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Confinées ou pas, les amours clandestines comme « bouffée d’air »


Pour Émilie*, le coronavirus a tout changé. Mi-mars, elle s'était confinée avec son conjoint. Mais rapidement, les échanges quittent la sphère professionnelle avec un collègue confiné à plus de 400 km... (Photo : DR)

« Sur l’attestation de déplacement, il manque ‘amour fou' » : dans la période « angoissante » du confinement dû au coronavirus, Eugénie* vit son amour clandestin comme une « bouffée d’air », au prix de stratagèmes parfois alambiqués.

La jeune trentenaire télétravaille à Paris. Avec son amant, en couple et père de famille, « on trouvait mille astuces pour se retrouver » avant l’arrivée du coronavirus. Eugénie sourit : « Je ne l’ai jamais autant vu que depuis le début du confinement. » Désormais, il la voit dans un lieu jusque-là interdit, dans son appartement, sur le chemin de son travail où il se rend toujours. Ils n’ont pas hésité une seconde à rompre leurs confinements respectifs.

« La perspective de ne plus le voir m’a angoissée terriblement », concède-t-elle. « C’est d’un égoïsme fou, mais c’est une question de survie. » « Heureusement que j’ai ça ! » Au téléphone, Emma*, qui vit dans la banlieue d’une grande métropole régionale, évoque une même « bouffée d’oxygène » avant d’avertir qu’elle interrompra la conversation si son conjoint depuis dix ans revenait de sa sortie quotidienne. Pour son rendez-vous quasi quotidien avec l’homme rencontré au mois de janvier, la trentenaire choisit sur l’attestation « la fameuse sortie d’une heure pour se dégourdir les jambes », raconte à son conjoint qu’elle « doit finalement repasser au boulot pour scanner un document », et file chez celui qui habite « à deux minutes à pied ».

Le coronavirus bouleverse le quotidien de relations, officielles ou officieuses

Sur le fond, l’épidémie a pourtant figé sa situation amoureuse : « Je voulais prendre du recul avec mon ami actuel, mais je n’ai pas pu, je ne veux pas le quitter à ce moment-là. » Comme pour tous les autres aspects de la vie, le coronavirus bouleverse le quotidien de relations, officielles ou officieuses. C’est le cas de celle de Clara*, dont l’aventure avec un homme marié était moribonde pendant les premières semaines du confinement. « Quand t’es à distance, t’es rationnelle, tu te rappelles toutes les choses qui font que c’est compliqué, et c’est une équation qui n’apporte pas que du bonheur », raconte cette Marseillaise.

Pourtant, au bout d' »un mois d’errements, le manque se fait sentir, et les sentiments s’intensifient à nouveau », se réjouit-elle. Elle ne voit pas son amant, confiné dans sa maison en périphérie en l’absence de sa femme, soignante. « Il doit travailler et s’occuper des enfants, mais il sait qu’il peut difficilement reprocher quoi que ce soit à l’autre quand son métier, c’est de sauver des vies. »

« +260% de trafic » en mars sur Gleeden

Dans d’autres cas, le coronavirus est un détonateur. Gleeden, un site qui fait son commerce des rencontres adultérines, a d’ailleurs diffusé fin mars un communiqué intitulé « Confinement : explosion de l’infidélité en ligne ». Le site a revendiqué « +260% de trafic par rapport à un mois de mars habituel ». En quelques semaines, Blaise*, 27 ans, s’est ainsi mis à échanger assidûment sur Instagram avec un « garçon trop beau » empêtré dans une liaison platonique. La discussion rentre vite « dans l’intimité sexuelle ». Distancés par plusieurs arrondissements parisiens, ils s’écrivent leur envie de passer une nuit ensemble, non concrétisée. « Cette période », raconte Blaise, « a fait prendre conscience » à ce garçon que sa longue relation « devait se terminer ».

Pour Émilie*, le coronavirus a déjà tout changé. Mi-mars, elle s’était confinée avec son conjoint. Mais rapidement, les échanges quittent la sphère professionnelle avec un collègue confiné à plus de 400 km. Après un rêve qui l’implique et qu’elle lui raconte, ils se révèlent leurs sentiments mutuels et entament « un début de relation extraconjugale » à distance, passent leur journées « à se raconter (leurs) vies », leurs familles, des « anecdotes », à se « faire des playlists », sans « s’être jamais embrassés ».

« Une relation à l’envers », résume-t-elle. Émilie se sent déchirée, bouleversée par cette situation. « Mon mec m’aime toujours. » « J’ai pleuré à peu près tous les jours pendant une semaine. » Mais « ça nous est tombé dessus, je peux pas faire grand-chose », dit-elle. Quelques jours plus tard, Émilie envoie un message. Elle a retrouvé son amant à Paris. « Nous sommes très amoureux et confinés ensemble ».

* Les prénoms ont été modifiés.

LQ/AFP