droits TV et sportive qui l’ont définitivement fait couler.
Avant le passage mardi devant le gendarme financier du football français, la DNCG, les Girondins ont tenté de négocier avec leurs créanciers King Street et Fortress leur dette de 50 millions d’euros et leur taux d’endettement. Dans quelles mesures y sont-ils parvenus ?
La vente du formé au club Aurélien Tchouameni au Real Madrid, qui va rapporter près de 11 millions d’euros à Bordeaux, en attendant celle de Jules Koundé pisté par Chelsea, ainsi que la diminution de la masse salariale par rapport à l’ère GACP, pourraient aussi servir leur dessein et rassurer la DNCG.
Plusieurs scénarios
Le déficit d’exploitation, lui, avoisine les 40 millions d’euros que les Girondins espèrent combler par la vente de leurs joueurs les plus cotés tels que Hwang Ui-Jo, Alberth Elis ou Junior Onana, en plus du parachute de 7 millions d’euros versés par la LFP à tout club rétrogradé et des 8,5 millions d’euros du fonds d’investissement CVC.
Reste que pour obtenir le feu vert de la DNCG et repartir la saison prochaine en L2 avec un budget prévisionnel de 41 millions d’euros et des comptes équilibrés, Lopez et sa société Jogo Bonito vont devoir mettre la main à la poche, sous forme d’apports propres conséquents comme souhaités par les fonds prêteurs King Street et Fortress, ou par le biais de nouveaux partenaires ou sponsors.
Si mardi l’instance de contrôle juge les garanties financières insuffisantes, elle peut prononcer une rétrogradation administrative à titre conservatoire en National (3e division). Les Girondins auraient alors six jours pour faire appel et deux semaines pour se présenter à une deuxième audition, fixée cette fois devant la DNCG fédérale.
Si les comptes sont alors approuvés, Bordeaux peut repartir en L2 dont le championnat débute fin juillet. Dans le cas contraire, le club se dirigera vers un dépôt de bilan devant le tribunal de Commerce et une procédure de redressement judiciaire. Avec une option sur la table : le National si le club est repris, le niveau amateur (5e division) en cas de liquidation.