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Henri Leconte : «Les Français préfèrent rester dans leur zone de confort»


«Est-ce qu'ils veulent marquer l'Histoire ? La question, c'est à eux qu'il faut la poser (NDLR : Tsonga, Monfils, Gasquet, Pouille...) (Photo : Hervé Montaigu).

Retraité aux multiples activités, l’ancien champion français (56 ans) vit depuis cinq ans au Grand-Duché. Alors qu’il passe sa semaine à Kockelscheuer auprès de ses amies organisatrices du Luxembourg Open (Dan Maas, Jacqueline Olsem…), il s’est confié au Quotidien. Sans langue de bois.

Comment vous êtes-vous retrouvé au Luxembourg ?
Via des intermédiaires, des amis qui m’ont dit de venir ici. Puis on a monté une société. Les choses ont avancé. En même temps que des changements dans ma vie personnelle. J’ai commencé à avoir pas mal d’amis ici. Cela bouge bien. Et puis, il y a un grand avantage : au Luxembourg, vous êtes au milieu et proche de tout. Je me sens évidemment bien ici. Les Luxembourgeois me plaisent. Leur générosité, leur sincérité, leur gentillesse. Même si ce sont avant tout des businessmen (il sourit). J’aime bien votre premier ministre aussi, Xavier Bettel. On se connaît un peu. On peut le côtoyer, discuter avec lui, c’est agréable.

Vous pensez quoi du circuit féminin actuel ?
Pour moi, il est à deux vitesses. La WTA où l’élite est protégée, comme cela se fait aussi à l’ATP d’ailleurs. Et puis derrière, une autre vitesse où les filles font ce qu’elles peuvent pour aller au plus haut niveau mais sont limitées par une différence de classes.

Le tennis français va connaître une disette de 10 ou 15 ans

Parmi la nouvelle génération féminine avec les Naomi Osaka, Bianca Andreescu, Ashleigh Barty… Sur qui vous parieriez ?

Il y a la petite Cori Gauff qui n’est pas mal. Mais elle peut se brûler les ailes en deux minutes. Quand on voit qu’il y a huit personnes en même temps qu’elle sur le terrain quand elle s’entraîne… Elle a 15 ans mais rien ne dit qu’elle ne risque pas de faire une « Capriati » à 18 (NDLR : avant de réussir un incroyable come-back, la joueuse américaine avait arrêté le tennis à cet âge-là et avait connu des déboires avec la justice) et d’exploser en plein vol. On en a connu d’autres…

Tant qu’on vous tient : et le tennis français qui semble totalement au creux de la vague ?
On vit sur une génération avec de très bons joueurs mais pas des vainqueurs de majeurs. On a fait une finale avec Jo (Tsonga), des demies avec Gaël (Monfils), Richard (Gasquet) ou Lucas (Pouille). Moi, j’adorais jouer et battre les meilleurs du monde. Cela m’excitait. Pour d’autres, ce n’est pas le cas… Ils préfèrent rester dans leur zone de confort. L’effort pour aller chercher quelque chose, ils n’ont sans doute pas envie de le faire… J’ai été le seul à dire que les gars ne bossaient pas assez pour atteindre des demies ou des finales de Grand Chelem. Et je me suis fait allumer, j’en ai un peu l’habitude. Mais j’ai dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Est-ce qu’ils veulent marquer l’Histoire ? La question, c’est à eux qu’il faut la poser.

Mais, si on excepte Lucas Pouille, cette génération a 30 ans. Et la suite ?
Je pense qu’on va avoir une disette de 10 ou 15 ans, avec de bons joueurs mais pas du potentiel du niveau de la génération actuelle. C’est clair. Faute à la fédération qui a délaissé un peu le haut niveau. Qui n’a pas voulu voir ailleurs comment cela fonctionnait. Et aujourd’hui, on est très en retard.

Entretien avec Julien Carette

 

 

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