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L’Allemagne enregistre son premier déficit public en huit ans


La consommation privée allemande a chuté de 10,9 % d'avril à juin. (photo AFP)

L’État allemand a accusé un déficit public au premier semestre de 2020, le premier depuis huit ans sur fond de crise du coronavirus, tandis que le PIB a un peu moins reculé d’avril à juin qu’annoncé initialement.

Le déficit des comptes publics (État, régions, communes et Sécurité sociale) a atteint 51,6 milliards d’euros de janvier à juin, ce qui représente 3,2 % du PIB allemand sur la période et dépasse les critères européens, qui fixent une limite de 3 % du PIB, a indiqué mardi l’Office de la statistique.

À fin juin 2019, l’Allemagne affichait encore un excédent de 2,7 % de ses comptes publics, plaçant le pays au centre de critiques chez ses partenaires commerciaux européens qui regrettaient son manque d’investissement. Du fait des circonstances exceptionnelles liées à la crise, Berlin a débloqué en urgence en mars 2020 des centaines de milliards d’euros pour son économie. Le gouvernement fédéral avait alors emprunté pour 218,5 milliards d’euros.

Résultat : « le budget de l’État a plongé dans le rouge pour la première fois en huit ans », relève Fritzi Köhler-Geib, cheffe économiste de la banque KfW. Mais « c’était à prévoir et c’est juste », car « l’argent public a été investi dans des mesures de stabilisation vastes et rapides », ajoute-t-elle. Les effets se font sentir sur le climat des affaires mesuré par l’institut IFO, qui est remonté en août pour le quatrième mois d’affilée, selon un communiqué séparé mardi.

Une reprise de l’activité pendant l’été

L’Office Destatis a par ailleurs réévalué le recul du PIB au deuxième trimestre de 2020 par rapport au précédent, à -9,7 % contre -10,1% annoncé initialement, de même que celui du premier trimestre, à -2 % contre -2,2 % indiqué auparavant. Presque tous les secteurs de l’économie ont contribué au recul du PIB d’avril à juin, qui reste « le plus élevé depuis la saisie des statistiques en 1970 », précise Destatis.

Dans le détail, la consommation privée a chuté de 10,9 % d’avril à juin, alors que de nombreux magasins et restaurants sont restés fermés jusqu’en mai, et les investissements hors construction ont baissé de 19,6 %. Les exportations se sont contractées de plus de 20 % contre 16 % côté importations, soit un recul plus important que lors de la dernière grande crise de 2009. Seules les dépenses des administrations publiques ont augmenté de 1,5% d’un trimestre à l’autre.

Sur un an, l’économie allemande a plongé de 11,3 % au deuxième trimestre par rapport à la même période de 2019. Tous les indicateurs d’activité indiquent cependant à ce jour une reprise pendant les mois d’été. La crise s’attaque néanmoins aux structures de la première économie européenne, poussant le gouvernement allemand à envisager notamment de doubler la durée d’indemnisation du régime de chômage partiel, de 12 à 24 mois. Cela « illustre non seulement la détermination du gouvernement à compenser le plus longtemps possible les retombées de la crise, mais aussi à quel point il sera difficile de sortir de cette crise », commente Carsten Brzeski, économiste chez ING.

LQ/AFP