Accueil | Monde | L’Espagne accueille 300 migrants refusés par Malte et l’Italie

L’Espagne accueille 300 migrants refusés par Malte et l’Italie


Le navire est arrivé ce vendredi dans la matinée sur les côtes espagnoles (Photo : AFP).

Plus de 300 migrants secourus il y a une semaine au large de la Libye par une ONG espagnole sont arrivés vendredi matin en Espagne, alors que l’Italie et Malte les ont refusés.

Après être restés une semaine en mer à bord du navire Open Arms, sur lequel ils ont célébré Noël, les migrants ont crié et applaudi à leur arrivée dans le port de Crinavis, sur la commune de San Roque, dans la baie de Gibraltar (sud de l’Espagne). « Mission accomplie », a lancé le fondateur de l’ONG, Oscar Camps, sur Twitter. « Ce sont des personnes, les enfants mais aussi les adultes, avec des histoires dans leur pays d’origine mais aussi durant leur transit vraiment horribles », a déclaré pour sa part Vicente Raimundo, directeur des programmes d’intervention en Espagne de l’ONG Save The Children.

Somaliens, Syriens, Nigérians ou encore Maliens

Selon lui, parmi les 139 mineurs à bord du navire de l’ONG espagnole proactiva Open, certains « viennent de pays en guerre comme la Somalie ou la Syrie ». Le débarquement de ces 311 migrants, venant aussi notamment du Nigeria ou du Mali, a commencé autour de 10h30, les femmes et les mineurs en premiers. La Croix-Rouge leur fournit vêtements, nourriture et assistance médicale si nécessaire avant que la police puisse procéder à leur identification et qu’ils puissent ensuite être dirigés vers des lieux d’accueil. Secourus le 21 décembre, ces migrants avaient été autorisés le lendemain à débarquer en Espagne par le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, après avoir été refusés par l’Italie et Malte.

Selon Madrid, la Libye, la France et la Tunisie n’avaient quant à elles pas répondu à la demande de l’ONG. Si Malte a refusé l’accès de ses ports au navire, une femme et un bébé, né sur une plage libyenne quelques jours avant la traversée, ont en revanche pu être évacués samedi sur l’île en hélicoptère. Un mineur a par ailleurs été emmené vers l’île italienne de Lampedusa. Proactiva Open Arms avait repris fin novembre, avec les ONG allemande Sea-Watch et italienne Mediterranea, ses missions de sauvetage au large de la Libye. Elle avait auparavant décidé de les suspendre fin août en dénonçant la « criminalisation des ONG », en particulier par l’Italie et son ministre de l’Intérieur d’extrême droite Matteo Salvini. Le navire de Sea-Watch, le Sea-Watch 3, navigue lui toujours au large de la Libye avec à bord 32 migrants, secourus le 22 décembre et toujours sans perspective de débarquement. Il a remis cap au sud jeudi après avoir reçu le signalement d’une embarcation en détresse avec environ 75 personnes à bord.

Quelques débarquements en Italie quand même

Dans le même temps, une vedette de la police douanière italienne a secouru jeudi 43 migrants dont 42 ont été débarqués en Sicile. Le dernier a été évacué en urgence vers l’île de Pantelleria. Si les autorités sont restées très discrètes sur ce débarquement, qui contredit la politique des « ports fermés » de Matteo Salvini, la Croix-Rouge italienne a diffusé des photos sur les réseaux sociaux. Le débarquement de l’Open Arms en Espagne est le premier d’un navire d’ONG avec des migrants à bord depuis près de cinq mois dans le pays. Arrivé au pouvoir début juin à Madrid, Pedro Sanchez avait frappé un grand coup quelques jours plus tard en accueillant l’Aquarius, refusé par l’Italie et Malte et au centre de fortes tensions en Europe sur la politique migratoire. Madrid avait ensuite accepté à trois reprises l’Open Arms, en juillet et août, avant de rechigner à laisser de nouveau débarquer l’Aquarius.

Le gouvernement préférait alors négocier avec d’autres États européens la répartition de ses migrants. L’Espagne est devenue depuis cet été la première porte d’entrée des migrants illégaux en Europe, devant la Grèce et l’Italie. Plus de 56 000 migrants sont arrivés dans ce pays par la mer depuis le 1er janvier, tandis que 769 sont morts dans la traversée, selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Mais la route de la Méditerranée centrale reste la plus meurtrière, avec 1 306 migrants morts dans la traversée vers les côtes italiennes et maltaises depuis le début de l’année.

AFP