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[Handball] La résurrection des Red Boys


Gilles Thierry, ici face à l'Hapoël Rishon en coupe EHF, et les Red Boys ont franchi plus d'un obstacle. (Photo archives Julien Garroy)

Capitaine des Red Boys, Gilles Thierry revient sur le beau succès acquis contre Esch (36-32), véritable résurrection d’une équipe au bord de la rupture quelques semaines plus tôt.

Les Red Boys sont passés par diverses émotions ces dernières semaines. Pouvez-vous nous dire, en tant que capitaine, comment le groupe a vécu tout d’abord le renvoi de Goran Vukcevic ?

Gilles Thierry : Déjà, il faut parler de nos résultats. On perd les deux matches européens en Ligue des champions, on se dit : « O. K., ce sont deux bonnes équipes. » Ensuite, on perd les deux matches de Coupe EHF contre les Israéliens ( Hapoël Rishon Lezion). Et Damir (Rezic) se blesse, une absence qui s’ajoute à celle de Yann (Hoffmann) touché aux côtes. À ce moment-là, ça commençait à peser lourd. Puis, on s’en va perdre à Dudelange (30-27, 5e j.) – où on est quand même mené de huit buts – à Berchem (28-26, 6e j.) avant d’aller se faire éclater à Käerjeng (32-21, 7e j.). Forcément, l’ambiance n’était pas terrible à l’entraînement… On se cherchait des excuses, rejetant la faute sur l’un ou l’autre… Après, le club a réagi car il fallait une réaction, mais encore aujourd’hui, je ne suis pas d’accord avec cette décision dans le sens où Goran n’était pas le seul responsable.

Mais il en était l’entraîneur…

Voilà. Il était responsable de ce groupe et avait sa part de responsabilité, mais pas davantage que les joueurs. On avait tous notre part de responsabilité. Et c’est d’ailleurs le message qu’on nous a fait passer le jour de son renvoi.

C’est-à-dire ?

Nous, joueurs, nous étions convoqués à une réunion. Quelque part, je m’attendais à ce qu’on allait nous annoncer, mais avant même d’entrer dans la salle, Goran, lui, en ressortait et je me souviens encore de son visage. Je m’en souviendrai longtemps. Ensuite, le président a commencé son discours par cette phrase : « Grâce à vos bons résultats, j’ai dû prendre la décision de me séparer de mon ami Goran Vukcevic. » C’était aussi une manière de nous faire comprendre qu’on n’avait plus d’excuses…

Qu’était-il reproché à Vukcevic ?

En tant que joueur, je n’ai pas de jugements à porter sur le travail d’un entraîneur. Simplement, je dirai que Goran était trop gentil. Dans les moments difficiles, au lieu de nous taper dessus, il se mettait au même niveau que nous et nous disait : « Faut continuer à travailler, la prochaine fois ça ira mieux. » Il ne se mettait pas au-dessus de l’équipe. Goran est très sympathique, très calme et attend que chacun de ses joueurs ait une attitude la plus professionnelle possible. Mais chaque sportif, quel que soit son niveau, a parfois besoin d’un petit coup de fouet pour avancer…

Agron Shabani, qui était son adjoint, s’est vu confier les rênes de l’équipe. Qu’a-t-il apporté de plus ou de différent ?

« Gony » nous a tout de suite dit qu’il n’allait pas réinventer la roue et que le plus facile était de travailler sérieusement et de s’appliquer. Ensuite, il a apporté deux ou trois nouvelles idées, notamment en défense. Après, au-delà de l’aspect tactique, il a apporté un peu de feu et de la bonne humeur.

Pour son premier match à la tête de l’équipe, vous l’emportez facilement et logiquement à Diekirch…

Il était tendu et je le comprends car cette équipe des Red Boys est assez… vivante. Ce jour-là, on fait un match correct et on l’emporte. Même si le résultat est logique, cette victoire nous a fait du bien. Renouer avec le succès nous a fait du bien.

Une semaine plus tard, vous gagnez votre quart de finale de Coupe de Luxembourg contre Dudelange. Le match le plus important de cette fin d’année. Comment expliquez-vous ce changement ?

« Gony » a insisté sur le fait qu’il fallait arrêter de penser, que nous devions jouer, nous faire plaisir et éclater l’adversaire. C’est ce qu’on a fait, mais à un quart d’heure de la fin, on mène au score et, c’est mon sentiment, on a paniqué. On a été pris d’une peur de gagner et ça nous a mis du stress. Heureusement, on fait une fin de match fabuleuse passant de -2 à +1 en l’espace d’une minute trente!

Ce succès contre Dudelange a-t-il constitué un déclic ?

Pour être honnête, ça faisait six semaines que nous faisions de la m… et battre Dudelange, qui fait un bon parcours, nous a fait du bien au moral.

Suffisant pour croire en un succès contre Esch, impressionnant de maîtrise lors de ses dernières apparitions ?

Je crois toujours en mon équipe, mais je voyais quand même Esch, qui était sur une bonne dynamique, comme le favori… On savait qu’il fallait se battre comme des fous et, lorsqu’à 10-4 en notre faveur, j’ai vu leur entraîneur demander un temps mort, j’ai su que les Red Boys étaient de retour !

Ce jeudi soir, les Red Boys achèvent l’année 2016 par un déplacement à Schifflange. Que cela vous inspire-t-il ?

Ça me rappelle une phrase prononcée par Pascal Schuster, leur entraîneur, il y a quelques années de ça. À l’époque, il avait dit : « Respecter un adversaire, c’est lui donner son compte quand il mérite son compte ! » Et nous, on respecte chaque adversaire…

Entretien avec Charles Michel

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