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[Football] L’Angolais Castro régale au FCD03 : «J’ai fait un pari pour ma fille»


Erico Castro a déjà pris ses aises au Parc des sports d’Oberkorn. (photo Melanie Maps)

BGL LIGUE (12e JOURNÉE) Dans le jeu et surtout les stats, Erico Castro, Angolais de 30 ans, est lentement en train de faire oublier Andy Buch à Differdange.

Il a inscrit six buts et délivré quatre passes décisives en huit matches, cette saison. On appelle ça une acclimatation éclair qui lui vaut même d’être, à l’heure actuelle, le deuxième meilleur joueur du championnat derrière l’intouchable Rayan Philippe. Au moment d’entrer dans l’hiver, une perspective qui lui arrache des sourires inquiets, voire des rires crispés, l’Angolais né en banlieue de Lisbonne (et qui a fait l’essentiel de sa carrière en D3 lusitanienne) se penche sur son excellent début de saison avec le FCD03. Bien loin de sa dernière saison avec le Petro Luanda, en Angola, dans un stade de 48 000 places et avec un club qui atteint les demi-finales de la Champions League africaine.

Comment définiriez-vous votre début de saison ?

Erico Castro : Je suis satisfait au niveau des performances individuelles. J’ai pu mettre mes buts. Mais au niveau du collectif, on n’a pas encore atteint les objectifs. Ils sont plus élevés que là où on est à l’heure actuelle.

Les meilleures saisons de votre carrière se sont en général soldées par une douzaine de buts. Vous êtes largement sur les bases du meilleur exercice que vous ayez jamais joué, non ?

En fait, je me souviens surtout avoir disputé des saisons où je marquais moins, mais où l’on gagnait des choses. Et si je peux choisir, je préfère largement ça : marquer moins et prendre des titres (NDLR : la saison passée, il a inscrit un seul but en sept apparitions avec le Petro Luanda et son club a fait le doublé Coupe-championnat). En général, les années où j’ai beaucoup marqué, ce n’était pas le cas.

Mais… vous commencez à beaucoup marquer avec Differdange ! Faut-il en conclure que…

(Il rit) Non! J’espère que non!

À la base, vous étiez venu pour Pedro Resende ? Parce que faire 6 500 kilomètres pour rejoindre un coach remercié après deux mois…

Non. J’ai été contacté par la direction sportive du club et ensuite, seulement, j’ai parlé au coach. J’avoue, c’est compliqué de venir dans ces conditions. Je ne m’y attendais pas et lui non plus d’ailleurs.

La proximité linguistique avec lui avait conditionné votre acclimatation ?

(Il sourit) En fait, Pedro Resende s’adressait aux joueurs en français, mais avec un accent qui faisait que je comprenais ce qu’il disait. Disons que Stéphane Leoni, son français, je le comprends un peu moins (il rit)!

C’est plus simple sur le terrain avec une attaque quand même très lusophone, entre Simoes, Almeida et Bertino…

Et pourtant, certains se sont déjà adressés à moi en français sur le terrain. Disons que, parfois, comme certains lusophones sont nés ici, ça leur vient spontanément. Disons que la langue, c’est surtout bien pour discuter à l’extérieur.

À la pointe de l’attaque, vous faites lentement oublier Andy Buch, auteur de 16 buts la saison passée. Est-ce dur de passer derrière un garçon qui a pris autant de place ?

Oh, vous savez, les joueurs, dans les clubs, ils ne font que passer et chacun fait ce qu’il peut… Moi, je suis encore en train de m’adapter et je vais encore m’améliorer. Tout est très différent de ce que j’ai connu la saison passée en Angola. Le football africain, ce n’est pas le même que le foot européen : il est très, très physique, avec des mecs très costauds. L’exigence est intense. Et la plus grande différence, aussi, c’est le froid. Je me demande vraiment comment sera l’hiver ici, c’est une grande inconnue, mais le froid, je le sentirai moins quand ma famille sera arrivée. En attendant, je vais demander des trucs à mes coéquipiers, choper des astuces pour savoir comment jouer dans ce froid. Parce que, là, je le sens déjà bien (il sourit).

Les conditions de vie pour ma fille, c’était ça, le plus important

Quand doit-elle vous rejoindre, votre famille ?

En janvier. J’avais encore un contrat d’un an au Petro Luanda et j’y gagnais mieux ma vie qu’ici. Mais il y a une énorme différence de niveau de vie entre l’Angola et le Luxembourg et c’est la raison pour laquelle j’ai pris la décision de venir ici. Pour que ma petite fille, qui a 6 ans, puisse étudier dans un meilleur environnement. J’ai fait un pari pour le futur, pour elle. C’est ce que feraient tous les pères, non?

Cela vous manque-t-il, l’ambiance du football angolais ?

Il nous est arrivé de jouer dans des stades de trente, quarante ou cinquante mille personnes. Alors disons qu’ici, c’est plus calme. Là-bas, ce sont des passionnés. Et marquer dans un stade comme ça… Moi, cela m’est arrivé dans le derby contre 1o de Agosto. C’est comme un Benfica – Sporting en Angola. Quelle montée d’adrénaline! C’était un rêve d’enfant. Après, doucement, tu t’y habitues. Et au final, quand tu te retrouves à devoir prendre une décision, ce genre de choses n’entre pas dans la balance : les conditions de vie pour ma fille, c’était ça le plus important.

Avant l’Angola, vous aviez déjà connu un gros moment dans votre carrière, en 2016, avec le Real : un match de Coupe contre le Benfica Lisbonne…

J’avais déjà joué des matches amicaux à huis clos contre eux, mais là, c’était dans le stade du Restelo, celui de Belenenses, qui accueillait ce match. Pour nous, c’était un vrai cadeau. Mes amis et ma famille étaient là, mais ils savaient que ce serait dur. Et ça l’a été. J’ai bien essayé de marquer, mais c’était trop dur.

Vous n’avez donc pas failli marquer un but au Brésilien Ederson, aujourd’hui dans les buts de Manchester City, mais qui évoluait à l’époque pour le club lisboète ?

Disons que j’ai eu une demi-opportunité. Une frappe de l’extérieur de la surface et qui est passée loin. Pas dangereuse.

Vous avez fréquenté très brièvement la sélection angolaise (deux capes). Impensable d’y retourner en étant en BGL Ligue ?

Je crois que je suis un peu sorti des radars en venant ici. Bon, à notre époque, les informations circulent vite, mais c’était plus facile en jouant au Petro Luanda, dans l’un des meilleurs clubs du pays…

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